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Critique de Nastasia-B


" le Poëte, l'amour du Beau, voilà sa foi,
L'Azur, son étendard, et l'Idéal, sa loi ! "
Vous aurez reconnu ici deux des vers du prologue, qui résument avec une assez grande fidélité (de même que l'épilogue), la profession de foi d'un de nos plus grands poètes, toutes époques confondues, et du XIXème, assurément.

À la lecture de ces pages, Verlaine se révèle être le poète de la cadence, voire de la scansion. Une rythmique incomparable, différente de celle de ses contemporains ou de ses proches aînés du Grand Siècle Romantique. Jugez plutôt :

" Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main
Et fais-moi des serments que tu rompras demain, "

" D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre [...] "

" Et son âme d'enfant rayonnait à travers
La sensuelle ampleur de ses yeux gris et verts. "

" Nuit mélancolique et lourde d'été,
Pleine de silence et d'obscurité,
Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure
L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure. "

" Lançant dans l'air bruni son cri désespéré,
Son cri qui se lamente et se prolonge, et crie,
Éclate en quelque coin l'orgue de Barbarie :
Il brame un de ces airs, romances ou polkas,
Qu'enfants nous tapotions sur nos harmonicas
Et qui font, lents ou vifs, réjouissants ou tristes,
Vibrer l'âme aux proscrits, aux femmes, aux artistes.
C'est écorché, c'est faux, c'est horrible, c'est dur,
[...]
Les notes ont un rhume et les do sont des la,
Mais qu'importe ! l'on pleure en entendant cela ! "

Vous l'aurez compris également, chez Verlaine, Paris rime avec pourris et la Seine avec malsaine. On est bien dans l'esprit mi-spleen, mi-décadence, entre Baudelaire et Huysmans.

Bien évidemment, tout n'est pas, tout ne peut pas être, aussi fin, sobre et relevé (personnellement j'aime un peu moins les poèmes sur les personnages historiques) que sa sublime Chanson d'Automne, dont les sanglots longs, difficilement égalables, n'ont pas fini de s'en aller, au vent mauvais, frapper à notre coeur, ou à défaut, notre âme. Mais lorsque vous achetez un album musical, pouvez-vous prétendre que chaque titre vous envoûte ? Alors ici, faites de même, et quoi qu'il en coûte, goûtez tous ces poèmes ...

" Et dans une harmonie étrange et fantastique
Qui tient de la musique et tient de la plastique "

C'est volontairement aujourd'hui que je me suis effacée derrière l'auteur lui-même, car il est et restera toujours son meilleur défenseur. Si vous aimez quand le verbe se fait musique, quand la langue disparaît derrière des accords majeurs, alors c'est pour vous que Verlaine a écrit. Mais cela, bien sûr, n'est que mon petit avis sur de la grande poésie, c'est-à-dire, pas grand chose.
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