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Citations de Barbara Balzerani (28)


Si grande ma certitude que l'on peut tuer un homme de différentes façons et que, parmi celles ci, seules quelques unes sont considérées comme des crimes, par convention et selon les circonstances changeants de l'Histoire.
Si grande ma certitude que, sur le plan de l'intelligibilité des événements qui déterminent le présent, toutes les morts n'ont pas le même poids.
Moi, qui n'aurais plus réussi à trouver le sommeil si j'avais commis ce mal extrême par intérêt personnel ou par perfidie, j'étais en paix avec tout ce que je choisissais de faire et de me faire. Car il arrive parfois que l'on puisse surmonter l'horreur de la mort, mais pas celle d'une vie réduite à un présent misérable.
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Pendant ces cinquante jours, fût-ce avec des objectifs différents, Aldo Moro avait, lui aussi, combattu le mur de l'omerta érigé par ses amis et ses alliés.
Plus encore que la nôtre, une défaite aurait été la sienne. Et c'est ce qui est arrivé.
Mais quand nous avons du prendre la décision, il ne s'agissait pas pour tous d'un consentement qui allait de soi. Et moins encore un consentement impersonnel. Comme c'est souvent le cas en politique.
Impossible de ne pas questionner cette mort. Etions nous en train de tordre les lois de la nécessité jusqu'à prendre les traits du monstre que nous combattions?
Ce meurtre franchissait-il, pour nous aussi, la limite du tolérable?
Et dans ce cas, notre responsabilité politique et morale était-elle plus grande que celle des autres?
(...)
Aurions nous dû, à la fin, avoir pitié de l'homme?
Ou n'est-ce pas plutôt la pitié que nous éprouvions envers nous même qui devait être remise en question? Envers nos cauchemars et nos pénibles déchirements? Mais cette pitié ne devrait-elle pas être désignée pour ce qu'elle est, même quand le poids devient insoutenable et ne permet plus de rien distinguer?
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Début des années soixante-dix. Pour sa génération ce n'était pas un film. En y repensant maintenant, il n'est pas facile de comprendre où ils allaient puiser autant d'inconsciente fermeté au point de mettre leur vie en jeu.
Ce n'étaient que de petits groupes de jeunes camarades qui ne supportaient pas les tergiversations d'une gauche extraparlementaire mise au pied du mur, de petits groupes uniquement décidés à chercher de nouvelles voies pour continuer cette révolution qui avait rapidement consommé l'innocence des premiers enthousiasmes face au visage livide d'un pouvoir assassin, massacreur, et d'une gauche institutionnelle qui perfectionnait son syndrome d'encerclement paranoïde et renonciateur.
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Quelle odeur a le soir?
Pas l'odeur de félicité de la terre mouillée.
Pas l'odeur d'empressement du printemps sur le point d'arriver.
Pas celle de promesses d'amour dans un corps emprisonné.
Pas la bonne odeur du pain dans le cabas de la maison.
Il semble que je n'ai plus le souvenir de certaines choses. C'est comme si je n'avais plus de souvenirs- et la réalité m'assaille avec toute la violence de l'étrangeté absolue.
Jamais je ne me suis sentie aussi peu capable d'arriver à savoir où il me faudrait être pour me sentir vivante et à ma place. Mais pourquoi continué-je à croire que j'ai encore une place?
Être semble ne pas suffire.
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Et quand le père et le fils prirent enfin leur envol ensemble, elle pensa que deux petites ailes décidées à vivre peuvent parfois faire dévier le tracé d'un destin.
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Pour moi aussi arrivait le temps où je devrais mettre de côté affections, amitiés, vécu et perspectives d'avenir, ne conservant que la douceur de leurs souvenirs.
Mais plus que tout, le temps de devoir se mesurer avec la mort. Sa propre mort, celle des camarades et celle qu'il faut donner.
La dernière constituant le choix le plus difficile à élaborer.
(....)
Moi, qui n'aurais plus réussi à trouver le sommeil si j'avais commis ce mal extrême par intérêt personnel ou par perfidie, j'étais en paix avec tout ce que je choisissais de faire ou de me faire. Car il arrive parfois que l'on puisse surmonter l'horreur de la mort, mais pas celle d'une vie réduite à un présent misérable.
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Nous étions un groupe clandestin qui n'avait pas la permission de fermer quelque établissement, peut-être un journal, de rendre les clés au propriétaire pour attendre, à une autre adresse, des temps meilleurs. De cette guerre, qui n'avait presque jamais connu le terrain de la négociation politique, nous avions retiré la logique jusqu'au-boutiste du vaincre ou mourir. Et au milieu: rien. Un héritage si lourd nous obligeait à demeurer dans l'étroitesse d'une alternative trop sèche pour autoriser toute nuance porteuse de sens.
Personne ne sut en suggérer d'autres que celle de vendre sa peau, cher.
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Elle qui était arrivée à la politique par une révolte initiale contre le manque de liberté qui lui était accordé en tant que femme, ne parvenait pas à s'identifier au parcours de ce mouvement de femmes. Elle n'éprouvait pas la moindre gratitude à leur égard, se méfiant grandement de la voie qu'elles auraient pu lui indiquer. (..) Tout était déjà apparent dans les choix violents qui avaient creusé un abîme entre elle, la terroriste, et le reste du genre féminin.
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Je comprenais, fût-ce encore confusément, que nous ne pourrions échapper à des choix envers lesquels nous devrions nous conformer même s'il fallait nous faire violence à nous-mêmes et apprendre la dureté. .."Nous qui aurions voulu être gentils, cette gentillesse ne nous était pas accordée." N'avait-il pas dit à peu près cela, le camarade poète?
Non, ils ne nous autoriseraient aucune action politique si nous ne les obligions pas à le faire, et rien ne nous laissait entrevoir la possibilité d'une route qui ne soit pas celle d'un combat direct, sanglant, indifférent au sacrifice de nos jeunes années.
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L'excès était un luxe que seuls les riches pouvaient se permettre, impunissables car ils possédaient tout, justice comprise.
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La vraie question c’est de savoir quelles étaient les alternatives ne prévoyant pas la mort mais la voie d’accès à la légitimité d’existence, fût-elle conflictuelle et difficile. Et pourquoi personne ne les a trouvées, privant cette lutte sociale d’issues appréciables.
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On a beaucoup écrit sur ce mouvement et sur ses actes. Chaque parti politique en a revendiqué et certifié la paternité en édulcorant savamment ses caractéristiques, en s’appropriant ses mérites et en attribuant aux autres erreurs, horreurs et défaites. Sur lesquelles il serait encore utile de revenir aujourd’hui, au lieu d’invoquer un si inopérant avec lequel l’histoire n’arrive pas à se faire.
Et alors, ce n’est peut-être pas complètement inutile de tenter de l’affronter.
Pour comprendre.
Pour comprendre le pourquoi de l’anomalie tenace qui étouffe la culture politique de ce pays par l’obsession de la gouvernabilité à tout prix ; celle-là même qui empêche de régler les conflits et les problèmes sociaux, et les traite chaque fois comme s’il s’agissait de défendre par les armes le dernier avant-poste de la cohabitation sociale.
À de très rares et impuissantes exceptions près, aucun parti politique n’est parvenu à faire siennes les demandes de changement social ni à trouver des réponses à la hauteur de la nécessaire médiation politique.
Distinguo entre faits et dus : la même image de convive de pierre derrière la brigade envoyée contre les cortèges et les grèves ; derrière la myope arrogance des décisions divergentes entre partis et syndicats ; derrière le fossé qui sépare les Palais de la nouvelle politique et de la vie sociale ; derrière les paroles d’un Pape voulant peser sur le sort d’Aldo Moro, prisonnier des Brigades rouges.
La culture politique elle-même, qui exclut toute possibilité de diversification des solutions et oscille entre l’homologation et le pluralisme indifférent, est obsédée par l’idée de nier les potentialités et la puissance transformatrice des conflits.
Que se serait-il passé si… ? La question est-elle vraiment oiseuse ? Ou est-elle plutôt, et encore, un supplément de réflexion nécessaire pour éviter la mort du non-sens, du remaniement politique de l’histoire pour des intérêts trop contingents ?
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Jamais je ne me suis sentie aussi peu capable d'arriver à savoir où il me faudrait être pour me sentir vivante et à ma place. Mais pourquoi continué-je à croire que j'ai encore une place ?
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I have a dream..;Comment vivre sans?
Faire la révolution pour changer le monde ne m'a pas rendue heureuse.Pendant: à cause de la cruauté que la vivre impliquait .Après: à cause de la difficulté à l'élaborer de nouveau. J'ai dû me tromper de rêve alors je tente de fureter dans ceux des autres. Où sont ceux des vaincus? Il devrait y en avoir beaucoup,mais je n'en vois aucun.J'essaye d'appeler , mais ma voix n'est pas audible,et je ne comprends pas celle d'autrui.
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Vivre dans un temps suspendu. Aller de l'avant sans se soucier qu'il s' écoule, avec la folle certitude de tout retrouver un jour et de savoir que, finalement, tout a continué sans toi...
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En réalité, il y avait toujours quelque chose à manger, un savant recyclage le garantissait à chaque changement de saison.
Mais elle ne trouvait pas son compte si elle attendait un peu d’elle-même en retour, dans un monde où les relations étaient tellement figées que rien ne pouvait ni ne devait changer.
Tout ce qu’il fallait savoir, gravé dans un code simpliste qui requérait l’anéantissement de toute aspiration. Apprendre à ne rien attendre, à ne rien pouvoir changer, à ne pas exister et, toujours, à se montrer sous son jour le plus factice. Et de tout cela, retirer la satisfaction de savoir bien jouer son propre rôle et en exiger de la reconnaissance.
Le bonheur ? Non, ça vraiment non ! Une invention des puissants pour vous mener en bateau. Et même, une aspiration d’une moralité douteuse.
Et surtout, ne jamais oublier que, depuis la chute du premier ange, tous ceux qui avaient tenté de se rebeller ne s’étaient attiré que des ennuis, à eux et à leurs semblables, comme ces malheureux qu’ont avait licenciés dans les années cinquante, ruinant ainsi des familles entières…
Cela à travers la vision déformante d’un monde immuable, inchangeable, se conformant aux impératifs de l’injustice et de la non-liberté, sans même la possibilité d’être réconforté par la perspective du Royaume des cieux pour les derniers. Mais non ! Tout cela était tout à fait terrestre et vérifiable chaque jour. L’infranchissable sillon qui séparait les destins de ceux pour qui tout était possible de ceux pour qui rien ne l’était, portait les marques visibles de différences sociales matérialisées jusqu’à la vulgarité et à l’insulte de l’ostentation, vraiment les marques de la misère d’une sous-culture de province et de l’arrogance d’une classe patronale qui semblait sortir des pages de Dickens.
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... Quand la mer grossissait, on ouvrait les deux portes et l'eau entrait, elle faisait le tour de la pièce puis ressortait sur le côté, par le toboggan de la barque, et retournait chez elle.
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Au sein de la communauté de familles entassées dans des pièces dépouillées qui considéraient encore leurs enfants de sexe féminin comme un poids dont il fallait se débarrasser sans tarder, j'ai entendu ma mère dire:... Ne vous pressez pas de vous marier, trouvez-vous d'abord un travail, comme ça vous ne serez les servantes de personne.
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Chez elle il n'y avait pas de livres et personne ne s'y intéressait. Tout au plus, les adultes remplissaient une demi-page et signaient un papier quand il le fallait. Et tous n'en étaient pas capables. Pour elle, ce serait différent.
Elle allait chaque matin à l'école avec cette certitude.
Et elle y allait avec joie.
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Elle appartenait à une lignée de femmes de fer. De celles qui étaient déjà aux champs le lendemain de leur accouchement, leur dernier né au sein. De celles qui faisaient des enfants les uns après les autres et en enterraient un bon nombre, comme s'ils étaient eux-mêmes le produit de récoltes, parfois bonnes, parfois pas. De celles qui restaient sur les terres quand les hommes émigraient en Amérique ou partaient au front.
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