Visiblement les trois derniers tomes s'enchaînent, déjà par une année (de fin de cycle) commune : 1933.



Jallez en a fini avec ses vagabondages érotiques. Pour l'heure il a rencontré Françoise Maïeul, qui lui avait écrit une lettre d'admiration pour son oeuvre littéraire. Elle a vingt-trois ans, lui plus de quarante. Contrairement à ses autres aventures amoureuses, celle-ci pourrait bien durer. Aurait-il rencontré sa compagne d'une vie ?



Les choses ne s'arrangent pas pour Jerphanion aux Affaires étrangères. Il va démissionner, incapable de supporter plus longtemps des pourparlers de paix auxquels il ne croit plus du tout.



Jules Romain nous fait aussi à nouveau arpenter les rues de Paris en compagnie de Françoise et Jallez. Ces balades sont un des leitmotivs de l'ensemble du cycle des Hommes de bonne volonté...

Une fois de plus le titre de ce tome 25 laisse perplexe... De quelle nature va donc être ce tapis magique ? Probablement pas de ceux qui volent, avec l'aide de substances psychotropes.



En réalité ce titre est issu des cogitations de Jallez. Il est au milieu de sa vie, sans attaches féminines contraignantes. Il a envie de multiplier les conquêtes amoureuses sans lendemain, de celles qui lui donnent une vitalité qu'il n'éprouve plus que rarement. C'est à une sorte de tour d'Europe de 1933 que nous allons avoir droit par ce biais.



Le roman s'ouvre toutefois sur deux personnages inoubliables, le jeune Charles Xavier, qui vit dans un foyer pour orphelins - son père est mort à Verdun et sa mère l'a abandonné - et Vidal, qui était aux côtés de son père sur le champ de bataille. C'est une sorte de parrain intermittent. Il s'est mis en tête d'emmener Charles sur les lieux. C'est un électricien indépendant qui se déplace avec un véhicule parfaitement outillé. Il compte alterner travaux et visites des villes emblématiques de ce front.



Du côté de Jerphanion, il y a eu de gros changements : alors qu'il n'avait encore pas eu de poste politique de premier plan on lui propose le ministère des Affaires étrangères, qu'il accepte. On est en 1933, les fascismes grondent : sa tâche ne sera pas aisée...

Le thème principal de ce tome 24 est l'insatisfaction qu'éprouvent nos personnages récurrents. S'il y a comparution c'est uniquement devant un tribunal tout intérieur.



Haverkamp; qui a pourtant encore passé un cap dans sa fortune avec la mise en place de ses "bons", qui permettent des financements qui ne reposent sur rien d'autre que sa bonne réputation. De crise économique il n'est pas encore vraiment question, mais on sent qu'elle va se produire. Il est tout à ses rêves mégalomanes alors que son avion personnel le ramène de Londres. Nous sommes en 1928 et ce ne devait donc pas être un jet ! Les institutions financières britanniques les plus respectables l'ont snobé et il éprouve beaucoup de colère.



Jallez et Jerphanion ont aussi une longue conversation. Il leur semble avoir échoué dans ce qu'ils ont entrepris et pire, dans une certaine mesure, trahis leurs idéaux de jeunesse. A peine de retour des Etats-Unis Jallez recçoit une étrange invitation : Quinette, qui s'est retiré à Nice, est mourant. Il souhaite le rencontrer pour soit disant lui confier quelque chose d'extraordinaire. Le lecteur se doute bien un peu de ce que vont être ses confessions. Mais le doute subsiste toujours sur ses fragilités mentales...



Nous avons aussi quelques nouvelles des personnages découverts dans le volume précédent, en particulier Nodiard, dont on se demande aussi dans quelle mesure il n'est pas avant tout un mythomane. Françoise apprend que des tractations de mariage ont lieu entre ses parents, dont la situation financière n'estplus très brillante et un couple de sud-américains richissimes. Ils voudraient marier leur fils à Françoise...

Ce vaste roman-fleuve va bientôt se clore (tome 23 sur 27) mais Jules Romains met en scène de nouveaux personnages, ou à peine entrevus telle Françoise Maïeul, une jeune étudiante en littérature à la Sorbonne. Si mes souvenirs sont bons c'est elle que nous avions presque vu naître dans un chapitre d'un tome plus ancien.



Je m'imaginais que ce titre de "bande" se référait à un groupe d'amis. Mais ce n'est pas vraiment ça... Les bandes en question, en cette année 1926, ont davantage à voir avec des activistes politiques, tous extrémistes.



Gravitent autour de Françoise des individus riches et pervers tel Gilbert Nodiard. C'est la tête pensante d'un groupuscule qui se nomme "Action d'abord".



Les politiques au pouvoir peinent à comprendre cette éclosion, passée presque inaperçue, de fascistes français, parfois transfuges du parti communiste, tel Douvrin. Le sujet sera porté à la connaissance de beaucoup au cours d'un dîner que Bouitton organise entre politiciens. Les Jerphanion y sont, tout comme Gurau...



Une fois de plus difficile de deviner où va nous emmener Jules Romains dans le volume suivant, "comparutions".

Ce tome 22, qui se situe chronologiquement en 1925, a des allures de retour vers le passé. Nous y retrouvons d'abord l'entrepreneur Haverkamp, perdu de vue depuis son apparition à Moscou. Ses affaires sont florissantes. Il atteint lui-aussi l'âge mûr. Deux projets l'occupent beaucoup : se faire bâtir un hôtel particulier à Paris, d'un style résolument moderniste et acquérir un château en province. Il veut aussi divorcer. Car il a fini par épouser sa secrétaire, mais ne la supporte plus, malgré son éloignement (elle vit au Pays Basque).



Il croisera la route de Jerphagnon. Celui-ci est devenu le vice-président du parti radical et va être candidat pour les élections législatives. Bouitton lui a demandé de le contacter afin de savoir s'il est disposé à financer ce parti. Et contrairement à ce qu'on pourrait attendre d'un homme pareil, il accepte.



Le dernier tiers du roman voit les Jerphagnon, Jallez et Bartlett passer quelques jours dans la propriété de Torchecoul, qui les a invités. Ce maître à penser de Bartlett a lui aussi bien vieilli. Il a gardé sa conversation éclairante sur bien des sujets, en dépit de sa retraite. Ce séjour nous réserve de belles pages : la vie peut être douce parfois...

Nous avions laissé Jerphagnon et Jallez en union soviétique au tome précédent. Changement de ton total avec ce tome 21 centré autour de la candidature de Jerphagnon à la députation dans le département de la Haute-Loire, où il est né.



Un long discours qu'il adresse à des enseignants permet à Jules Romains de faire le point sur les années passées depuis 1908. Les illusions de jeunesse se sont envolées, avec la guerre. Jerphagnon se présente sur une liste radicale-socialiste, dont il est peut-être nécessaire de rappeler que ce parti n'avait de radical que le nom et était au contraire situé au centre de l'Hémicycle.



Ce département montagneux il va le parcourir de long en large pour s'y faire connaître, avec succès. Il va surtout se passionner pour une affaire suspecte : une famille de paysans vivant dans un endroit très isolé est peut-être criminelle : deux de ses membres sont passés de vie à trépas au plus fort de l'hiver. Il n'y a pas eu véritablement d'enquête de gendarmerie et les permis d'inhumer ont été délivrés.



Nous retrouverons aussi Jallez à Genève. Il travaille encore pour la SDN. Il retrouvera le docteur Viaur qu'il avait connu à La Celle alors qu'il n'était qu'un obscur chercheur...



Ce tome mélange considérations politiques et affaires de crimes, ce qui ne semble pas évident au premier abord mais que Jules Romains concocte avec sa maestria habituelle...

En continuité directe avec le tome précédent, ce vingtième volume est tout entier consacré au voyage que Jallez et Bartlett font en union soviétique. Jallez, par le biais de la SDN a eu son visa d'entrée. Bartlett en sa qualité de journaliste anglais, l'a eu aussi. Ils ont le projet secret de rejoindre sur place un certain Poliapof, un ancien député russe qu'ils ont connu à Rome.



Ils arrivent par le port d'Odessa. Ils resteront coincés quelques temps dans cette ville avant d'obtenir de pouvoir se déplacer dans les territoires qui souffrent le plus de la famine. Ils feront la connaissance d'un américain, Gordon, qui s'occupe d'une association humanitaire de lutte contre la famine, "American Relief".



En parallèle avec ce voyage au bout de l'enfer Jerphagnon est lui aussi présent en union soviétique. Il est devenu l'assistant du ministre Bouitton, qui est sur place pour renouer des relations économiques. C'est l'autre côté du miroir, avec des hôtels de luxe, de la bonne chère et de nombreux égards.



Jallez est arrêté par la police politique du régime. Il est emprisonné et craint pour sa vie sans même qu'il sache quelle est la nature exacte de ce qu'on lui reproche...

Les années passent : du début en 1908 jusqu'à ce tome 19 qui se situe en 1922 beaucoup de personnages ont évolué. Paris est saisi d'une frénésie de modernité et de jazz. L'air du temps est à l'amusement après la grande épreuve de la guerre. Le petit noyau des "hommes de bonne volonté" a bien changé. Les idées politiques des uns et des autres sont moins tournées vers un idéal de paix et de progrès.



Jallez a quitté Nice pour l'Italie. Il y a été envoyé pour une série d'articles sur le fascisme. Il s'entendra avec un autre personnage récurrent, dont nous avions seulement lu quelques articles drôlatiques, le nommé Stephen Bartlett. C'est un journaliste anglais haut en couleur. Les deux s'associeront pour un nouveau projet professionnel. Une famine sévit en union soviétique, quelques années après les évènements de 1917. Le pays est assez fermé mais ils ont bon espoir de pouvoir y entrer malgré tout.



Le jeune Louis Bastide est devenu un jeune ingénieur. Il vient voir Clanricard pour lui présenter sa fiancée et lui apprendre qu'ils vont aller s'établir au Maroc, où un premier travail lui a été offert.



Le ménage de Clanricard bat de l'aile : Mathilde trompe son mari avec Laulerque qui s'en apercevra et en souffrira.