La connaissance et l’amour sont une seule et même vision.
T’aimer est le seul moyen que j’ai trouvé de te comprendre.
Mon plaisir n’est pas total tant que le tien ne l’est pas; ma joie n’est pas entière si la tienne ne l’est pas; et mon bonheur est incomplet si tu es malheureuse, car je suis inachevé sans toi.
N’est-ce pas là, après tout, l’origine, la marque et la finalité de la préférence amoureuse ?
La chose que je retiens est celle-là même qui fait que je me noie.
Il croit tenir ce qui le tient ; c’est à cela qu’on reconnaît le prisonnier.
Quand je ne m’accroche à rien, rien ne me retient. Et je tiens. Je ne bascule pas. Je ne vacille pas. Je tiens.
Je tiens sans me tenir, et un souffle sans analogue m’emporte. Je suis l’œil du cyclone.
La liberté se mesure au nombre de choses dont on n’a pas besoin.
À la fontaine, je n'apporte plus la coupe vide de mes mains tendues. Je rentre chez moi.
En dehors de l’expérience réflexive, rien n’a d’intérêt en soi et ne peut être pleinement ni longtemps satisfaisant. Un enchaînement sans suite de désirs, de lubies, de passades, de toquades et de coups-de-tête : telle est la vie. Sottise que de vouloir à tout prix que ce qui arrive ait un sens indépendamment de mon projet. En outre, les grands événements de la vie – comme le fait d’être né, de croître, de déclin et de mourir – ne relèvent pas de l’intentionnalité de l’homme. La notion de signification leur est donc également étrangère. D’où l’absurdité de toute « quête de sens ». Seules les intentions humaines qui leur sont surimposées peuvent être qualifiées. En l’absence de valeur intrinsèque, ce que nous appelons communément « réalité » trouve sa raison d’être dans l’amour-connaissance qui confère, par le renouveau du dépassement, de la continuité au transitoire. Nous avons le choix entre l’amour-connaissance et le nihilisme.
"Bonheur et malheur découlent directement en moi de mes préférences et de mes aversions. Or, je suis le seul maître de celles-ci. Je suis donc le seul à pouvoir faire mon propre bonheur ou mon propre malheur. »
Puis : « En-deçà et à l’intérieur du flux ininterrompu des pensées : la conscience immuable. La conscience absolue se connaît toujours elle-même au travers d’un être concret qui lui est intérieur. Elle s’objective par soi sous forme d’idéations qu’elle prend ensuite pour des réalités, oubliant qu’elle est le seul Réel« .
Et enfin : « L’absolu est le point de fuite de toutes nos perspectives. Sans point de fuite, point de perspective. Sans l’absolu, point de liberté."
La plus haute part de la contemplation, autant qu’elle peut se faire ici, consiste tout entière en cette obscurité et ce nuage d’inconnaissance, et avec un élan d'amour et une aveugle considération de l'Etre pur de Dieu, uniquement Lui-même.
Quand c’est la raison, censée éclairer le monde, qui, par sa démesure et son aveuglement, erre, il est sage d’être fou et fou d’être sage. Car alors seuls les fous connaissent le parfum de la fleur et la saveur du fruit qui est en eux.
La conscience est le dynamisme qui préside aux diverses manifestions de la vie consciente. Réciproquement, les faits de conscience sont l’expression de ce dynamisme. La conscience est donc spontanément connue dans ses manifestations, comme lumière réfractée. C’est cela qui la différencie d’un simple miroir. Mais elle est également connue en tant que telle quand elle se saisit elle-même par un acte réflexe à l’occasion de la saisie d’un objet (une impression, une idée, une impulsion). C’est à cette occasion-là qu’apparaît le témoin.
Quand la conscience se connaît dans le témoin, la connaissance de la causalité et, avec elle, le changement, est, en quelque sorte, abolie dans la vision unifiée de l’absolu.
Tout existe en lui comme source et être et il est en tout comme cause et être. Cependant demeure une distinction fondamentale : lui seul est sa propre cause et son être.
Le changement est alors perçu dans la présence, où rien n’est inerte ; l’immutabilité réside dans la vacuité, qui est la condition du changement.