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Citations de Antoine Wauters (544)


Voilà ce qu’est vieillir.
N’avoir plus d’endroit où cacher sa douleur.
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Ton cœur est un buisson de lumière chaque fois que
Tu lis les poètes russes que tu aimes tant.[…]
Quand on a perdu un enfant, ou plusieurs enfants,
Ou un frère, ou n’importe qui comptant follement
Pour nous, alors on ne peut plus avoir un buisson
De lumière dans le cœur. On ne peut plus avoir
Qu’un ridicule morceau de joie. Un fétu minuscule.
Et on se sent comme moi depuis tout ce temps :
Séparé.
Détruit.
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Tout le pays fut pris de secousses.
Comme une toile d’araignée qui, touchée ici,
Tremble partout à la fois.
Les gens se sont mis à fuir, offrant leurs lits et
Leurs maisons aux tirs de mortiers.
Et notre Syrie,
Nos arbres, Mahmoud,
Les lieux où nous nous sommes aimés,
Notre terre,
Tout a sombré.
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Ton coeur est un buisson de lumière chaque fois que
tu lis les poètes russes.
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Nos enfants ont grandi, vite, comme nous et
notre amour. Mais ils n’ont pas détruit notre couple.
Ils l’ont soudé.
Un couple qui s’aime et où chacun, bien que portant les
stigmates d’une vie, veillait à ne pas renoncer. Il avait
plu sur nous. Le vent avait soufflé. Nous chancelions.
Mais nous brillions toujours. L’un pour l’autre, nous
étions la flamme d’une bougie.
(page 113)
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A cet endroit de la descente, je pense à toi dans notre lit, immobile sans doute, ou sous le prunier, en train de lire les poètes russes que tu aimes tellement.
Maïakovski.
Akhmatova.
Ton cœur est un buisson de lumière chaque fois que tu lis les poètes russes.
Et moi je n’arrive plus à te dire que je t’aime.
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Vieillir, c'est devenir l'enfant que plus personne ne voit.
L'enfant dont on dit qu'il a les cheveux gris.
Dont on attend des choses, promesses, gloires et accomplissements, alors que tout ce qu'il souhaite, c'est rester à jouer avec son bâton en regardant tomber la pluie, les mains couvertes de boue.
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Armand

On t'apportera nos gestes tendres, notre patience, nos mots et nos sourires gênés- sourire à quelqu'un qui ne veut plus vivre-,nos sourires et nos mots, qui stagnent en nous avant de quitter nos bouches, un peu penauds et maladroits- parler à quelqu'un qui refuse de parler.Et des fleurs même aussi parfois on t'apportera, Armand, mais tu n'en voudras pas de nos fleurs.Mais tu voudras " seulement rester les paumes offertes et être complètement vide "

( p.66)
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Au début, les premières secondes, je touche toujours mon cœur pour vérifier qu’il bat.
Car j’ai le sentiment de mourir.
J’ajuste mon masque, me tenant à la proue.
Je fais des battements de jambes.
Le vent souffle fort.
Il parle.
Je l’écoute parler.
Au loin, les champs de pastèques,
le toit de la vieille école et des fleurs de safran.
L’eau est froide malgré le soleil,
et le courant chaque jour plus fort.
Bientôt, tout cela disparaîtra.
Crois-tu que les caméras du monde entier se déplaceront pour en rendre compte ?
Crois-tu que ce sera suffisamment télégénique pour eux, Sarah ?
Qu’importe.
Agrippé à la proue, je vois mon cabanon, une vache qui paît en dessous des arbres, le ciel immense.
Tout est loin.
De plus en plus loin.
J’enfile mon tuba. Je fixe ma lampe frontale afin qu’elle ne bouge pas.
Et je palme lentement pour maintenir mon corps d’aplomb.
Je prends ensuite une grande, profonde respiration, et tout ce que je connais mais que je fuis, tout ce que je ne supporte plus mais qui subsiste, tout ce qui nous tombe dessus sans qu’on l’ait jamais demandé, je le quitte.
Une sensation exquise.
La meilleure.
Bientôt, je coule, je disparais mais je n’ai plus peur car mon cœur s’est habitué.
L’eau me porte, pleine de déchets. Je les ignore.
Des algues mortes.
Je les ignore.
Je ne veux rien voir de la nuit.
Tout est jaune et vert trouble à ces grandes profondeurs. L’eau de plus en plus froide.
Pure.
Si j’éteignais ma lampe, il ferait noir,
et en dehors des bulles d’air que je relâche parcimonieusement et du plancton tout contre moi, il n’y aurait rien.
Je palme encore.
À cet endroit de la descente, je pense à toi dans notre lit, immobile sans doute, ou sous le prunier,
en train de lire les poètes russes que tu aimes tellement.
Maïakovski.
Akhmatova.
Ton cœur est un buisson de lumière chaque fois que tu lis les poètes russes.
Et moi je n’arrive plus à te dire que je t’aime. Nous avons connu Beyrouth et Damas, Paris où mes poèmes nous ont menés l’été 87.
Nous avons joui l’un de l’autre de nombreuses fois, vécu ensemble sans le moindre tarissement, connu la peur, la faim, l’isolement, et à l’instant où je te parle, je suis brisé, Sarah, séparé de ma propre vie.
Je n’y arrive plus, voilà.

(Incipit)
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 Mais qu’est-ce que le vouloir d’un père contre la soif de liberté d’un enfant ? Alors, je lui ai dit d’être prudente.
Et que je l’aimais.
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Les mots ne sont pas les bras armés du silence,
et je n'ai plus envie de me battre.
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Peu respirer.
Peu dire.
Peu penser.
Je regarde la vie contenue dans un seul brin d'herbe,
l'architecture d'une fleur dont j'ignore le nom,
la perfection de ses pétales, un scarabée courant
se réfugier dans l'espace clos
d'une pomme de pin
Je converse avec le pin qui abrite une née d'oiseaux.
Et avec les balles qui sifflent et envoient leur plumage au ciel
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Papa, lui, fait du rangement. Il installe les livres de
Poésie sur le seuil, au soleil. Je n’aime pas la poésie
mais, quand il la lit, la maison chante. Tout se met à
Danser.
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Mon amour, ça y est.
L'heure est venue.
Bientôt, je rentrerai.
Je m'allongerai sous le prunier.
Tout sera calme.
Les eaux continueront de monter, mais tout sera calme.
L'espace, les vallées, les plaines et les montagnes,
nos villes et nos campagnes, plus rien ne sera un lieu pour la douleur, pour le mal et pour l'effarement.
Tout sera apaisé.
Une sensation physique.
L'absence de peur.
Tu as vu ?
Le chien que j'ai soigné est parti,
emportant avec lui quelques bouloches
et flanquant par terre mes bonnes vieilles piles
de pierres.
Même lui m'a quitté, tu vois.
Je suis seul.
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Un miracle, la liberté n'ayant rien d'un sport national chez nous.
Ailleurs elle est sur toutes les bouches.
Chez nous elle coud les lèvres de ceux qui parlent.
Car telle fut la devise de nos dirigeants :
nous changer en moutons doublés de pauvres ignares, afin de nous manipuler à leur guise.
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Là-bas, un ami détenu disait que la poésie lui servait à emprisonner la prison.
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Où passe le temps, Sarah ?
Où se range-t-il ?
Qu’en fait-on ?
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Charles

De L'histoire d'un jeune homme musclé, mèche au vent, faisant de la moto sur des routes de campagne à la lisière de trois pays; de l'histoire d'un facteur de quarante ans prenant le train pour la mer du Nord, l'été, ou l'avion, quand les finances sont bonnes, pour Palma de Majorque ou Benudorm; de l'histoire d'un retraité cultivant un lopin de terre précis, dans un endroit précis, délimité par des cordeaux, des taillis et du repousse-limaces, ton histoire peu à peu deviendra celle d'une station assise, d'une surveillance et d'un jeu de sangles qui, en chaque point de ton corps pourtant loin de se dire vaincu, va définitivement se refermer.

( p.34)
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"Le secours ne pourra venir que de l'écriture ", dis-tu en serrant les dents et des cheveux dans les yeux, Sylvia, toi qui chaque jour voulus la perfection mais ne ressentis que vide, frustration et manque: mère à moitié et à moitié poète, même pas romancière, pfft, même pas écrivain. Et le secours, pour moi, viendra de là aussi, Sylvia, plus ma famille rentre sous terre, un grand-père après l'autre, hier Charles et maintenant toi, Armand (...)

Écrire dis-tu, mais à mi-mots, tout bas, pour qu'entre nous quelque chose soit, quelque chose reste qui,lui, ne mourra pas.Un lien.Une mémoire. Fragile.

( p.62)
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Je continue de palmer, souple, toujours plus souple,
pour ne pas blesser l'eau.
Ne la blesse pas, vieil Elmachi.
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