Les quatre policiers fédéraux s'appliquent à suivre chaque étape, à respecter lors d'une nouvelle affaire criminelle : relevé d'indices, récolte de témoignages, saisies des images des caméras de surveillance alentour… Les enquêteurs savent que ces instants sont cruciaux ; les premières heures déterminent l'ensemble d'une instruction. Pour l'heure, on ignore de quoi l'homme est mort précisément. Rien ne prouve qu'il s'agit d'un homicide, mais la procédure de départ est la même pour tout décès suspect.
Au-delà de la conscience professionnelle, vivre une intrigue de l'intérieur donne implacablement l'envie d'en connaitre le dénouement. (p.23)
Dans toute relation humaine, la répétition des échanges crée l’intimité. Au fil du temps, des liens se tissent inexorablement. Il en va de ceux qui lient suspects et enquêteurs, au gré des auditions, comme de la proximité qui naît entre des collègues sur un lieu de travail, entre un psy et son patient…
L'accusé a le droit de mentir, même sur le rôle de sa victime au moment de sa mise à mort, même lorsqu'il écrase une larme et demande pardon. C'est une règle que tous les accusés maîtrise très bien. (p.221)
Bien des médias présentent les monstres de notre société comme extérieurs à nous, en font des symboles que le spectateur regarde de loin alors qu'ils peuvent être en chacun de nous. (p.244)
Pour résoudre une affaire criminelle, les enquêteurs doivent autant creuser du côté de l'assassin que de la victime. Il s'agit de comprendre ce qui a pu mener Jephté vers une fin aussi tragique, torturé puis assassiné dans son appartement. Lui qui semblait si sensible, attentionné et aimant envers son entourage, comment a-t-il pu croiser la route d'un être aussi malveillant ?
A y regarder de plus près, une peine revêt plusieurs fonctions. C'est avant tout une punition. Elle a aussi une mission symbolique. Elle traduit la gravité de la faute. La peine intègre aussi une fonction punitive, contemplative et exemplative. Elle veut inciter à ne plus commettre de crime. (p.236)
Il y a énormément de violence entre SDF ou envers les SDF, m’explique-y-il. Des jeunes décident parfois un soir d’aller casser du sans-abri. Ces cas de violence sont plus fréquents en début de mois, lorsque certains reçoivent le minimex de rue (730 euros).
Au mur, les « aristochiens » du peintre bruxellois Thierry Poncelet, ami de Jephté Vanderhoeven, revivent la scène en témoins muets. Dans une vasque en étain, des bonbons multicolores portent une touche anachronique à ce décor de musée.
J'ai tendance à voir le bien chez les gens, mais je suis souvent déçu. Une personne ne se résume bien sûr pas à ses actes, mais lorsqu'elle parvient à commettre l'irréparable, c'est que quelque chose est brisé en elle. (p.53)