Cette année les amateurs de romances adultes sont vraiment gâtés avec les parutions des éditeurs, cela faisait longtemps qu’ils n’avait pas eu autant de titres leur étant destinés disponibles en même temps et c’est un vrai bonheur d’être confronté à des histoires qui nous parlent vraiment et résonnent en nous.
Après des débuts peut-être un peu légers et tirant sur la comédie, nous entrons de plus en plus dans le coeur de l’intrigue et ce n’est pas un coeur pour rose, mais plutôt un coeur fêlé riche en teintes et couleurs. L’ex d’Aoko refait surface comme si de rien n’était alors qu’il l’a fait terriblement souffrir et qu’elle a mis du temps à se remettre. Heureusement son amie Shinobu et son nouveau collègue Tatsuki sont là pour l’aider et la protéger.
La thématique de l’ex est un grand classique de la romance, mais souvent je trouve qu’elle est traitée bien caricaturalement dans le manga. Ça m’a fait du bien ici de voir une autrice y apporter autant de nuance et de réalisme. Elle nous présente un homme qui est parti du jour au lendemain sous un bon prétexte mais qui a ensuite coupé les ponts, et qui revient un peu la bouche en coeur comme si de rien n’était. On pourrait facilement le détester. On pourrait imaginer le harceleur qui insiste pour reconquérir celle qu’il voit comme une évidence pour lui. C’est plus fin que ça. L’autrice rend à merveille les tourments de chacun. Elle nous montre la grande gentillesse de cet homme, sa jovialité, bref ce qui a fait craquer Aoko autrefois. Mais elle nous montre aussi le versant plus sombre, celui de la rupture mal digérée, celui de la souffrance et du traumatisme que ce fut pour cette artiste fragile.
Ce fut donc une très belle idée de petit à petit instiller sur ces bases un rapprochement avec Tatsuki, ce collègue taciturne arrivé il y a peu, qui a trouvé une forme de camaraderie et d’écho avec Aoko, dans leur passion commune pour la céramique. Alors comme elle l’a aidé à surmonter un peu son propre trauma, il compte bien, avec sa discrétion naturelle, l’aider lui aussi et l’accompagner dans ce moment. J’ai beaucoup aimé là aussi la finesse d’écriture de l’autrice qui tout en reprenant des codes bien connus rend cela très mature. On n’a pas de crêpage de chignons, on n’a pas de disputes violentes. On a juste des moments où on ose se dire les choses avec honnêteté, on a des moments où on tend la main et aide son prochain, c’est simple mais c’est beau. Ainsi le rapprochement qui s’était entamé entre Aoko et Tatsuki se poursuit avec une belle profondeur et une riche émotion.
Leur passion pour la céramique est encore un superbe vecteur de communication. Ayant du mal à exprimer chacun leurs sentiments, on les comprend bien mieux à travers leur art. Quand ça ne va pas, Aoko commet des bourde ou n’arrive à rien. Quand une connexion s’établit entre eux, on le voit direct dans l’assiette qu’ils ont réalisé en commun. Et l’autrice s’empare à merveille de la chose pour exprimer dans son trait avec force et puissance la beauté et la richesse de cet art. Les planches autour de la céramique sont toujours aussi magique, poétique et parfois même sensuelle.
Tome peut-être un peu plus doux-amer, il amorce une très belle évolution encore plus en profondeur d’une série qui déjà m’avait touchée par le pouvoir thérapeutique de l’art qu’elle célébrait. En abordant avec maturité la thématique de la blessure sentimentale, Yuki Kodama retrouve pleinement toute la finesse que je lui connaissais et j’ai déjà très très hâte de continuer à voir Tatsuki s’ouvrir et Aoko guérir à son contact. C’est vraiment émouvant.
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