Dans un futur genre cyberpunk, des écolières jouent à la marelle holographique parmi les canettes rouillées. Je connais une lycéenne en mini-jupe, armée d’une batte électronique. Depuis que trois branleurs l’ont léchée dans le métro, depuis que sa musique ne la touche plus, elle se surprend à hurler dans sa tête. La grande cité brille en hauteur là où ses parents ne sortent jamais, la jeune fille préfère le poids des profondeurs, s’enfonce dans les parkings souterrains, pour danser en silence, pour briller dans les yeux des poètes qui boivent. Pas d’horizon ici-bas, ce labyrinthe de néons bleus l’apaise avec ses boutiques minables récupérant les miettes des gigamarchés, et ses troquets enfumés, ses musiciens roublards, ses chiens et ses rats. Plus de jour, plus de nuit, et bientôt plus de lycée. Aucune idée d’avenir. Son portable vibre. Sa publication du matin en est à 1K de likes !
Nous squattons un banc face à la rivière. Samira pique du nez sur l’épaule de Lili qui se frotte les yeux, Noah cherche ses vannes et la fatigue me gagne moi aussi. Mais j’aimerais que cette soirée dure encore. Que la fête continue, même sans musique. Que nous restions ici, à planer à la surface de l’eau jusqu’au lever du soleil. À délirer en silence.
À rêver ensemble.