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Citations de Aimé Césaire (423)


LE JOUEUR DE SANZA : Enlevons ce masque. J'en ai assez dit ! J'en ai assez fait ! On montre certaines choses à qui a de bons yeux. Le reste, il le voit de lui-même. D'ailleurs, ce qu'il y a à voir saute aux yeux. Pas besoin d'un grand vent pour dénuder le cul de la poule !

Acte II, Scène 1.
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Et ni l'instituteur dans sa classe, ni le prêtre au catéchisme ne pourront tirer un mot de ce négrillon somnolent, malgré leur manière si énergique à tous deux de tambouriner son crâne tondu, car c'est dans les marais de la faim que s'est enlisée sa voix d'inanition (un-mot-un-seul-mot et je-vous-en-tiens-quitte-de-la-reine-Blanche-de-Castille, un-mot-un-seul-mot, voyez-vous-ce-petit-sauvage-qui-ne-sait-pas-un-seul-des-dix-commandements-de-Dieu)
car sa voix s'oublie dans les marais de la faim, et il n'y a rien, rien à tirer vraiment de ce petit vaurien,
qu'une faim qui ne sait plus grimper aux agrès de sa voix
une faim lourde et veule,
une faim ensevelie au plus profond de la Faim de ce morne famélique
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Christophe: [...] Il en a de bonnes! Être prudent! Semer, me dit-il, les graines de la civilisation. Oui, Malheureusement, ça pousse lentement, tonnerre! Laissez le temps au temps...
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Pour nous, le choix est fait.
Nous sommes de ceux qui refusent d'oublier.
Nous sommes de ceux qui refusent l'amnésie même comme méthode.
Il ne s'agit ni d'intégrisme, ni de fondamentalisme, encore moins de puéril nombrilisme.
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Aimé Césaire
«  Avec des bouts de ficelle
Avec des rognures de bois
Avec de tout, tous les morceaux bas,
Avec les coups bas
Avec des feuilles mortes ramassées à la pelle
Avec des restants de draps
Avec des lassos lacérés
Avec des mailles forcées de cadène
Avec des ossements de murène
Avec des fouets arrachés
Avec des conques marines
Avec des drapeaux et des tombes dépareillées
Par rhombes
Et trombes
Te bâtir . »
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Aimé Césaire
L'amour s'accroche aux branches
L'amour perce les narines
du soleil; l'amour , d'une dent bleue
happe la blanche mer. (...)

(" Fragments d'un poème")
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Aimé Césaire
Faire un pas avec le peuple,
pas deux pas sans lui.
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Oiseaux

l'exil s'en va ainsi dans la mangeoire des astres

portant de malhabiles grains aux oiseaux nés du temps

qui jamais ne s'endorment jamais

aux espaces fertiles des enfances remuées
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Et Isidore Ducasse, comte de Lautréamont !
A ce sujet, il est grand temps de dissiper l'atmosphère de scandale qui a été créée autour des Chants de Maldoror.
Monstruosité ? Aérolithe littéraire ? Délire d'une imagination malade ? Allons donc ! Comme c'est commode !
La vérité est que Lautréamont n'a eu qu'à regarder, les yeux dans les yeux, l'homme de fer forgé par la société capitaliste, pour appréhender le monstre, le monstre quotidien, son héros.
Nul ne nie la véracité de Balzac.
Mais attention : faites Vautrin, retour des pays chauds, donnez-lui les ailes de l'archange et les frissons du paludisme, faites-le accompagner, sur le pavé parisien, d'une escorte de vampires urugayens et de fourmis tambochas, et vous aurez Maldoror.
Variante du décor, mais c'est bien du même monde, c'est bien du même homme qu'il s'agit, dur, inflexible, sans scrupules, amateur, comme pas un, " de la viande d'autrui ".
Pour ouvrir ici une parenthèse dans ma parenthèse, je crois qu'un jour viendra où tous les éléments réunis, toutes les sources dépouillées, toutes les circonstances de l’œuvre élucidées, il sera possible de donner des Chants de Maldoror une interprétation matérialiste et historique qui fera apparaître de cette épopée forcenée un aspect par trop méconnu, celui d'une implacable dénonciation d'une forme très précise de société, telle qu'elle ne pouvait échapper au plus aigu des regards vers l'année 1865.
Auparavant, bien entendu, il aura fallu débroussailler la route des commentaires occultistes et métaphysiques qui l'offusquent ; redonner son importance à telles strophes négligées - celle, par exemple, entre toutes étrange de la mine de poux où on n'acceptera de voir ni plus ni moins que la dénonciation du pouvoir maléfique de l'or et de la thésaurisation ; restituer sa vraie place à l'admirable épisode de l'omnibus, et consentir à y trouver très platement ce qui y est, savoir la peinture à peine allégorique d'une société où les privilégiés, confortablement assis, refusent de se serrer pour faire place au nouvel arrivant, et - soit dit en passant - qui recueille l'enfant durement rejeté ? Le peuple ! Ici représenté par le chiffonnier. Le chiffonnier de Baudelaire :
Et, sans prendre souci des mouchards, ses sujets,

Epanche tout son coeur en glorieux projets.

Il prête des serments, dicte des lois sublimes,

Terrasse les méchants, relève les victimes,

Alors, n'est-il pas vrai, on comprendra que l'ennemi dont Lautréamont a fait l'ennemi, le " créateur " anthropophage et décerveleur, le sadique " juché sur un trône formé d'excréments humains et d'or ", l'hypocrite, le débauché, le fainéant qui " mange le pain des autres " et que l'on retrouve de temps en temps ivre-mort " comme une punaise qui a mâché pendant la nuit trois tonneaux de sang ", on comprendra que ce créateur-là, ce n'est pas derrière le nuage qu'il faut aller le chercher, mais que nous avons plus de chance de le trouver dans l'annuaire Desfossés et dans quelque confortable conseil d'administration !

Mais laissons cela.

Les moralistes n'y peuvent rien.

La bourgeoisie, en tant que classe, est condamnée, qu'on le veuille ou non, à prendre en charge toute la barbarie de l'histoire, les tortures du Moyen Age comme l'inquisition, la raison d'Etat comme le bellicisme, le racisme comme l'esclavagisme, bref, tout ce contre quoi elle a protesté et en termes inoubliables, du temps que, classe à l'attaque, elle incarnait le progrès humain.
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«La mentalité coloniale existe. L’Europe s’est persuadée qu’elle apportait un bienfait aux Africains.»
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LUMUMBA : Pagaye ! Gabegie ! Anarchie ! Corruption ! Humiliation ! Vous verrez, avant qu'il soit peu de temps, ils viendront nous supplier, ici, de reprendre le pouvoir !
M'POLO : À moins que pour supprimer ce recours, il ne leur vienne à l'idée de nous supprimer, nous ! Quelque chose me dit qu'ils ne s'arrêteront pas à mi-crime ! D'ailleurs au Congo, on ne s'arrête jamais à mi-chemin !
OKITO : Le Congo ! Le Congo ! Dis surtout les capitaux internationaux ! Ils sont ombrageux ! à la moindre chatouille, ils deviennent féroces ! Le buffle, quoi ! le buffle !
M'POLO : Quand le buffle défèque, ça merdoie loin !

Acte III, Scène 1.
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L'AMBASSADEUR GRAND OCCIDENTAL : Je sais bien qu'en tant que Nation, nous avons mauvaise réputation. On nous accuse d'avoir le colt facile, mais peut-on faire la politique du rocking-chair quand le monde, pour un rien, s'agite, et que les peuples entrent en ébullition ! Quand les peuples ne se conduisent pas en peuple décent, il faut que quelqu'un les ramène à la décence. C'est à nous que la Providence a confié cette tâche. Seigneur, merci !… Et puis, vous avez entendu, comme dans l'avion, il a crié : " À Moscou ! À Moscou ! " Eh bien, qu'on le sache, on n'est pas seulement les gendarmes, on est aussi les pompiers du monde ! Les pompiers préposés à circonscrire partout le feu allumé par la pyromanie communiste ! Je dis " partout " ! Au Congo, comme ailleurs ! À bon entendeur, salut !

Acte I, Scène 13.
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LUMUMBA : Voyez comme le colonialisme est perfide, têtu, funeste.

Acte I, Scène 8.
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Ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l’œil mort de la terre
ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale
Elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l'accablement opaque de sa droite patience
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"La seule chose au monde qu'il vaille la peine de commencer :
La Fin du monde parbleu."
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En vérité...

la pierre qui s'émiette en mottes
le désert qui se blute en blé
le jour qui s'épelle en oiseaux
le forçat l'esclave le paria
la stature épanouie harmonique
la nuit fécondée la fin de la faim

du crachat sur la face
et cette histoire parmi laquelle
je marche mieux
que durant le jour

la nuit en feu la nuit déliée le songe forcé
le feu qui de l'eau nous redonne
l'horizon outrageux bien sûr
un enfant entrouvrira la porte...

(extrait de "Ferrements") - p. 379
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Les armes miraculeuses / Les armes miraculeuses

...

la plus belle arche et qui est un jet de sang
la plus belle arche et qui est un cerne lilas
la plus belle arche et qui s'appelle la nuit
et la beauté anarchiste de tes bras mis en croix
et la beauté eucharistique et qui flambe de ton sexe au nom duquel je saluais le barrage de mes lèvres violentes

...
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Aimé Césaire
Les chromosomes m'importent peu. Mais je crois aux archétypes.
Je crois à la valeur de tout ce qui est enfoui dans la mémoire collective de nos peuples et même dans l'inconscient collectif.
Je ne crois pas que l'on arrive au monde le cerveau vide comme on y arrive les mains vides.
Je crois à la vertu plasmatrice des expériences séculaires accumulées et du vécu véhiculé par les cultures.
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Aimé Césaire
LA CONDITION-MANGROVE


Le désespoir n'a pas de nom
une main agite mou le drapeau de toutes les redditions
c'est le grand anguillard qui nous fait signe
que les gentillesses sont hors de saison
On tourne en rond.
Autour du pot.
Le pot au noir bien sûr.
Noire la mangrove reste un miroir.
Aussi une mangeoire.
La mangrove broie-tapie à part.
La mangrove respire.
Méphitique.
Vasard.
La tourbière serait bien pire.
(Ce n'est rien que du haut : mort à la base même portant
beau)
Au contraire le fruit flotte le poisson grimpe
aux arbres
On peut très bien survivre mou
en prenant assise sur la vase commensale
L'allure est des forêts.
La dodine
celle du balancement des marées
il n'est pas toujours bon de barboter dans le premier marigot
 venu
 il n'est pas toujours bon de se perdre dans la contemplation
 gnoséologique au creux le plus fructueux des arbres généa-
 logiques (le risque étant de s'apercevoir que l'on s'est égaré
 au plus mauvais carrefour de l'évolution) alors ? je ne suis
 pas homme à toujours chanter
Mare
Mare le guerrier qui meurt que nul ne voit tomber terre et
 eaux bave assez
poitrail d'avril
étrave
cheval
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Aimé Césaire
Références

Il ne chercha pas d’alibi
au contraire
il scrutait le paysage où s’incruster
épouseur du lieu

que l’érosion l’érode
que l’alizé le gifle
le tout-morne
le tout-volcan
la cohérence du voyage n’en fut pas affectée
les voies de traverse n’étant que blessures d’éboulis

à tâtons il dessinait
la fragile chance tournée vers le soleil

momie de boue
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