Messieurs, encore un effort... - Elisabeth Badinter - Essai - Éditions Flammarion Plon - Lu en mai 2024.
Dans son introduction,
Elisabeth Badinter nous fait part d'un thème dont on parle peu, je dirais même pas du tout. Les liens entre la femme et la mère, deux rôles confondus depuis des millénaires nous dit-elle.
A l'heure d'aujourd'hui, elles ont rompu ce lien entre femme et mère et c'est bien. S'il est vrai qu'il faut être femme pour être mère, il ne faut pas être mère pour être femme. Et de là peut naître un conflit que l'autrice dénonce dans son livre "
Le conflit, la femme et la mère " paru en 2010.
"Être mère n'a jamais été aussi difficile"
Dans son essai,
Elisabeth Badinter met en mots ce que la plupart des femmes se posent comme question, qu'elles veuillent être mère ou pas.
Déjà dans les années 70 (où je suis devenue mère trois fois et par choix), ne croyez pas que les femmes ne se posaient pas de question par rapport à la responsabilité de mettre un enfant au monde, ce n'était pas tout à fait les même questions, car à ce moment-là, la vie n'était pas aussi dure qu'aujourd'hui, la guerre ne se profilait pas à l'horizon, le climat n'étais pas encore à l'ordre du jour et les perspectives d'avenir pour eux n'étaient pas aussi inquiétantes qu'aujourd'hui.
Elisabeth Badinter, dans son livre, statistiques à l'appui, graphiques, recherches poussées, nous dit : "dans les pays progressistes, dotés du droit à l'avortement et à la contraception, ne pas faire d'enfants ou en faire moins est la réponse des femmes au patriarcat". "Dans l'Europe des 27, seuls 8 pays ont un solde naturel positif et hors de l'U.E., c'est 6 pays sur 15"
Toute la problématique du choix des femmes de ne plus ou de faire moins d'enfants a bien entendu des conséquences, politiques, sociales, financières (qui va payer les pensions des aînés), mais il faut pointer aussi les inégalités salariales, le manque de crèche, le manque d'aide, la culpabilité de celles qui travaillent, la charge mentale (d'être une mère parfaite), on n'a jamais demandé à un homme d'être un père parfait, la pression que l'on met sur elles, "il faut allaiter..." l'éducation, la fatigue, la surcharge de travail quand elles rentrent à la maison, la gestion des maladies...
Et surtout quel avenir est réservé aux enfants d'aujourd'hui ? Un climat qui se détériore, la guerre qui menace, les boulots précaires et le maigre salaire qui va avec ou les doubles journées,
Donc, le résultat est que les femmes réfléchissent à deux fois avant de se lancer dans l'aventure de la maternité, conscientes des difficultés d'élever au mieux un enfant aujourd'hui.
En Corée du Sud, les femmes ne veulent plus d'amoureux, plus de mariage et plus d'enfants, c'est le pays où la dénatalité est la plus forte.
Peut-on en vouloir aux femmes ? Évidemment que non !
Mais attention mesdames, nos acquis actuels le sont-ils définitivement ?
Il faut rester vigilantes.
Différents pays misent sur les migrants pour avoir de la main d'oeuvre,
d'autres poussent à fond la robotique pour remplacer l'humain qui va manquer.
Messieurs, encore un effort... est une lecture vraiment intéressante, objective et réaliste.
Je vous invite à le lire, mesdames et oui, vous aussi messieurs !
Elisabeth Badinter est une femme de lettres, philosophe, féministe, femme d'affaires française et spécialiste du siècle des Lumières.
Ci-dessous, le lien sur YouTube sur un entretien qui a eu lieu dans l'émission La grande librairie concernant son livre :
https://www.youtube.com/watch?v=4jABZuNvnFA