Pourtant, les conflits politiques sous la Révolution portèrent d'abord sur ce sujet. Lors de cette période, la distinction entre peuple et Parlement ne fut pas immédiatement établie par les acteurs, rendant l'organe tout à la fois sacré et dangereux. Le Parlement est-il l'image du peuple rassemblé, qui est tout, et donc peut tout ? Certains révolutionnaires le pensèrent. Au contraire, n'est-il qu'un rouage de l'administration ayant pour fonction l'amélioration des textes ? C'est là ce qu'en voulut faire Napoléon.
Quels que soient les résultats des élections des 30 juin et 7 juillet 2024, elles devraient ouvrir une nouvelle ère parlementaire.
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Elle (la nouvelle configuration) n'a toutefois pas la capacité de conjurer l'instabilité d'une absence de majorité. Si toute motion de censure peut passer et qu'aucune majorité ne peut se trouver, alors s'ouvre soit la perspective d'un gouvernement technique à l'italienne, charge d'expédier les affaires courantes, soit une crise de régime.
le pouvoir fondé sur la légitimité charismatique est instable ; il ne peut survivre à l'échec ni ne peut être transmis. Loin d'être un handicap pour l'exécutif, le Parlement est donc nécessaire en ce qu'il permet d'assumer collectivement la décision. Il est, également, par son ancrage fondamental dans l'histoire, un point de stabilité de la vie politique.
Faut-il désespérer du Parlement ? Non, car il ne faut pas renoncer à la démocratie.
La loi est donc la réalisation de la promesse d'un individu qui oppose sa rencontre avec le peuple aux délibérations des Chambres. "Démocratie exécutive", ce modèle est poussé à son paroxysme en France,
l'État est perçu comme un bouc émissaire d'autant plus que souvent, il est muet. Les élus reprennent ainsi le discours et les revendications régionalistes, pour mieux s'épargner une réponse aux demandes sociales. Or, la moitié des salariés bretons gagne moins de 10 euros de l'heure, ce qui classe la Bretagne au rang des six régions de France à la plus faible rémunération. Le point culminant de cette lâcheté est atteint lors de la crise dite des bonnets rouges. Locarn [institut créé par le patronat breton] trouve dans le mouvement une façon de rediriger contre Paris le malaise créé par les pratiques du patronat local. Cela pousse trois historiens de la Bretagne, Alain Croix, André Lespagnol, et Fañch Roudaut à réagir et à dénoncer l'opportunisme du patronat breton, qui n'a pas vu venir la crise de son modèle, et cherche à détourner une profonde et légitime colère sociale vers les autres, tous les autres, mais pas eux. Avec la connivence de quelques élus.