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Critique de AugustineBarthelemy


Apostasie est un roman où deux histoires s'imbriquent. Nous suivons dans une première partie, qui est une longue exposition, Anthelme, un être dépressif à fleur de peau, désabusé du monde réel, qui se réfugie dans les livres pour y vivre les aventures que la réalité ne lui offre pas. Il vit en ermite dans une mystérieuse forêt, la Sylve rouge, où il retrouve le décor des contes de fées qu'il apprécie tant. Il n'en sort que pour emprunter des livres à la bibliothèque, tenue par une certaine Alice (non mais vraiment….en terme de prénoms signifiants, les personnages secondaires sont servis. On retrouvera, entre autres, une Médea, une Aurora, une Perséphone, une Élaine -entendre Hélène- et même une Ariane). C'est sa vie dans ces bois mystérieux qui y est décrite. Sa rencontre avec la faune et la flore censée diffuser, lentement et sûrement, ce fameux sentiment d' »inquiétante étrangeté ». Cette partie sert aussi à exposer la légende de la fleur d'Ovange, qui aura une importance dans la dernière partie du roman, qui est rapportée dans un livre qui parle de son habitat. Et justement, il rencontre un soir son auteur, Alvaron, qui lui propose de partir à la découverte du maître des lieux, du créateur de la Sylve rouge, le mystérieux Aphelion. Ce dernier lui contera l'histoire d'un royaume abandonné et de sa princesse disparue, Apostasie. C'est cette légende qui fera l'objet de la deuxième partie du roman. L'ennui, c'est qu'elle est bien plus intéressante que l'histoire principale. Envoûté par ce récit dont on ne sait s'il est réel ou fictif, Anthelme part à la recherche d'Apostasie pour réveiller la belle endormie. Une quête désespérée, objet de la dernière partie de l'ouvrage.

L'ambiance de ce roman est assez bien travaillée, on y retrouve l'esthétique des contes de fées et des romans gothiques, entre les châteaux abandonnés et en ruines, les princesses, les fées et les vampires. Mais le tout, dans cet univers onirique et mélancolique, manque d'originalité. Ici, toutes les beautés sont éthérées et portent le charme de la mort. Les personnages sont soit de givre, soit de feu. Leur chevelure est d'or ou d'argent. Tous sont frappés du sceau de la mélancolie et de la folie, surtout les vampires, qui ne peuvent mourir et dont l'éternité est la cause de leur folie. L'image du vampire est traditionnelle, elle symbolise le désir sexuel, véhicule d'un érotisme esthétisé (Anthelme aura d'ailleurs une magnifique crise priapique en leur présence).

Le texte se veut poétique, nous avons donc droit à de longues descriptions, de mots désuets, et a une accumulation d'adjectifs. Attention, je ne déplore pas ici la richesse du vocabulaire, c'est plutôt une très bonne chose d'enrichir son lexique. Mais les images invoquées et les comparaisons n'ont parfois que peu de sens, voire pas de sens du tout. Ainsi, quand Anthelme nous décrit la beauté d'Aphelion, aussi attractive que répulsive : « Il avait la beauté d'une oréade morte ; quelque chose en lui me glaçait. Était-ce la luisance vénéneuse dans ses yeux effilés, ou le rouge sang de ses lèvres minuscules, ou les fuseaux de ses pommettes aiguilleuses ? Tout cela à la fois. Son visage comme une harmonie d'épines ». Un peu lourd, non ? Sans oublier qu' »harmonie d'épines » n'a en vrai que peu de sens. Tout comme lorsqu'il invoque une « âme vélivole », si je comprends bien l'idée de légèreté, de flottant qu'il cherche à transmettre, il n'en demeure pas moins que l'adjectif est impropre : vélivole est un terme nautique qui signifie littéralement « qui va, vole avec une voile ».

Et que dire d'Apostasie, la grande présente-absente de ce conte macabre ? Cette princesse qui aime l'hiver, en a la beauté mais apparemment pas la froideur, qui devient la seule et unique à pouvoir délivrer les vampires de leur éternité et à leur offrir la mort. Apostasie, l'abandon de sa doctrine, de sa foi mais qui se teinte ici de l'image de la rédemption. Apostasie, qui me fait penser à un mélange de Blanche-neige et de la très shakespearienne Ophélie, dans son cercueil de verre et sa robe hyaline aux doigts de givre. [...]
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