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Critique de Denis_76


10e livre des Rougon, avant " Au bonheur des dames", mon préféré.
Octave Mouret monte de Plassans à Paris. Il est accueilli par Achille Campardon, qui le connaît de Plassans. Celui-ci lui trouve un logement au 4è étage de son immeuble, rue Choiseul.
On fait la connaissance de la terrible Mme Josserand, qui veut absolument se débarraser de ses filles, Javotte et Anastasie.. Non, Hortense et Berthe. Lors d'un thé chez Clotilde Duveyrier, la fille du propriétaire, le vieux Vabre que tout le monde imagine riche, elle pousse Berthe dans les bras d'Auguste, le fils du propriétaire, afin de la "placer" etde les marier, mais il faut payer la dot de 50.000 francs qu'ils n'ont pas. Elle harcèle son frère, Narcisse Bachelard, vieux négociant ivrogne, qui les lui a promis.
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C'est un roman réaliste, non complexe, mais compliqué, car il faut faire un arbre généalogique de l'immeuble. Il s'agit d'un immeuble bourgeois avec commerçants et magistrats ; Emile Zola se propose ici de faire l'analyse des bourgeois parisiens. Cela se passe au Second Empire, et c'est de la sociologie mise en pratique. En effet, je me demandais, presque jusqu'à la fin qui était Pot-Bouille ? Ce n'était pas la bonne question. La bonne question, c'est : que veut dire l'expression "pot-bouille" ?
Faire pot-bouille avec quelqu'un, c'est se mettre en ménage avec cette personne ; Pot-Bouille, c'est la vie pas possible de tous les habitants de l'immeuble !
Un immeuble bourgeois, qui vit avec dignité, honnêteté, honneur, tact, et des principes moraux.
Mais un immeuble, je reprends les expressions des habitants au fil des pages, plein de saletés, affaires, tourments, où l'on cache le mot de "maîtresse", cochonneries, "ça" (pour le sexe), salopes, vilains, coups de plumeaux, saletés, dégoûts, bêtises, adultères, bons moments, explications...
Bref, ce qu'on appelle aujourd'hui les prises de têtes, les scènes de ménage.
L'hypocrisie bourgeoise prend ici "son paquet" par Emile Zola.
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
… Plus ça devient vieux plus ça devient c...
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Présentation de quelques personnages.
Octave, du 4è étage, notre "héros", est le Casanova de ces dames qui s'ennuient, ou en pleurs. C'est un calicot.
Marie Pichon, du 4è, douce et passive, dont le mari Jules rentre à pas d'heures, tombe dans les bras de qui vous savez.
Mme Eleonore Josserand, du 3è étage, est une maîtresse femme qui crie tout le temps.
Mr Jusserand, employé dominé par sa femme, en crève de détresse.
le fils Léon Jusserand, parti, de caractère rogue, cherche à se faire placer par mme veuve Dambreville.
le fils fou Saturnin, protège Berthe. Tout le monde en a peur sauf elle.
"Sitarane larivé avec grand couteau dans la main,
mi koné Sitarane lé mauvé li lé volèr mauvais kèr"
La fille Hortense plane sur Verdier qui ne lâche pas sa maîtresse.
Enfin Berthe, docile, obéit à sa maman, et devient auprès de son mari Auguste une deuxième Eléonore, reprenant les même arguments qu'elle.
Enfin, dans la famille Josserand, je voudrais l'oncle, Narcisse Bachelard, qui vit à l'extérieur. C'est un sympathique commerçant au nez rouge, qui aurait pu être joué par Galabru en son temps.
La douce Mme Juzeur, du 3è étage aussi, a été plantée là par son mari après une semaine de mariage. C'est "madame Tout-mais-pas-ça".
Au 3è, le couple Campardon, lui architecte, et Rose mélancolique, et leur fille Angèle. Mais il est amoureux de sa cousine Gasparine qui, on dirait perverse narcissique au XXIè siècle, avaleuse de pied de riz à La Réunion, le bouffe entièrement,
Au premier étage, il y a un monsieur inconnu, un "duc".
Il y a aussi la famille Duveyrier, lui magistrat, qui se fait bouffer par sa maîtresse Clarisse qu'il a dans la peau, lui impose sa famille souillon, puis le jette, pour son plus grand bonheur car il en aurait crevé, car elle a trouvé un nouveau vieux riche.Sa femme Clotilde, fille Vabre, pianiste, obsédée de trouver des ténors pour jouer son morceau lors des thés qu'elle propose. Il y a aussi leur fils Gustave, et le vieux Vabre, propriétaire.
Lorsqu'il meurt, tous se déchirent pour un héritage presqu'inexistant.
Je dis, argent, trop cher
Trop grand
La vie n'a pas de prix
Argent, trop cher
Trop grand
La vie n'a pas de prix, pas de prix
Au premier, il y a aussi Auguste Vabre, éternel enrhumé, qui tient le magasin de tissus au rez-de-chaussée, ave sa femme Berthe qui elle, ne pense qu'à soutirer de l'argent à son mari pour faire les boutiques.
Enfin, le dernier enfant Vabre, Théophile, malade chronique aussi, excité et jaloux, vit avec sa femme Valérie aux yeux de feu, avec qui notre play-boy s'est pris un rateau.
Il y a aussi le couple Gourd, concierges, lui grognon moralisateur, mais ce qui se passe dans l'immeuble,
tout-à-fait (Thierry) ! cela ne nous regarde pas ! cela ne nous regarde pas !
Enfin, il y a toutes les bonnes qui se jettent des injures dans la cour des cuisines, et commèrent des la-dit-la-fait ( ladilafé) sur leurs bourgeois et leurs bourgeoises, mais les bonnes, je ne vous en parle même pas !

Bref, une très belle mise en scène de Zola ! je me suis régalé, mais j'ai mis du temps car il fallait que je fabrique et consulte mon arbre généalogique de l'immeuble Pot-Bouille !
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Sur cette couverture, je pense qu'on voit Berthe en chemise, éperdue, sortant de chez Octave Mouret, alors que son mari Auguste ayant découvert le cocufiage, gifle l'amant.
Ma couverture ( le livre de poche, 1957 ) représente un couple. Il pourrait s'agir de Mr Josserand qui essaye de calmer Eléonore, sa femme, qui lui jette un regard noir. Mais si elle fait les yeux doux ( on a du mal à percevoir comment elle le regarde), cela peut être Octave Mouret qui console Marie Pichon... Il y a tellement de situations qu'on peut tout imaginer !


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