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Citations de Araminta Hall (48)


« Je ne comprends pas, lui avait répondu Christian quand elle lui avait annoncé sa décision, en sanglots. Où est le problème ? Si ce poste te plaît, accepte-le. On se fera davantage aider, ce n’est pas grave.
— Ce n’est pas grave ? avait-elle répété, les larmes ruisselant sur ses joues malgré elle. Tu crois que pour nos enfants, ce n’est pas grave ?
— Comment ça ? Qu’est-ce que les enfants viennent faire dans cette histoire ?
— Il va de soi que si je refuse ce poste, ce n’est pas pour moi.
— Oh ! c’est pas vrai, avait-il soupiré. Tu ne vas pas recommencer à jouer les victimes… Quel est le rapport entre ce poste et les enfants ? »
Cette question avait si violemment agacé Ruth qu’elle avait été saisie d’une brutale envie de poignarder son mari.
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La semaine précédente, Ruth avait consulté les sms de Christian, ce qui ne lui était pas arrivé depuis plus d’un an. Plus grave, elle avait presque envie de découvrir quelque chose. Ce serait tout de même plus excitant que de lancer une énième lessive de chaussettes ou de préparer à dîner avec ce qui se trouvait dans le réfrigérateur. Et puis, n’était-elle pas trop vieille pour occuper les fonctions de rédactrice en chef adjointe ? Elle n’aurait jamais dû refuser le poste de rédac’-chef que Harvey lui avait proposé l’année précédente.
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De l’entrée, Ruth aperçut la jeune fille assise par terre avec Betty. Elle paraissait si juvénile qu’elles auraient pu être camarades de jeux. Dans le métro, Ruth avait eu une crise d’angoisse. Retourner au bureau après deux semaines passées à s’occuper des enfants l’avait ébranlée. Ses doutes avaient resurgi. L’ultime épreuve de force avec leur dernière nounou était encore profondément inscrite dans sa mémoire. En larmes, valises en mains, la jeune femme s’était tenue sur le seuil de la maison résolue à s’en aller car elle ne s’imaginait pas passer une nuit supplémentaire à supporter les hurlements de Betty. « Il faut que je dorme », avait-elle expliqué, oubliant apparemment que ce n’était pas elle mais Ruth qui se levait toutes les heures, nuit après nuit, dans une interminable fuite en avant.
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La liste interminable de ces corvées la retenait en esprit à la maison lorsqu’elle partait au bureau. Mais ce soir, l’état de désordre de la maison confinait au sordide. Christian l’avait-il fait exprès pour la punir ? Parce qu’elle l’avait empêché de se rendre à son imbécile de travail à responsabilités ? Là où, du lundi au vendredi, il faisait semblant d’être indispensable. Petite participation aux tâches ménagères, avait-elle écrit dans l’annonce. Qu’y inclure ? Elle se décida pour les lessives, afin de se donner au moins l’impression de garder le cap aux yeux du monde. Et les courses. Il fallait bien qu’ils mangent, après tout.
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Apparemment, la jeune fille était arrivée, et l’état de la maison avait encore empiré. Ruth s’était habituée à quitter son domicile le matin en fermant les yeux pour ne pas voir les draps entortillés sur les lits, l’explosion de vêtements dans le panier à linge, les piles de vaisselle sale débordant de l’évier, les empreintes de petites mains sur les vitres, les moutons de poussière chaque jour plus nombreux sur le tapis de l’escalier, les DVD éparpillés autour du lecteur, les sacs de recyclage accumulés près de la poubelle, les étiquettes à coudre sur l’uniforme de Betty.
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Ruth savait depuis le départ qu’elle ne pourrait pas quitter le bureau avant dix-huit heures mais se sentait tout de même prise en faute. Christian ne comprendrait pas qu’elle ait programmé l’entretien à dix-neuf heures. Et il y avait cette pluie, en plus, qui avait poussé les gens à emprunter un métro si bondé qu’on suffoquait dès les tourniquets. C’était perturbant, cette façon dont la pluie s’était abattue sur la ville après que les nuages avaient assombri si brusquement et si furieusement l’atmosphère, sans crier gare. Dans le temps, c’était différent, songea-t-elle, en réfléchissant à ce qu’elle dirait un jour à ses enfants de ce monde dans lequel ils grandissaient.
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Pour être honnête, ce n’était sans doute pas vrai. Même si cela restait encore confus dans son esprit et s’il peinait à avoir une vision claire sur une situation qui lui nouait toujours le ventre, il aurait eu du mal à dénouer ses sentiments. Deux femmes enceintes au même moment mais un seul enfant à la clé… Un étrange petit garçon qui, à presque trois ans, ne mangeait toujours aucun aliment solide, parlait à peine et vous suivait des yeux comme les regards sur certains tableaux. Hal aurait-il absorbé la douleur de sa mère dans l’utérus, comme certains bébés naissent accro à l’héroïne ? Une clé tourna dans la serrure et Christian sortit de sa rêverie.
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De toute façon, rien ne l’aurait retenu. Tromper Ruth avait été si facile que ç’avait failli gâcher son plaisir. Christian avait toujours eu des horaires de travail imprévisibles et son métier à la télévision l’obligeait souvent à s’absenter, si bien que découcher faisait partie de l’ordinaire. Cela dit, il s’était surtout senti dans son bon droit. Ruth n’avait cessé de l’étouffer, se répétait-il, elle avait nié sa vraie personnalité ; en fait, il n’avait jamais voulu s’engager, il préférait s’amuser et n’avoir aucune responsabilité. Finalement, quelqu’un comme Sarah lui convenait beaucoup mieux.
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Un banc lui avait également souvent fait penser à son épouse au cours de cette période. Il y retrouvait parfois Sarah. Toutes les liaisons n’ont-elles pas besoin d’un banc dans un parc ? Une inscription ornait celui-ci, sur laquelle on pouvait lire : Pour Maude qui aimait ce parc autant que je l’aimais, elle. Christian avait imaginé un vieillard gravant les lettres au couteau, le visage inondé de larmes tandis qu’une vie de souvenirs heureux se succédaient dans sa mémoire. Une illusion, bien évidemment, puisque de nos jours plus personne n’a de souvenirs heureux. L’inscription avait dû être gravée à la machine par des employés municipaux.
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À l’époque où il voyait Sarah, ils se retrouvaient toujours chez elle, pour des raisons évidentes, mais là-bas c’était pire. Allongé sur le grand lit grinçant, il se trouvait vieux au milieu des affiches de chanteurs qu’il ne connaissait même pas punaisées sur des murs aux couleurs ternes. Il s’était même surpris à regretter – quelle perversité ! – les tons délicats et l’élégante beauté de son propre domicile. C’était d’autant plus retors qu’il avait sincèrement haï Ruth quand elle avait fondu en larmes à cause du retard que prenaient les travaux ou lorsqu’elle s’était montrée plus excitée par la couleur d’un carrelage que par ses caresses.
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La maison, d’après lui, rétrécissait lorsqu’ils recevaient des visiteurs car il la voyait avec leur regard. Deux petites pièces coincées l’une contre l’autre à l’avant et une cuisine agrandie sans la moindre imagination. Des chambres surchargées et une minuscule mansarde sous le toit. Il se sentait alors comme un obèse qui aurait trop mangé, souffrirait d’une crise de goutte et aurait du mal à se déplacer.
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La jeune fille refusa le thé que Christian lui proposa mais accepta de suivre Betty dans la partie du salon envahie par les jouets en plastique tandis qu’il faisait semblant de s’activer dans la cuisine et déplaçait diverses piles de vaisselle que Ruth rangerait plus tard dans les placards.
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Pour couronner le tout, après avoir passé la journée à s’occuper de ses enfants, il se sentait le dos au mur, trop épuisé pour dire quoi que ce soit. Que fichait Ruth, bon sang ?
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Christian ne supportait pas les nounous de ses enfants. Qu’est-ce que celle-ci pouvait bien penser de lui ? Il aurait aimé se justifier, lui expliquer que, en règle générale, il ne se trouvait pas à la maison à cette heure-ci. C’était le cas aujourd’hui parce qu’il s’était violemment disputé avec Ruth le week-end précédent. Quelque chose à propos des enfants et de sa propre responsabilité, et du fait que si Ruth prenait une journée de congé supplémentaire elle risquait de perdre son emploi. Tout ça pour en arriver à la conclusion habituelle : en substance, elle se sacrifiait pour tout le monde et lui n’était qu’un égoïste.
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Que c’est original ! songea Agatha. Ses filles à elle aimeraient le bleu.
« Eh bien, tu as de la chance parce que j’ai une boîte de Smarties dans mon sac et je déteste les roses. Si tu veux, tu manges un peu de brocoli et je te donne tous mes Smarties roses. »
La fillette resta interloquée. « C’est vrai ? »
Agatha se tourna vers Christian qui, fort heureusement, souriait.
« Eh bien, oui. Si ton papa est d’accord. »
Il éclata de rire.
« Pas de problème ! Quelques Smarties n’ont jamais fait de mal à personne ! »
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Comme l’enfant, Agatha attendit une réponse qui ne vint pas. Elle détestait cette façon qu’ont les adultes de considérer le silence comme une réponse suffisante. Observant celui qui, elle l’espérait, allait l’embaucher, elle remarqua un voile de transpiration sur son visage, ce qui lui donna le culot d’intervenir.
« Quelle est ta couleur préférée ? »
La fillette cessa de vagir pour la fixer. Cette question était trop intéressante pour ne pas y répondre.
« Le rose. »
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« Pardonnez-moi. Ne restez pas dehors, reprit-il en reculant pour la laisser passer. Entrez. »
La cuisine semblait avoir été prise d’assaut par une armée de mutinés qui se seraient déchaînés sur les placards avant d’en déverser le contenu aux quatre coins de la pièce.
« Papa, pleurnicha la fillette, c’est pas juste. Pourquoi je dois manger des brocolis alors que Hal a le droit de manger qu’avec le biberon ? »
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« Désolé, lui dit celui qu’elle identifia comme Christian Donaldson. C’est un peu le chaos mais rien de dramatique pour l’instant.
— Ne vous inquiétez pas. »
D’expérience, Agatha savait que, consciemment ou non, les gens comme lui aimaient avoir l’air dépassé.
Il lui tendit sa main libre.
« Vous devez être Annie…
— Agatha… » Cette erreur énerva prodigieusement la nouvelle veuve, mais elle fit de son mieux pour le cacher. « Mais tout le monde m’appelle Aggie.
— Désolé. Excusez-moi. Je pensais que ma femme m’avait dit… Elle n’est pas encore rentrée. »
Sa gêne rassura la jeune fille. Toutes les mêmes, ces familles !
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L’homme qui lui ouvrit paraissait exaspéré, comme s’il avait vécu une journée atroce. Derrière lui, une fillette pleurait et il tenait dans ses bras un petit garçon apparemment trop âgé pour téter le biberon vissé à sa bouche. Une chaleur écœurante s’échappait de cette maison et dans l’entrée traînaient un fouillis de manteaux, diverses paires de chaussures et même… un vélo !
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Pendant qu’elle attendait, Agatha se concentra, s’entraîna à sourire et se rappela de ne pas agiter les mains, de réduire ses mouvements au minimum. Ce n’était pas qu’elle ne maîtrisait pas son personnage ni que tout reposait sur un mensonge. Non. Simplement, elle allait jouer un rôle de composition.
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