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Critique de Zakuro


Un vent noir souffle sur les côtes déchiquetées du North Berwick en Ecosse.
Le paysage fascinant et troublant des falaises de Bass Rock a le goût des embruns et de la mort. Et quelle étrange coïncidence, je commence ma lecture en apprenant qu'un projet de loi sera déposé cet été au Parlement écossais pour innocenter les milliers de femmes accusées de sorcellerie et condamnées au bûcher entre le XVI et le XVIII ième (en Ecosse mais partout aussi dans l'Europe actuelle). Un féminicide généralisé qui ne dit pas encore son nom.

North Berwick justement. C'est le paysage sauvage, particulièrement déroutant où nous emmène Evie Wyld c'est aussi le siège malheureux de la première chasse aux sorcières en 1590.
Comme un château hanté sur ces siècles d'histoire, la demeure victorienne des Hamilton est le fantôme d'une lignée de femmes appelées à se soulever des violences domestiques et sexuelles qu'elles subissent.

C'est un roman très fort, il bouscule les repères et les liens du sang pour suivre Ruth après la deuxième guerre mondiale et Viviane aujourd'hui, liées toutes deux à la demeure comme Sarah au 18ième siècle.

J'ai beaucoup aimé ces allers-retours abrupts entre passé et présent, qui s'entrechoquent et bravent les années et les siècles à n'en plus savoir où l'on est et qui parle.
Un roman choral mais qui parle d'une seule voix de la farouche ardeur des femmes à dire non, à faire valoir leurs choix malgré les risques d'enfermement et de mort, à se défaire d'une culture qui pèse sur leurs épaules de génération en génération comme le lot des « chatouilles ». Un héritage que les femmes ne veulent plus transmettre.

Un roman hanté par le sort des femmes. Il parle des femmes sorcières d'aujourd'hui dans le sens noble du terme mais il n'est pas contre les hommes pour preuve les beaux portraits de Michaël et de Christopher. Christopher est le seul à pouvoir donner quelques clefs de compréhension et de sagesse en parlant de Ruth à Viviane. Michaël est l'homme qui répare et réconcilie, il est le lien du sang et du coeur, le grand-père de Viviane.

J'ai vraiment aimé ce roman à la fois gothique et moderne. C'est un mélange diablement attirant par son côte historique ancré dans une maison et par son regard sur la femme d'aujourd'hui dans une mise en scène haletante comme un thriller.

Un roman qui distrait sans oublier la guerre en Ukraine.

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