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Citations de Anna de Noailles (316)


… C’est un beau mystère, mon amour, qu’un visage qui, par son naturel, sa gravité, son enjouement, se donne l’air aux yeux de tous de s’allier à la vie présente, aux circonstances du moment, alors qu’enveloppé de son obsession il est éloigné de l’univers et s’en va sans cesse regoûter à un secret bonheur, – précis et limité comme la lune ronde sertie d’obscur indigo, – mais dont il se nourrit avec une infatigable répétition. C’est ainsi que par la mémoire et le délice je suis plongée dans notre heure heureuse, autant que le pigeon affamé dans son écuelle rayonnante de grains radieux. Je fais avec minutie et avec ordre ce repas de l’âme. (p3)
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VENISE
Arpège de sanglots, de rayons et d’extase,
Venise, ville humide et creuse comme un vase
Dirai-je avec quelle âpre et fiévreuse langueur
J’ai caressé ton ciel, et j’ai bu ta liqueur ?
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Elle se souvenait comme à ces fins de septembre les jour-nées étaient belles encore, là-bas, avec des baisers de soleil si suaves, si tristes et doux, de telles tendresses de l’air et de l’herbe que l’heure était émouvante et faible comme les visages qu’on voudrait baiser sur la bouche. (p180)
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elle s’endormit, de ce sommeil lucide et raisonneur qui ne délie point les tourments de l’âme, mais leur donne, dans les rêves, de plus hésitants et lointains visages. (p64)
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« Qu’importe, vous avez un génie délicieux, mais qu’importe, laissez cela, ce n’est pas pour cela que je vous aime… C’est en toute chose que vous êtes plus beau et plus fort et plus riche que tous les autres. Votre talent n’est qu’un moment de votre merveilleuse harmonie… Que vous viviez et que je vous aie rencontré, quelle douceur !… Ah ! vous voyez bien comme en ce moment tout de vous me fait mal. »
(p56)
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Et la musique trébuchait, mendiante et misérable, point voluptueuse, malgré les mélodies retenues des chansons de l’été ; musique faible et toussante qui prenait froid en montant dans l’air d’hiver ; musique enchaînée qui disait qu’il n’est point d’amour pour les hommes quand la terre est glacée, et quand il n’y a pas d’abri, pas de table et de pain, pas de nuit de lune, tiède et claire comme une chambre, pas de loisirs, pas de divans lourds et de parfums…
Madame de Fontenay pensait à cela, que l’amour n’est point pour les pauvres en hiver, mais pour ceux-là seuls qui, pouvant vivre, ont ce goût de mourir de délire et d’ardeur… (p9)
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Deux êtres luttent dans mon cœur,
C’est la bacchante avec la nonne,
L’une est simplement toute bonne,
L’autre, ivre de vie et de pleurs.

La sage nonne est calme, et presque
Heureuse par ingénuité.
Nul n’a mieux respiré l’été ;
Mais la bacchante est romanesque,

Romanesque, avide, les yeux
Emplis d’un sanguinaire orage.
Son clair ouragan se propage
Comme un désir contagieux !

La nonne est robuste, et dépense
Son âme d’un air vif et gai.
La païenne, au corps fatigué,
Joint la faiblesse à la puissance.

Cette Ménade des forêts,
Pleine de regrets et d’envies,
A failli mourir de la vie,
Mais elle recommencerait !

La nonne souffre et rit quand même :
C’est une Grecque au cœur soumis.
La dyonisienne gémit
Comme un violon de Bohême !

Pourtant, chaque soir, dans mon cœur,
Cette sage et cette furie
Se rapprochent comme deux sœurs
Qui foulent la même prairie.

Toute deux lèvent vers les cieux
Leur noble regard qui contemple.
L’étonnement silencieux
De leurs deux âmes fuse ensemble ;

Leurs front graves sont réunis ;
La même angoisse les visite :
Toutes les deux ont, sans limite,
La tristesse de l’infini !...

p.221-222-223
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Quand tu me plaisais tant que j’en pouvais mourir,
Quand je mettais l’ardeur et la paix sous ton toit,
Quand je riais sans joie et souffrais sans gémir,
Afin d’être un climat constant autour de toi ;

Quand ma calme, obstinée et fière déraison
Te confondait avec le puissant univers,
Si bien que mon esprit te voyait sombre ou clair
Selon les ciels d’azur ou les froides saisons,

Je pressentais déjà qu’il me faudrait guérir
Du choix suave et dur de ton être sans feu,
J’attendais cet instant où l’on voit dépérir
L’enchantement sacré d’avoir eu ce qu’on veut

Instant éblouissant et qui vaut d’expier,
Où, rusé, résolu, puissant, ingénieux,
L’invincible désir s’empare des beaux pieds,
Et comme un thyrse en fleur s’enroule jusqu’aux yeux !

Peut-être ton esprit à mon âme lie
Se plaisait-il parmi nos contraintes sans fin,
Tu n’avais pas ma soif, tu n’avais pas ma faim,
Mais moi, je travaillais au désir d’oublier !

– Certes tu garderas de m’avoir fait rêver
Un prestige divin qui hantera ton cœur,
Mais moi, l’esprit toujours par l’ardeur soulevé,
Et qu’aurait fait souffrir même un constant bonheur,

Je ne cesserai pas de contempler sur toi,
Qui me fus imposant plus qu’un temple et qu’un dieu,
L’arbitraire déclin du soleil de tes yeux
Et la cessation paisible de ma foi !

p.66-67
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74

Peut-être jamais ne saurai-je
Pourquoi tu te taisais ! L’été,
L’azur, les nuits claires, la neige,
Comme ton visage entêté,
N’ont rien pour les interpréter !

Ils brillent, parfument, rayonnent,
Implacables, distraits, charmants,
Sans rien répondre à nos tourments
— Mais, hélas ! ce cœur de lionne,
Ce cœur puissant, ce cœur adroit,
Qui, pour ne pas troubler ton calme,
Se suspendait au loin sur toi,
Plus léger que l’ombre des palmes,
Que l’arôme immense et sans poids,
Faut-il vraiment qu’il se détruise,
Et faut-il que nul ne te dise,
Pour ne pas déranger ta paix,
Que c’est l’univers qu’il comblait !

p.64

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60

Je ne puis jamais reposer
Mon esprit, qui, de loin, contrôle
Le souci qui vient t’épuiser,
L’ennui qui pèse à ton épaule.

Jamais je n’ignore un instant
Que tu respires, parles, rêves ;
J’éprouve, triste combattant,
La nécessité d’une trêve !

— Ah ! j’aurais besoin que parfois,
Dans une calme et longue aurore,
L’univers m’apparût sans toi,
Et ne t’eût pas fait naître encore !

p.57
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152

Tu me donnes enfin la paix
Par cet excès de toi ; l’aisance
Se répand en moi ; tu te tais
Et tu réponds à mon silence.
— Je n’ai plus à questionner,
Plus à perdre, plus à gagner,
Rien à savoir, rien à nier ;
Je suis, dans l’ombre où je repose,
Insensible comme les choses…

p.109
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164

Meurt-on d’aimer ? On peut le croire,
Tant c’est une mortelle histoire !

— Pourtant il me reste toujours
La grâce, au loin, de tes contours.
— Et la douleur dont tu m’enivres,
Dont je crois que je vais mourir,
Est peut-être, ô prudent désir !
Le seul secret qui me fait vivre…

p.116
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20

Je crois que j’ai dû te parler
De ta personne, sans répit,
Et peut-être t’ai-je accablé
Sous tant de pampres et d’épis !

J’ai dû, offensant ton silence,
Mais d’une voix qui passait outre,
Vanter ta raison, ta constance,
Ta chaleur, ta douceur de loutre,

Et ta bonté, et ce cœur droit
Auquel tu veux m’associer…

— Mais t’ai-je assez remercié
De l’amour que j’avais pour toi ?

p.28
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90

Tu es comme tu pouvais être,
Toi qui n’as pas su ma bonté !

— Apaisante Fatalité,
Dès que l’on sait te reconnaître
On contemple ces yeux, ces mains
Qui nous nuisent ou nous enchantent,
Comme on entend, la nuit, que chante
Un rossignol sur le chemin !…

p.72
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66

Un soir où tu ne parlais pas,
Où tu me regardais à peine,
Mes yeux erraient à petits pas
Sur ton visage aux belles peines,

Et j’ai fait avec ton ennui
Un étrange et mystique pacte
Où tout me dessert et me nuit ;
Et, depuis, mes rêves, mes actes,
À travers les jours et les nuits,
L’éloignement, l’atroce ennui,
S’en vont, résolus, invincibles,
Vers ton corps que j’ai pris pour cible…

p.60
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125

Royalement, — peut-être en vain, —
Car, hélas ! à l’heure qu’il est
J’ignore encor ce qui te plait,
Je t’ai fait des cadeaux divins !

Sans que tu puisses t’en douter,
Et comme un jardin pour les dieux,
Mon cœur te situe au milieu
De tous mes immortels étés.

Et cependant que sous ton toit
Tu ne rêves peut-être à rien,
Je vois d’un œil aérien
Ce grand ciel que j’ai mis sur toi…

p.94
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63

Je voyais, aussi nettement
qu’on voit la rose en fraîche toile,
S’épanouir au firmament
La pulpe altière des étoiles.

Je rêvais. Par les jours trop chauds,
Quand l’heure du soir songe et stagne,
Une rue, un mur blanc de chaux,
Me restituaient les Espagnes.

Auprès d’un verger de Passy,
Quand la nuit met sa molle roche
Sur tout l’espace dessaisi,
J’entendais, au lointain, des cloches
Éparpiller leur lent souci…
L’univers logeait dans mon cœur,

Lorsque tu vins comme un voleur…

p.59
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51

Si quelque être te plaît, ne lutte pas, aborde
Ce visage nouveau sur lequel est venu
Se poser le soleil de tes yeux ingénus ;
Tout ce qui te séduit, ma douleur te l’accorde.
— Et moi, de loin, le cœur par le tien soutenu,
Emmêlant ton plaisir et ma miséricorde,
Je bénirai ton front posé sur des bras nus,
Ton regard poignardé qui devient plus ténu,
Et tes baisers soyeux qui rêvent et qui mordent…

— Je ne me plaindrai pas, je les aurai connus.

p.53
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Annecy, délicate, aimable, humble Venise,
Maisons et quais bâtis sur des canaux étroits,
Ville où Jean-Jacques a vu pour la première fois
Madame de Warens qui sortait de l'église...

Voici, baigné des eaux d’un vert canal qui dort,
Le jardin où vivait, jeune veuve isolée,
Sous un arbre fleuri comme un grand azalée,
La maternelle amante aux baisers sans remords.

Le vent de l’aube fraîche est bleu comme la sauge.
On voit déjà passer un marchand matinal ;
Un gai moulin sur l’eau joyeuse du canal
Fait, en tournant sa roue, un bruit clair qui patauge.

Là-bas, c’est le lac chaud, le lac fondu d’amour
Qui berce sa langueur contre la molle rive,
Où déjà le parfum de l’Italie arrive
Et met sa nonchalance et son pollen si lourd.

Mais j’aime mieux ce coin de la ville, où persiste
Le jardin qu’éclairait du rire de ses yeux
La dame de Lausanne aux seins délicieux,
Qui fut prompte au plaisir, insouciante et triste.
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CLXVIII

Je ne voudrais qu’un changement
En ton être qui me fait peur ;
Mes délices et mon tourment
Ne me viennent pas de ton cœur,

Ni de ton esprit qui m’est cher,
mais qu’il m’est aisé d’oublier…
Hélas ! mon désir est lié
À quelque beauté de ta chair !

Je retrouverais le repos
Si ton visage était terni ;
Il n’est plus d’âme ou de propos
Qui m’enseigneraient l’infini ;

Mais je constate ton regard
Comme un implacable accident.
Ce sont tes lèvres sur tes dents
Qui rendent mon destin hagard…
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