Alain Wodrascka présente "Cabrel, les chemins de traverse"
Inspiré par
Bob Dylan et
Leonard Cohen, Francis Cabrel, né à Agen en 1953, chante depuis quarante ans l'attachement à la terre des ancêtres, l'amour éternel, l'injustice sociale,...
"Héritier de Brassens et de Dylan, Françis Cabrel chante depuis quarante ans l'instinct des racines, l'attachement amoureux, l'injustice sociale, autant de valeurs humanistes qui ont contribué au succès de ce poète musicien intemporel. Pourtant son immense notoriété est inversement proportionnelle à la connaissance publique du personnage."
Y a vraiment qu'l'amour qui vaille la peine
Priez pour qu'il reste priez pour qu'il vienne
Pas celui qui dort au chaud dans la laine, mais le vrai
Celui qui porte la vie ou la mort dans nos veines...
Mais c’est « Laisse béton » […] qui va être remarquée par les médias et bouleverser la carrière du chanteur qui ne cache pas son étonnement : « Je ne sais pas comment ça c’est passé. « Laisse béton » qui est au hit-parade, je l’ai écrite en une demi-heure sur une table de restau. On l’a enregistrée très vite et très mal et la productrice n’y croyait pas.
Tu m’as dit que j'étais faite
Pour une drôle de vie
J’ai des idées dans la tête
Et je fais ce que j’ai envie
Je t’emmène faire le tour
De ma drôle de vie
Je te verrai tous les jours
Et si je te pose des questions (qu’est-ce que tu diras?)
Et si je te réponds (qu’est-ce que tu diras?)
Si on parle d’amour (qu’est-ce que tu diras?)
Mais derrière la rivière du père
On voyait s'agiter la cité
Et tourner les ogres d'affaires
Dans les tours de verre climatisées
Le petit gars là-haut sur sa colline
Venait les contempler en paix...
Mais le petit gars ne comprenait rien
Allongé sous les arbres il se trouvait bien
Attendant tranquille que cuise son pain
durant les jours qui suivent,en professionnel doté d'un supplément d'âme,il lui griffonne en quelques minutes : Joe le taxi , l'histoire d'un chauffeur qui préfère le rhum au soda et écoute la chanteuse péruvienne ,yma sumac, dans les embouteillages.
ce texte sans ambition qui fait référence à Xavier Cugat,le roi de la rumba a le mérite de sonner juste et de bien balancer sur le beat , dans les éclats cuivrés du saxophone
"dans sa caisse
la musique à Joe
c'est la rumba
le vieux rock au mambo
Joe le taxi
c'est sa vie
le rhum au mambo
embouteillage"
« Patrick est assez rock, quand il a envie. En tout cas, il aime bien Jim Morrison et U2. » (p. 112)
Ainsi voulais -je dire que les tireurs d'élite n'auront jamais que du talent tandis que le génie visionnaire, ignorant les cibles immédiates et autres disques d'or et pointant son arc vers le ciel selon les lois d'une balistique implacable, ira percer au cœur des générations futures.
Je me suis dit : " Je vais foutre ma poésie dans la chanson, et même si c'est trop moi, c'est moi !" Et donc évidemment, je me suis retrouvé dans un désert ... Alors, d'un côté, il y a le tourment d'être poète ou de ne pas être poète ; et donc là tu mets la barre très haut si tu te prétends vraiment poète.
Je veux dire par poète, un type qui a partie liée, d'une façon quasiment physiologique, avec le langage.
Et moi, je voulais arracher l'imprimerie au papier pour en faire de la musique.
De là mon besoin effréné de patrouiller dans l'univers musical et d'aller du jazz à l'Afrique à la bossa-nova, c'est-à-dire le génie noir de la musique !
Etudiez bien les paroles des chansons. Ce sont toutes de mauvaises poésies.
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La poésie dans son état pur n'a pas besoin d'un apport musical. C'est là ou ça fait chier parce que j'aime la musique . . . Nous sommes au vingtième siècle, pourquoi ne ferions - nous pas d'un art mineur un art majeur? Je parle d'art mineur parce que les arts mineurs sont directement perceptibles . Il n'y a pas besoin d'initiation, or je crois profondément à l'initiation. Je pense qu'il n'y a plus ni Maitre ni maitrise.
( France Culture, 1989)