Tous les ans, Pocket est parti pour nous sortir deux des tomes de la saga d’Anna Triss qui a été conçue comme une duologie de trois actes, un rythme à la fois bien vu et frustrant, car une fois les 2 tomes lus formant certes un tout, il faut attendre pour avoir la suite…
J’avais eu quelques réticences, et le mot est faible, face à l’écriture des débuts de cette saga présentée car de la Dark Fantasy, on pourra désormais la renommer Dark Romantasy vu l’ampleur pris par ce phénomène de mode. Car il faut l’avouer, nous avons certes un univers sombre, mais c’est surtout la romance qui l’est plus que le décor magique, ce dernier étant voué à soutenir cette dernière et non l’inverse malheureusement. Nous sommes donc plus dans une romance à décor fantasy que dans une fantasy avec une romance. Vous me suivez ? xD
Bref après avoir eu énormément de mal avec le côté très toxique des premiers tomes que l’autrice ne nuançait pas assez à mon goût, elle a su me surprendre agréablement en apportant le contre poids que j’attendais ici. Petit saut dans le temps et hop exit la petite assassin manipulable à souhait qui couchait avec son prof bien trop vieux qui la manipulait. Panama est désormais une femme proche de la trentaine, devenue une mercenaire et qui sait que sa relation passée avec Khamar était mauvaise pour elle. Cependant, elle n’en a pas fini avec lui.
Une nouvelle duologie engage le lecteur avec ce tome 3, Le Don de la vie, et le suivant L’étoile de Feu. Nous allons cette fois y suivre une Panama adulte, avec des soucis d’adulte, à savoir un ex totalement fou et toxique qui souhaite remettre la main sur elle et sur l’enfant qu’elle ne se rappelle pas avoir eu de lui. J’ai bien aimé dans cette première partie voir comment l’autrice parvenait à insuffler dans un univers de fantasy des thématiques très actuelles autour de cette toxicité masculine représentée par Khamar, mais aussi de la question de « l’instinct maternel » dont on nous bassine alors qu’il a été démontré que c’était une construction sociale. Ainsi, le personnage de Panama, bien que très rude et agaçante dans ce tome, porte des thèmes lourds sur les questions de relationnel, de famille et de parentalité.
En prime tout cela est englobé dans une vaste intrigue de trahisons, contre trahison, guerre, lutte de pouvoir et de magie, dans laquelle Khamar va encore, sans nuance, jouer les rôles de grand méchant à merveille et où les amateurs de dragons comme moi, vont avoir le plaisir de les recroiser au pic de leur souffrance et de leur impuissance. Ce fut donc une lecture à la fois prenante et assez frustrante. L’autrice a vraiment donné cette teinte sombre et pensante dont elle souhaitait colorer son texte. Les personnages sont rarement attachants. L’aventure est rarement positive, les gains sont rares et les défaites nombreuses.
Pour autant, on s’attache à cette ambiance un peu défaitiste où tout tourne toujours mal. On aime être brinquebaler avec nos héros sur les routes et dans les ruelles et tavernes de cet univers. Il y a des échanges grinçants savoureux entre le nouveau duo phare de la saga à savoir Paname et Beladyn, le dragon protecteur d’Aube, la fille qu’elle ne se rappelle pas avoir eu. Beladyn est vraiment mon coup de coeur ici. Il est un vrai papa poule et en même temps il ne prend pas « sa fille » pour une petite chose fragile à qui il faut cacher le monde ou la vérité. Il a un humour caustique et grivois, qui le fait régulièrement tenter sa chance avec Panama malgré ses rebuffades, ce qui est fort amusant, même si ici, on n’est clairement pas sur un tome aux couleurs de la romance. L’autrice au contraire montre les difficultés de sortir d’une relation toxique, les conséquences sur la formation de la femme qu’est devenue Panama des années plus tard et les traces que cela laisse.
Là où j’ai été déçue, c’est que je trouve l’intrigue bien mince et caricaturale au final. On a d’un côté un grand méchant qui veut déclarer la guerre à tout le monde, récupérer les artefacts les plus puissants pour être le plus fort. Il veut pour cela récupérer sa fille et ses pouvoirs extraordinaires et son ex- compagne qui est bien sûr son seul point faible. Ce n’est quand même pas hyper recherché quand on y réfléchit, c’est même très très basique et quand on voit le nombre de pages consacrés à cela, on peut s’interroger sur l’efficacité de l’oeuvre… Cependant, ça reste une lecture addictive grâce à la dynamique des personnages, qui contrairement à l’univers qui tient sur une feuille de papier à cigarette, ont des échanges bien plus piquants et des casseroles à se traîner qui promettent une jolie cacophonie. C’est donc plus eux qui tirent l’oeuvre que l’inverse.
J’ai passé un meilleur moment que précédemment au cours de ce tome qui montre les ravages qu’une relation toxique peut avoir sur une femme. J’ai trouvé intéressant de voir comment l’autrice alliait fantasy et problématiques actuelles. Je reste sur ma faim face à une intrigue bien mince et caricaturale, tout comme le décor de fantasy qui au-delà de son classicisme est bien mince au final comparé à la place prise par le relationnel dans cette histoire. Heureusement, j’ai eu le fort, le caustique Beladyn qui a fait ma lecture !
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