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Critique de berni_29


C'est le mois du Blanc, il faut en profiter.
Sylvain Tesson aime les vertiges, la montagne, les ascensions, moins les descentes qui ne lui réussissent pas toujours. Je n'étais donc pas étonné qu'il m'entraîne ici entre Menton et Trieste sur des cimes alpines qui tutoient le ciel, durant quatre saisons, quatre printemps où la neige tient encore sur les sommets, - dépêchez-vous si vous êtes tenté j'ai entendu dire que cela ne durera pas toujours, quatre saisons entre 2018 et 2021.
Je préfère la mer à la montagne, question d'habitude sans doute, mais je suis prêt à discuter objectivement du sujet avec une bonne poignée de langoustines, autour d'une tartiflette et accompagné d'un Apremont... Mais je pense que Sylvain Tesson parle mieux de la montagne qu'il parlerait de la mer, quoiqu'il a su un jour m'étonner en évoquant la plage de Lostmarc'h en presqu'île de Crozon dans un de ses récits.
Le récit est un rendez-vous poétique, aérien, qui atteint parfois des sommets d'ironie comme aime le faire Sylvain Tesson, inspiré par la splendeur des paysages et se penchant sur notre humanité lorsqu'il se retourne vers la vallée, vers nous.
Trois amis, dont Sylvain Tesson, ont décidé de sillonner les sommets en ski, franchir des cols, passer d'un versant à l'autre... Pourquoi ? Pour rien, pour le plaisir, pour l'ivresse des cimes, pour la beauté inutile des voyages, avoir ce ciel immense, cette blancheur tout autant pour seul habitat. du bleu posé sur du blanc...
Je suis entré dans ce livre à un endroit où le ciel et la terre ne font qu'un, un seul élément, un seul chemin qui se perd dans ce blanc.
L'apesanteur est au rendez-vous, la légèreté aussi. Les mots de Sylvain Tesson s'en imprègnent magnifiquement.
Ils skient, ils tracent des courbes souvent harmonieuses dans les pages de ce livre. Même quand ils se perdent...
Sylvain Tesson n'a jamais peur de la page blanche.
Je sens bien, à force de le connaître, que Sylvain Tesson, ici comme ailleurs, cherche le paysage ultime, derrière les splendeurs éphémères. C'est son rêve, l'appel de l'abîme sans doute, ce qui le fait se lever le matin, le mettre à la verticale d'un paysage. Tenir debout. Se voûter lorsque le paysage devient rond. Entrer dedans.
Écrire sur la neige, zigzaguer inlassablement.
S'élever dans les cimes, c'est ne pas grandir pour autant. On amène toujours sa misère là-haut.
Aller de refuge en refuge.
Parfois, j'ai eu l'impression qu'entrer dans ce récit, c'était comme pousser les portes d'un royaume onirique.
Sylvain Tesson sait dire la beauté des départs, des commencements. Sait dire le vent qui donne du mouvement à la neige, lui donne une chorégraphie harmonieuse. Sait dire la grâce d'un paysage fragile. Sait dire l'absurdité des temps modernes qui griffent ce qui nous entoure.
Après, bien sûr il faut redescendre, passer sans doute par des sas de décompression, et ça Sylvain Tesson sait le faire mais ne l'aime pas. On le sent bien...
Bon, pour conclure ce billet, revenons un instant sur le coupable de ce livre, Sylvain Tesson. Que l'on apprécie ou pas le personnage, il aime jouer les mouches du coche et cela lui va à ravir. Il a ses détracteurs comme la neige a les siens : la pluie, le vent, la boue... Il agace et je comprends que ce soit agaçant qu'un écrivain vienne vous chercher pour vous ramener devant le miroir sinistre de l'humanité. Ce n'est pas toujours glorieux en effet. Cela dit, je préfère mille fois lire ses livres que d'imaginer passer les vacances avec lui... J'ai trop le vertige !
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