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Citations de Alain Jaubert (60)


Un bassin aux nymphéas : touches grouillantes, rapides, comme négligées, aléatoires, la saisie d’un instant faite, semble-t-il, en un instant. Deux expériences : de loin, vous fermez les paupières jusqu’au mince filet de lumière, jusqu’à faire disparaître toutes les couleurs, et vous avez, en noir et blanc, une étrange photographie, hyperréaliste. Vous vous approchez et, les yeux ouverts cette fois, vous découvrez de très près, sous les milliers de petites touches de la surface, des milliers d’autres qui ont servi à préparer cette surface. La fabrication d’un instantané a demandé des semaines, des mois de travail.

Avant-propos
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La mode en Hollande à l’époque est au rendu soigné des matières et des carnations. Rembrandt, lui, laisse déborder de grands pans de peinture brute. Empâtement, giclée, frottis, grattage…Le peintre s’intéresse à la matière même de ses pigments qu’il sculpte pour générer une texture allusive. La ressemblance ne se fait pas au prix de la patience, du fini, mais dans la vitesse du geste, dans le combat avec la pâte. Les tableaux de Rembrandt montrent la peinture en train de se faire.

Le miroir des paradoxes. Autoportraits. Rembrandt Harmensz Van Rijn (1606-1669)
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On ne voit pas avec ses yeux (ou seulement un peu), mais avec sa langue, son oreille, sa mémoire des mots (peut-être bien aussi son odorat). Sans énonciation, pas d’éveil de l’image. Engendrés par des textes, donc, les tableaux engendrent eux-mêmes des textes, à l’infini…
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Il a enfin trouvé sa voie, lui, l'orphelin, l’exilé. Etre loin, disparu, oublié, ignoré, sans attaches et, si seulement c'était possible sans souvenirs. Il a trouvé son bout du monde, sa cachette absolue. Il n'est plus rien, il aime la saoulerie vertigineuse de la foule, cet anonymat définitif dans ces tourbillons de gens, cet immense brassage de classes sociales, de costumes pittoresque, de la redingote au burnous, du gibus au turban, les groupes les plus divers de tous ces quartiers, des villages des environs, des centaines de navires en escale, des foules se déversant, se mélangeant, repartant, revenant, se métamorphosant sans cesse, chaque jour, chaque heure. Et lui, perdu au milieu de tous, chantonnant, enfin joyeux, ivre de son invisibilité. Personne ne le connaît, il ne connaît personne, il est libre ... La ville lui appartient.
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"Je commence de la même façon qu'un artiste abstrait - bien que je n'aime pas l'art abstrait du tout -, c'est à dire que je commence à faire des taches, des marques et si, tout d'un coup une tache me semble offrir une suggestion, alors je peux commencer de bâtir sur elle l'apparence du sujet que je voudrais saisir. Je voudrais faire des portraits à partir d'éléments qui ne soient pas du tout illustratifs. C'est pour cela que je ne veux pas que les modèles soient présents." Francis Bacon
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Il pense à Thérèse, à Marseille, à la Pologne, il a l'impression d'être embarqué dans une histoire qui le tiens prisonnier, qu'il ne peut maîtriser... A la fois heureux et malheureux. Sa vie est devant lui mais le poids du passé est étrangement lourd.
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"(...) Car ce ne sont pas les objets qui sont importants dans un tableau, mais l'expression personnelle de l'artiste à propos de ces objets : pas le quoi mais le comment. Ce que l'artiste attend du spectateur, ce n'est pas un commentaire à voix haute, mais le silence de la réserve. Car ce qui explicable dans une oeuvre d'art est peu de chose ; l'essentiel n'est pas ce qui explicable, mais seulement ce qui est visible." (Lettre à un institut culturel [d'Otto Dix], 1947.) Il nous faut cependant, à l'encontre de la volonté du peintre, tenter de comprendre à la fois le visible et l'invisible
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C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

(Arthur Rimbaud - Le dormeur du val)
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Cette pointe de l'Amérique porte des noms qui en disent long. L'île Désolation, l'île Échouée, l'île Furie, l'île Cachée, l'île Araignée, l'île Veuve, l'île du Diable, […] et encore la baie inutile, la baie de l'attente, la baie de la Dislocation, le golf des Peines, la pointe de la Rescousse, le mont Rouge, le mont Noir, le mont Obscur, le mont Brisé, la plage de la Discorde, Port Miséricorde, Port Refuge, Port Famine et aussi les roches Furies, le cap Rugueux, le récif Périlleux, le banc Serpent, le chenal des Déserteurs, la pointe du Naufrage, j'en oublie, on n'en finirait pas…
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Que faut-il faire pour être marin ?
- D'abord regarder les autres. Ensuite apprendre les mots, les marins na parlent pas comme tout le monde. Et puis les nœuds, le gréement, les voiles, les vents, les étoiles, les instruments de navigation, compas, sextant, chronomètre, tout le reste... Mais tout ça se fait peu à peu. Après, quand on a l'âge, on passe des brevets, il y a des grades, comme à l'armée ! Il y en a qui vont dans des écoles. On peut aussi apprendre sur le tas, comme on dit.
- Beaucoup de promiscuité, donc ! Moi, j'aime la solitude !
- Oui, "un métier de chien, dit mon ami Baptistin. Et lui s'est retiré. Je crois que les marins aiment surtout les ports et les escales !
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« Dans le peintre, il y a deux choses : l’œil et le cerveau, tous deux doivent s’entraider : il faut travailler à leur développement mutuel ; à l’œil par la vision sur nature, au cerveau par la logique des sensations organisées, qui donne les moyens d’expression. » Organiser les sensations, c’est vivre une véritable expérience spirituelle. Cézanne arrive le regard vierge devant le motif. Il voit par tons minuscules. Il morcelle ses sensations. Chaque petite touche concentre vision plastique, sensation et souvenir. Et aussi pensée pure, recherche d’un sens caché de la nature. La touche cimente le monde, lui donne une structure, un sens peut-être.

Paul CÉZANNE (1839-1906)
La violence du motif. Montagne Sainte-Victoire
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Le passé composé est un temps impur comparé au passé simple qui, lui, est devenu au cours des siècles le temps pur du récit littéraire, « le rituel des Belles-Lettres […] l’image d’un ordre […] il est un mensonge manifesté ; il trace le champ d’une vraisemblance qui dévoilerait le possible dans le temps même où elle le désignerait comme faux.
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La femme est comme un livre qui, bon ou mauvais, doit commencer à plaire par le frontispice ; s’il n’est pas intéressant il ne fait pas venir l’envie de le lire, et cette envie est égale en force à l’intérêt qu’il inspire. Le frontispice de la femme va aussi du haut en bas comme celui d’un livre, et ses pieds, qui intéressent tant des hommes faits comme moi, donnent le même intérêt que donne à un homme de lettres l’édition de l’ouvrage.
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"Le peintre ne doit pas seulement peindre ce qu'il voit devant lui, mais aussi ce qu'il voit en lui" Caspar David Friedrich
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Elle est debout devant moi, très nue, très blanche. Elle me tourne le dos. C'est une toute jeune femme à la chevelure frisée et coiffée en longues et savantes torsades. En appui sur sa jambe gauche, la droite un peu levée de façon à créer une légère dissymétrie dans son dos, elle penche la tête sur son épaule droite et tente de jeter un coup d'œil vers ses fesses comme pour vérifier qu'elles sont bien dénudées et tournées vers moi. Et, en effet, elle relève du bras gauche sa grande tunique plissée, découvrant ses jambes, ses cuisses, ses fesses et ses hanches. À la hauteur des reins, deux petites fossettes surmontent l'espèce de vallonnement en fourche qui précède la raie. Chaque fesse se rattache aux chairs de sa hanche par une ondulation délicate puis tombe, bien ronde et pleine, légèrement débordante vers le haut, refermant sa course en se soudant à l'arrière de la cuisse par une nouvelle ondulation. Les deux courbes, bordant et soulignant le bas des fesses, remontent un peu et se rejoignent sous la raie centrale. Dans le creux assez profond ouvert par la jonction de la raie, des anses charnues des fesses et du haut des cuisses, l'ombre est dense. J'aimerais m'approcher, passer la main sur ces chairs lisses et douces, me baisser, embrasser ces reins et ces rondeurs tendres, étreindre ces hanches, regarder de près cette zone creuse et ombreuse, essayer de voir au plus intime de cette région mystérieuse. Interdit de toucher ! Je ne peux aller plus loin. La jeune femme est de marbre et ne répondra ni à mes caresses ni à ma curiosité.
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Chaplin et Hitler avaient exactement le même âge, à quelques jours près. Ils étaient tous les deux exilés dans leur propre langue (Chaplin, Britannique, part pour les États-Unis ; Hitler, Autrichien, part conquérir l’Allemagne). Ils avaient tous deux connu des années de misère terrible. Ils avaient aussi longtemps cherché leur visage.
Chaplin fait onze Charlot avant de trouver sa moustache : il a d’abord des moustaches très longues, extrêmement parodiques, puis des moustaches fournies et rondes, et c’est seulement dans le film Twenty Minutes of Love, connu en France sous le titre de Charlot et le chronomètre (20 avril 1914), qu’il adopte cette petite moustache noire.
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Un dictateur est en général un homme qui, parti de bas, vient se jeter dans un trou plus profond encore. Un phénomène curieux se produit alors : tout le monde le regarde… et saute dans le vide à sa suite. »
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« Le nez de Cléopâtre s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. » C’est une phrase mondialement célèbre, de nombreuses fois détournée, notamment par Alphonse Allais qui l’a transformée en tautologie : « Si le nez de Cléopâtre avait été plus long, sa face en aurait été changée », ou par Lautréamont qui la reprend à sa façon : « Si la morale de Cléopâtre eût été moins courte, la face de la terre aurait changé ; son nez n’en serait pas devenu plus long. »
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Et puis autant sa vie lui paraissait lors de chaque crise comme un tissu décousu d'occasions ratées, de fuites inutiles, d'errances sans but, de rencontres sans lendemain, autant l'écriture avait redonné une cohérence à ces morceaux de vie. Ses personnages et ses paysages recomposés étaient le ciment de cette existence parallèle. Il pensait qu'il avait réussi à vaincre en partie cette cruauté et cette absurde indifférence de la nature en fabriquant ces petites machines mystérieuses et trépidantes, les livres.
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Une femme est à conquérir, il faut briller, il lui faut être le plus fort, le plus riche.
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