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Critique de EnibasEmolas


Tout part d'un tableau que Johann Naldi achète aux enchères à Avignon en 2020 : le tableau a pour titre « Homme au pardessus et parapluie ». On y voit un homme de grande taille, avec un haut de forme, qui remonte le revers de son pardessus de sa main droite gantée et manifestement large, à la limite de l'auto-étranglement, luttant contre une bourrasque. Essayant de cacher son visage, son attitude est louche, l'expression du visage est fermée et peu rassurante. En arrière-plan, une place de Londres probablement, et deux grandes roues de charrette à bras, d'un rouge sanglant qui casse violemment l'harmonie apparente du tableau aux teintes beige, gris, vert-de-gris...
Les charrettes à bras étaient utilisées à la fin du XIXème siècle à Londres pour transporter les blessés... et les cadavres, dont ceux des victimes de Jack L'éventreur, certaines ayant d'ailleurs été découvertes par des charretiers. Coïncidence ?

L'enquête commence, Johann Naldi procède comme un expert de la brigade criminelle, analysant le tableau comme on analyserait une scène de crime. Et ce qui commence par une simple identification de l'auteur d'un tableau conduit l'expert sur les traces de l'un des plus grands et terrorisants tueurs en série du XIXème siècle : Jack l'Éventreur !

Il aura fallu 130 ans pour enfin connaître l'identité de ce monstre sans visage qui a sévi dans les ruelles sombres de Londres en 1888, sur lequel on a écrit des centaines de livres, et dont la seule évocation de son surnom donne la chair de poule. Jamais identifié de son vivant, Johann Naldi clôt le dossier une bonne fois pour toutes. Marchant sur les pas de Patricia Cornwell, l'écrivaine américaine de romans policiers qui avait, la première, lancé la piste du peintre anglais Walter Sickert (1860-1942), l'auteur confirme cette piste en utilisant ses qualités d'expert et de chercheur en tableaux du XIXème siècle.

Outre cette affaire, les pages de l'auteur mettent en avant le fait que peu de crimes modernes ou disons de faits divers ont fait l'objet de reproductions picturales, mis à part La mort de Marat par David, premier tableau de circonstance et journalistique, car réalisé dans les jours qui ont suivi l'assassinat.

Une fois le peintre identifié, le français Jacques-Émile Blanche (1861-1942), il cherche son modèle et ami... Walter Sickert (1860-1942), peintre également, britannique, dont les tableaux trahissent un goût malsain pour les scènes macabres...
En plongeant dans l'univers de ce fameux Walter Sickert, on trouve des tableaux qui donnent froid dans le dos, comme La chambre de Jack l'Éventreur, peinte entre 1905 et 1907 à l'époque où l'artiste habite le quartier de Whitechapel, où ont été commis les cinq meurtres ignobles de Jack l'Éventreur entre le 31 août et le 9 novembre 1888 : Mary Ann Nichols, Annie Chapman, Elizabeth Stride et Catherine Eddowes la même nuit, puis Mary Jane Kelly. L'horreur et l'acharnement du meurtrier est grandissante, laissant la toute dernière victime telle une masse de chaire méconnaissable.

Revenons à Walter Sticker, ce peintre britannique qui peint le jour et traîne dans les cabarets et autres lieux douteux londoniens la nuit et dont il se sert comme sujets pour ses toiles, des nues de femmes qui mettent mal à l'aise, on se demande si la femme représentée dort ou vient d'être assassinée... le coup de brosse est vif, violent... il avait une fascination pour les criminels et les lieux sordides où ils traînent, est décrit par ses contemporains comme versatile et faisant preuve d'une absence d'empathie qui pourrait le classer dans la catégorie psychopathes !
Quant à l'auteur du tableau, Jacques-Émile Blanche (1861-1942), qui était ami avec Sticker, il le présentait comme un « immoraliste »... en savait-il plus sur son côté sombre ?

Ce livre est prenant, passionnant, l'iconographie est on ne peut plus complète, sur l'affaire, mais pas uniquement, et la mise en page colle parfaitement avec le sujet!
Je ne vais pas dire pas que j'ai passé un super moment à lire les horreurs de Jacko le Psycho, mais j'ai par contre été vraiment emportée par l'écriture et l'enquête de Johann Naldi.

Lien : https://www.instagram.com/zo..
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