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Citations de Thucydide (31)


Nous le savons et vous le savez aussi bien que nous, dans le monde des hommes les arguments de justice n'ont de poids que si les forces des adversaires sont égales. Dans le cas contraire, les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance et les plus faibles n'ont qu'à s'incliner.
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L'épidémie de peste déclencha également dans la ville d'autres désordres plus graves. Chacun se livra à la poursuite du plaisir avec une audace qu'il cachait auparavant. Impressionné par le spectacle de ces brusques changements de fortune qui faisaient soudain périr les riches et livraient leurs biens aux pauvres qui n'avaient jamais rien possédé, on chercha les profits et les jouissances rapides puisque la vie et les richesses étaient également éphémères. Nul ne montrait d'empressement à atteindre avec quelque peine un but honnête car on ne savait pas si on vivrait assez pour y parvenir. Les jouissances et tous les moyens pour se les procurer, voilà ce qu'on jugeait estimable et utile. Nul n'était plus retenu ni par la crainte des dieux, ni par les lois humaines. Voyant tout le monde périr indistinctement, on ne faisait plus de différence entre la piété et l'impiété, on ne pensait pas vivre assez longtemps pour avoir à rendre compte de ses fautes. Chacun redoutait bien davantage l'arrêt déjà prononcé et suspendu sur sa tête. Avant de le subir mieux valait tirer de la vie quelque plaisir.
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Ce qui aggrava le fléau, ce fut l'affluence des gens de la campagne dans la ville : ces réfugiés étaient particulièrement touchés. Comme ils n'avaient pas de maisons et qu'au fort de l'été ils vivaient dans des baraques où on étouffait, ils rendaient l'âme au milieu d'une affreuse confusion ; ils mouraient pêle-mêle et les cadavres s'entassaient les uns sur les autres ; on les voyait, moribonds, se rouler au milieu des rues et autour des fontaines pour s'y désaltérer. Les lieux sacrés où ils campaient étaient pleins de cadavres qu'on n'enlevait pas. La violence du mal était telle qu'on ne savait plus que devenir et que l'on perdait tout respect de ce qui est divin et respectable. Toutes les coutumes auparavant en vigueur pour les sépultures furent bouleversées. On inhumait comme on pouvait. Beaucoup avaient recours à d'inconvenantes sépultures, aussi bien manquait-on des objets nécessaires, depuis qu'on avait perdu tant de monde. Les uns déposaient leurs morts sur des bûchers qui ne leur appartenaient pas, devançant ceux qui les avaient construits, et y mettaient le feu ; d'autres, sur un bûcher déjà allumé, jetaient leurs morts par-dessus les autres cadavres et s'enfuyaient.

Livre II, Chapitre LII.
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Au cours de ces guerres civiles, les cités virent fondre sur elles des calamités innombrables, comme il en arrive et comme il en arrivera toujours tant que la nature humaine sera ce qu'elle est.
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 Thucydide
Les uns mouraient privés de secours, les autres, entourés de tous les soins. Quant aux traitements appliqués pour soulager les malades, aucun d'eux, disons-le, ne put faire ses preuves. Aucune constitution, forte ou faible, ne se montra capable de résister au mal, qui emportait indifféremment tout le monde, y compris ceux qu'on soignait de toutes les façons possibles. Le plus terrible dans cette maladie, c'était l'état de dépression morale dans lequel on sombrait souvent en s'apercevant qu'on était atteint. On renonçait alors d'emblée à toute espérance, si bien qu'au lieu de lutter, on se laissait complètement aller.
(La Guerre du Péloponnèse, livre II, à propos de la peste à Athènes en 430 av. J-C.)
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 Thucydide
Voir clair dans les événements passés et dans ceux qui, à l'avenir, du fait qu'ils mettront en jeu eux aussi des hommes, présenteront des similitudes ou des analogies.
La guerre du Péloponnèse
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XLVII. — […] Ils n'étaient que depuis quelques jours en Attique, quand la maladie se déclara à Athènes ; elle s'était abattue, dit-on, auparavant en plusieurs endroits, notamment à Lemnos ; mais nulle part on ne se rappelait pareil fléau et des victimes si nombreuses. Les médecins étaient impuissants, car ils ignoraient au début la nature de la maladie ; de plus, en contact plus étroit avec les malades, ils étaient plus particulièrement atteints. Toute science humaine était inefficace ; en vain on multipliait les supplications dans les temples ; en vain on avait recours aux oracles ou à de semblables pratiques ; tout était inutile ; finalement on y renonça, vaincu par le fléau.
XLVIII. — Le mal, dit-on, fit son apparition en Éthiopie, au-dessus de l'Égypte : de là il descendit en Égypte et en Libye et se répandit sur la majeure partie des territoires du Roi. Il se déclara subitement à Athènes et, comme il fit au Pirée ses premières victimes, on colporta le bruit que les Péloponnésiens avaient empoisonné les puits ; car au Pirée il n'y avait pas encore de fontaines. Il atteignit ensuite la ville haute et c'est là que la mortalité fut de beaucoup la plus élevée. Que chacun, médecin ou non, se prononce selon ses capacités sur les origines probables de cette épidémie, sur les causes qui ont pu occasionner une pareille perturbation, je me contenterai d'en décrire les caractères et les symptômes capables de faire diagnostiquer le mal au cas où elle se reproduirait. Voilà ce que je me propose, en homme qui a été lui-même atteint et qui a vu souffrir d'autres personnes.
XLIX. — Cette année-là, de l'aveu général, la population avait été particulièrement indemne de toute maladie ; mais toutes celles qui sévissaient aboutissaient à ce mal. En général on était atteint sans indice précurseur, subitement, en pleine santé. On éprouvait de violentes chaleurs à la tête ; les yeux étaient rouges et enflammés ; à l'intérieur, le pharynx et la langue devenaient sanguinolents, la respiration irrégulière, l'haleine fétide. À ces symptômes succédaient l'éternuement et l'enrouement ; peu de temps après la douleur gagnait la poitrine, s'accompagnant d'une toux violente ; quand le mal s'attaquait à l'estomac, il provoquait des troubles et y déterminait des souffrances aiguës, toutes les sortes d'évacuation de bile auxquelles les médecins ont donné des noms. Presque tous les malades étaient pris de hoquets non suivis de vomissements, mais accompagnés de convulsions ; chez les uns ce hoquet cessait immédiatement, chez d'autres il durait fort longtemps. Au toucher, la peau n'était pas très chaude ; elle n'était pas livide non plus, mais rougeâtre avec une éruption de phlyctènes et d'ulcères ; mais à l'intérieur le corps était si brûlant qu'il ne supportait pas le contact des vêtements et des tissus les plus légers ; les malades demeuraient nus et étaient tentés de se jeter dans l'eau froide ; c'est ce qui arriva à beaucoup, faute de surveillance ; en proie à une soif inextinguible, ils se précipitèrent dans des puits. On n'était pas plus soulagé, qu'on bût beaucoup ou peu. L'on souffrait du manque de repos et de sommeil. Le corps, tant que la maladie était dans toute sa force, ne se flétrissait pas et résistait contre toute attente à la souffrance. La plupart mouraient au bout de neuf ou de sept jours, consumés par le feu intérieur, sans avoir perdu toutes leurs forces. Si l'on dépassait ce stade, le mal descendait dans l'intestin ; une violente ulcération s'y déclarait, accompagnée d'une diarrhée rebelle qui faisait périr de faiblesse beaucoup de malades. La mal, qui commençait par la partie supérieure du corps et qui avait au début son siège dans la tête, gagnait ensuite le corps entier et ceux qui survivaient aux accidents les plus graves en gardaient aux extrémités les traces. Il attaquait les parties sexuelles, l'extrémité des mains et des pieds et l'on n'échappait souvent qu'en perdant une de ces parties ; quelques-uns même perdirent la vue. D'autres, aussitôt guéris, n'avaient plus dès lors souvenir de rien, oubliaient leur personnalité et ne reconnaissaient plus leurs proches.

Livre II.
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 Thucydide
L'histoire est un perpétuel recommencement.
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 Thucydide
Un citoyen ne se mêlant pas de politique mérite
de passer, non pour un citoyen paisible, mais
pour un citoyen inutile
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"Car la terre entière est la tombe des grands hommes, et ce n'est pas seulement dans leur patrie que des colonnes et des inscriptions commémorent leur gloire, mais dans les contrées étrangères demeure aussi leur souvenir, gravé non sur la pierre mais dans le cœur des hommes"
Périclès, éloge funèbre des Athéniens.
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 Thucydide
L'épaisseur du rempart compte moins que la volonté de le prendre.
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 Thucydide
Il faut choisir : se reposer ou être libre.
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Histoire de la guerre du Péloponnèse.
I, 96,99.
l’autorité des Athéniens ne s’exerçait-elle plus comme avant, avec l’agrément de tous ; et, de même qu’ils ne faisaient plus campagne sur un pied d’égalité avec les autres, de même il leur était aisé de ramener les dissidents. Les responsables de cette situation étaient les alliés eux-mêmes : 3. en effet, cette répugnance à faire campagne avait amené la plupart, afin de ne pas s’éloigner de chez eux, à se faire assigner en argent pour une somme représentant les navires à fournir : aussi Athènes voyait-elle croître sa flotte, grâce aux frais qu’ils assumaient, tandis qu’eux-mêmes, en cas de défection, entraient en guerre sans armements ni expérience.
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Le chatiement de Mythilène

XLVI. - "Gardez-vous donc de penser que la peine de mort soit une sûre garantie et de prendre une résolution désastreuse ; gardez-vous également d'enlever aux insurgés tout espoir de repentir et toute possibilité de racheter à bref délai leur faute. Songez-y : dans l'état actuel des choses, une ville qui a fait défection et qui prévoit sa défaite peut venir à composition, quand elle est encore capable de solder les frais de la guerre et de payer tribut à l'avenir. Dans l'autre supposition, pensez-vous qu'un État quel qu'il soit ne se préparerait pas avec plus de soin, ne prolongerait pas sa résistance jusqu'aux dernières limites, si l'on devait lui réserver un sort identique, que sa soumission soit prompte ou tardive ? Et comment ne serait-ce pas une perte pour nous, que de poursuivre à grands frais le siège d'une ville qui se refusera à se rendre ? de nous emparer enfin d'une ville dont la ruine nous privera à l'avenir des subsides qu'elle nous fournissait ? Or ce sont ces subsides qui font notre force militaire. Évitons donc, en nous montrant des juges rigoureux des fautes d'autrui, de nous faire tort à nous-mêmes. Ayons soin plutôt, en infligeant aux Mytiléniens un châtiment proportionné à leurs fautes, de laisser ces villes disposant de ressources pécuniaires nous être utiles. Ne fondons pas notre sauvegarde sur la rigueur des lois, mais sur notre sage et prévoyante activité. Mais nous faisons actuellement le contraire, quand nous croyons devoir châtier impitoyablement un peuple libre, assujetti de force à notre domination et qui, après une tentative bien naturelle pour recouvrer son indépendance, retombe sous nos lois. Renonçons donc à punir sévèrement des peuples libres qui se révoltent ; gardons-les avec soin avant qu'ils se rebellent ; prenons toutes dispositions pour qu'ils n'en ment pas le désir et, une fois soumis, n'imputons leur crime qu'au plus petit nombre possible de leurs concitoyens.
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 Thucydide
Tout homme tend à aller jusqu’au bout de son pouvoir.
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l’absence de merveilleux dans les faits rapportés paraîtra sans doute en diminuer le charme ; mais, si l’on veut voir clair dans les événements passés et dans ceux qui, à l’avenir, en vertu du caractère humain qui est le leur, présenteront des similitudes ou des analogies, qu’alors, on les juge utiles, et cela suffira : ils constituent un trésor pour toujours, plutôt qu’une production d’apparat pour un auditoire du moment.

(Livre I / XXII - Texte établi et traduit par Jacqueline de Romilly - Éditions du Centenaire Les Belles Lettres )
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 Thucydide
« L'histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré »
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Livre 1

I. - Thucydide l'Athénien a raconté les différentes péripéties de la guerre des Péloponnésiens et des Athéniens ; il s'est mis à l'œuvre dès le début de la guerre, car il prévoyait qu'elle serait importante et plus mémorable que les précédentes. Sa conjecture s'appuyait sur le fait que les deux peuples étaient arrivés au sommet de leur puissance. De plus il voyait le reste du monde grec, soit se ranger immédiatement aux côtés des uns et des autres, soit méditer de le faire. Ce fut l'ébranlement le plus considérable qui ait remué le peuple grec, une partie des Barbares , et pour ainsi dire presque tout le genre humain.
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un homme qui ne fait pas de politique ne passe pas pour un homme paisible, mais pour un mauvais citoyen
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D'abord ils ne voulurent pas prêter l'oreille à ces accusations, pour la raison majeure qu'ils ne voulaient pas qu'elles fussent fondées.
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