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Critique de JIEMDE


Il aura fallu vingt ans à Don Winslow pour achever sa trilogie et décortiquer l'histoire vraie, violente et sulfureuse du « Je t'aime, moi non plus » entre les États-Unis et l'Amérique centrale au sujet de la drogue. Après La griffe du chien et Cartel, La frontière -traduit par Jean Esch- clôture magistralement ce qui est d'ores et déjà à ranger au rayon des oeuvres. Et des grandes !

L'histoire redémarre là où elle s'était achevée : Adan Barrera mort, la 3e génération des patrons de cartels voit son heure arriver mais reproduit les méthodes de ses ascendants pour éliminer ses rivaux et agrandir ses territoires. de son côté, Art Keller reprend du service à la direction de la DEA, désormais persuadé que c'est à la tête et plus à la base, que la guerre contre la drogue se gagnera. Et il semble bien que cette tête soit moins au Mexique qu'à Washington ou New-York, au plus près du pouvoir américain…

Forcément, c'est un peu court pour résumer 842 pages impressionnantes de rythme, de construction alternée et de scènes d'une maîtrise inégalée : quand Winslow décrit l'univers carcéral américain, ou l'incroyable fuite de trois jeunes migrants sur le toit de la Besta -le train de la mort qui emmène vers le rêve américain-, ou encore la vie quotidienne des petits gangs mafieux new-yokais qui n'ont rien à envier dans leurs pratiques à leurs grands homologues mexicains, ce sont autant de moments d'anthologies littéraires qui se figent dans nos mémoires de lecteurs.

Comme naguère avec Barrera/El Chapo, Don Winslow ne résiste pas à introduire dans La frontière, une part de réalité actualisée, et quiconque suit un peut l'auteur sur Twitter ne sera pas étonné de retrouver dans le président Dennison, son gendre Lerner et la clique des proches de ces derniers, une ressemblance assumée avec les actuels occupants de la Maison Blanche. Comme une dernière volonté d'affirmer que c'est bien là désormais que tout se joue, pour le meilleur ou pour le pire, l'avenir le dira.

Car la morale finale de cette trilogie, Winslow la renvoie à la face de l'Amérique :

« Alors quelle est cette douleur, au coeur de la société américaine, qui nous fait rechercher une drogue capable de l'atténuer, de l'étouffer ?
Est-ce la pauvreté ? Les injustices ? L'isolement ?
Je ne détiens pas la réponse mais nous devons nous poser la vraie question…
Pourquoi ? »
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