On assiste depuis quelques années à une vaste mobilisation sur le front du développement durable, mais il ne s'agit encore que d'une drôle de guerre.Officiellement, nous sommes bardés de stratégies, (nationales, européennes, voire mondiales, si l'on prend au sérieux les textes issus des conférences internationales), de lois, de politiques et de programmes affichant des objectifs vastes et ambitieux. Mais, dans les faits, presque rien ne change. Et cette schizophrénie gagne l'ensemble de la population, qui perçoit confusément l'urgence d'agir sans croire à l'efficacité des actions à sa portée.
Le dévelppement durable est devenu notre mantra, la formule magique qui nous évite de désespérer de nos contradictions. Elle nous projette dans un monde imaginaire où l'on n'aurait pas à choisir entre la sauvegarde de notre niche écologique et la poursuite d'une croissance prédatrice qui, jusqu'à plus ample informé, provoque son inexorable destruction.
Ce serait mal comprendre l’objet de ce livre que d’y voir un scénario de transition écologique. Il a plutôt pour objectif paradoxal de faire apparaître notre incapacité à concevoir un tel scénario au vu de ce que l’on peut connaître du fonctionnement des sociétés contemporaines. Mais ce diagnostic pessimiste est contrebalancé par la conviction que nous ne cessons jamais de nous réinventer, individuellement et collectivement, sous la pression des événements. Pourquoi, dès lors, vouloir scruter l’avenir ? Parce qu’il n’est jamais inutile de dessiner des figures d’un monde possible, de produire des éléments d’imaginaire collectif qui pourront être utilisés le moment venu pour inventer des réponses à des crises que nous n’aurons pas su éviter.
Or, la pensée de Girard est une déconstruction du sacré, voire même du divin, dont on voit mal comment le christianisme en tant que religion pourrait par principe être tenu à l’abri.