Citations de Antoon Krings (97)
Bouton d'or ferme les yeux, les ouvre, puis les referme enfin. Un sourire attendri, un dernier baiser, et la nounou au bon goût de miel se retire sur la pointe des ailes.
Contrairement aux abeilles qui travaillent avec méthode et discipline, Simon ne fait jamais de récolte, jamais de miel. C'est un insouciant, un frivole, incapable de compter ou de faire des réserves. Le genre bourdon bohème qui papillonne sans penser au lendemain.
Coiffée de la précieuse couronne, la guêpe prit la pose, souveraine.
–Et si on jouait, Marguerite ?
–Oh, quelle merveilleuse idée, ma cousine ! Je vais chercher mes poupées.
–Non, ce n'est pas la peine, s'empressa de dire Huguette.
–Ah bon ? De quel jeu s'agit-il alors ?
–Écoute, c'est simple : moi je fais la reine et toi ma servante.
–Bien, Votre Majesté, répondit Marguerite en riant. À votre service, Votre Majesté !
Or, à propos de porte verrouillée, il lui arriva un jour une histoire sans queue ni tête. Et d'ailleurs, sans queue plutôt que sans tête…
Mais au fait, quel est donc ce mystérieux rongeur masqué ? C'est l'un des habitants les plus discrets du jardin, les plus habiles aussi. Petit cousin du loir, il dort le jour et ne sort qu'à la tombée de la nuit pour se nourrir. Et il ne se prive pas, le gourmand !
–C'est vrai, j'ai pris des couleurs, mais tu sais, au début, j'étais un bonhomme comme tous les autres.
–Alors, que s'est-il passé ? demande Bob.
–C'est simple, après l'hiver, le temps s'est radouci. Il faisait si beau que je me suis mis à manger des glaces. Plus il faisait chaud, plus j’en mangeais, et plus j’en mangeais, plus je m‘arrondissais et plus je prenais des couleurs ! C'est pourquoi je dis toujours : pour rester en bonne santé, hiver comme été, mangez des glaces, en sorbet ou au lait, en cornet ou en bâtonnet, mangez des glaces !
Il était une fois, et ron et ron, deux petits patapons un peu fripons, un peu polissons, qui s'appelaient Marion et Simon.
Oscar habitait un endroit comme lui, triste et sombre, qu'il ne quittait que très rarement pour aller manger. Un matin, dans une poubelle, il rencontra Patouch la mouche.
- Alors, mon vieux, faut pas faire cette tête quand les poubelles sont pleines !
- De toute façon, qu'elles soient vides ou pleines, cela ne fera pas de moi un cafard qui saute de joie en criant : " Elles sont pleines ! " dit Oscar d'une voix sinistre. Puis il grommela :
- A-t-on déjà entendu une poubelle vous dire seulement : " Bon appétit, Monsieur Oscar. Vous reprendrez bien un peu de détritus, Monsieur Oscar. " ? Non, qu'elles soient vides ou pleines, les poubelles restent toujours muettes et ça me rend triste à pleurer.
Léon, qui n'aimait pas partager, s'enferma chez lui en veillant jalousement sur son précieux trésor. Mais il trouvait le temps long et pour qu'il paraisse moins long, il mangea, mangea beaucoup trop de pollen. Léon grossissait à vue d'œil.
Lorsqu'il voulut sortir pour prendre l'air, quelque chose ne passa pas par la porte et ce quelque chose était son propre postérieur.
[…] et puis… la ruche n'est pas un sucrier que l'on peut piller impunément !
Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille. Il est gros, il tombe à l’eau, c’est la fête du crapaud !
Parfois même, un gros escargot, un peu vagabond, en profitait pour venir poser sa coquille et se mêler aux convives. Quand il s’installait, il n’était jamais pressé de repartir. Cet intarissable baveur pouvait vous dire avec le plus grand sérieux que les elfes dansaient la polka merveilleusement, ou que les petits garçons naissaient dans les choux la tête à l’envers. Mais toutes ces salades exaspéraient notre limace et elle le renvoyait vertement à ses laitues.
Seule la petite dernière, qui s’appelle Violette, ne trouve pas sa fleur, pour la bonne et simple raison qu’il n’y a pas la moindre violette dans le jardin. Mais cela l’abeille l’ignore encore.
–Voyons, où peut-elle se cacher ? dit-elle à ses amis.
–Elle n’est pas dans les roses, répond Rose.
–Ni dans les camélias, ajoute Camélia.
–Décidément, soupire Violette, ma fleur doit être très discrète pour que je ne puisse pas la retrouver facilement.
Mireille faisait de délicieux pots de miel très parfumés et aussi des bonbons dorés qu'elle enveloppait dans des papiers colorés. Mais voilà qu'un beau jour, en rentrant du travail, elle retrouva sa maison tout en désordre et, oh malheur, les trois quarts de ses pots vides ! Des bonbons dorés, il ne restait plus que les papiers colorés. Elle remit un peu d'ordre et, furieuse, fit le tour du jardin pour interroger ses voisins. Léon le bourdon bourdonna qu'il n'avait rien entendu. Siméon le papillon, qui papillonnait, n'avait rien vu, et ne parlons pas des fourmis bien trop occupées à vider un sucrier.
Louis poursuit sa ronde de nuit. Sans trêve, sans bruit, il va, il vient, s'assure que tout va bien, que rien ne trouble le sommeil des fleurs, si doucement recourbées sur elles-mêmes. Il s'attarde un instant devant une rose. Ses pétales sont aussi veloutés que le velours de ses ailes.
- Est-il vrai, lui dit-il, comme le prétend Siméon, qu'un papillon ne peut vivre sans l'amour d'une fleur ?
Louis sait très bien que la rose ne lui répondra pas. Mais il peut bien rêver tout de même !
- Dis-moi, ce doit être merveilleux d'avoir auprès de soi une petite fleur que l'on aime et qui vous aime.
- Allons, Benjamin, voyons ! s'exclama Barnabé le scarabée qui, en bon voisin, était venu voir ce qu'il se passait. Ne sois pas si sévère avec ces petites. Après tout, ce ne sont que des enfants, et les enfants sont par nature remuants et bruyants, surtout si l'on ne s'occupe pas d'eux.
- Oh toi le croûteux, occupe-toi de tes croûtes ! rétorqua le lutin juste avant de se raviser : par contre je vais te faire une proposition qui, je l'espère, cher artiste, te donnera raison et qui, moi, me soulagera.
Il prit les jumelles par la main et s'approcha du scarabée avec un sourire malicieux.
- Mon très cher Barnabé, j'aimerais que tu emmènes ces adorables petites punaises avec toi et que tu leur fasse faire un peu de barbouillage.
Un jour, quelqu'un arriva à grands bonds près de la maison d'Ursule : Monsieur Renato Rainette. Seulement Monsieur Renato ne faisait pas que des bonds. Il savait même très bien chanter. C'est d'ailleurs ce qu'il fit en coassant bruyamment toutes les nuits parce qu'il était amoureux et qu'il voulait le faire savoir. La première à le savoir fut Ursule. Elle ne pouvait plus dormir. " Il me coasse les oreilles, celui-là. Qu'il aille faire son boucan ailleurs ", s'écria-t-elle.
Des ouvrières, Marie était la plus petite. Chaque jour, elle courait avec ses sœurs de tous les côtés à la recherche d'un peu de nourriture, mais tout ce qu'elle trouvait était trop lourd à porter, ou bien trop gros à traîner pour sa petite taille. Si bien que ses sœurs se moquaient d'elle en lui faisant un tas de misères. Et quand elle rentrait le soir au château, le dos courbé sous son maigre fardeau, elle était bien souvent la dernière.
La reine des fourmis, qui n'avait pas bon caractère, se mit en colère en apprenant que le plus petit de ses sujets n'accomplissait pas sa tâche.
" Nous avons beaucoup de bouches à nourrir, et chacune de nous doit apporter quelque chose au garde-manger ! " s'écria-t-elle furieuse et, sur-le-champ, elle fit renvoyer Marie.
- Le grillon ! s'écria-t-elle, c'est lui !
Et c'était bien vrai ! Il était là, le grillon, vêtu de morceaux rapiécés et tirant à lui tout seul une vieille guimbarde à musique dont il remontait la clé régulièrement.
- Odilon, grillon des champs et des foyers, musicien de mon métier, dit-il en faisant une vague révérence. Puis, tendant son chapeau crasseux, il ajouta :
- À vot' bon cœur, mam'zelle, voulez-vous toutes mes ritournelles ?
- Toutes ! s'empressa de lui dire la cigale.
- Tu tombes à pic ! s'écria le bourdon. C'est justement toi que je cherchais pour porter une lettre à la Reine des abeilles et une autre à Mireille. Allez, saute, saute, sauterelle, et ne traîne pas en route.
Adèle fut tellement transportée à l'idée d'être utile qu'elle sauta de joie avant de disparaître dans les herbes. Mais à peine avait-elle parcouru la moitié du chemin qu'elle voulut savoir ce que Léon avait écrit.
À l'abri des regards, elle ouvrit délicatement les lettres et les lut en vitesse mais de peur d'être surprise, les remit en toute hâte chacune dans leur enveloppe.