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Critique de April-the-seven


Immense merci aux éditions Hugo Roman – et tout particulièrement à Mélusine – pour cet envoi. J'ai littéralement dévoré Dans chacun de mes mots, et je suis encore tout émue en écrivant cette chronique. C'était à prévoir, les livres de cette collection me font un effet dingue, allez savoir pourquoi. Les auteurs abordent des sujets difficiles, dont on n'ose pas toujours parler, et qui peuvent trouver écho chez les adolescents et jeunes adultes. de ce roman se dégage une impression de simplicité, d'authenticité, et c'est surtout cela qui m'a transportée.

Samantha Mc Allister a seize ans et est une lycéenne qui, vue de l'extérieur, a tout pour être heureuse. Une bande de copines hyper populaires, une famille aimante, une vie trépidante passée entre les concerts, les fêtes et les journées cocooning entre amies… Bref, tout lui sourit, en apparence. En apparence. Car Samantha cache un secret qui dévore son existence tout entière : elle souffre de névrose. Entre son trouble obsessionnel compulsif – qui se traduit le plus souvent par une fixation sur le chiffre 3 – et son anxiété généralisée, l'adolescente vit un véritable calvaire et fait de son mieux pour ne rien laisser paraître. Les seuls à connaître son mal sont sa famille et sa psy. Depuis l'âge de 11 ans, Sam, se sent mal et ne trouve aucun moyen pour l'extérioriser. Sue, sa psy, lui conseille de faire le ménage dans sa vie et ça commence par éviter ses amies d'enfance qui ne font que l'enclaver dans sa pathologie. Seulement, l'adolescente ne s'en sent pas capable.

Un jour, les choses vont basculer. La jeune fille va faire la rencontre de Caroline, vecteur de changement et de nouveautés. Avec sa nouvelle amie, Sam va découvrir le Coin des Poètes, un endroit hors du temps au sein même de son école, où chacun peut s'exprimer sans craindre le jugement des autres. Mais c'est sans compter AJ, un des membres du groupe, qui semble plus que réticent à sa venue en ces lieux.

C'est confirmé, les romans de la collection New Way me font un drôle d'effet. Ça part chaque fois d'une histoire simple, qui grimpe progressivement en puissance, au point de me submerger comme un tsunami. Il y a quelque chose dans ces histoires qui fait vibrer la corde sensible chez moi, qui m'émeut et me pousse à reconsidérer un paquet de choses.

Tamara Ireland Dtone nous raconte les tourments d'une adolescente, la cruauté de l'enfance, le désir d'appartenance pour se sentir exister, et bien d'autres problématiques que tout le monde a dû connaître dans sa vie.

Ici, Sam doit faire face à bon nombre de choses. Des choses qui ne revêtent pas d'une grande importance à nos yeux, ce qui peut paraître un peu étrange au début. L'héroïne se tracasse pour de tout petits détails (notamment sa peur panique d'être jugée) qui ne demandent pas beaucoup d'efforts à la majorité des individus. le moindre événement constitue une potentielle source d'angoisse ; un petit imprévu peut se transformer en véritable catastrophe ; ses idées noires fusent à toute allure, inlassablement. Je n'ai pas pu m'empêcher de compatir, parce que ça doit être épuisant de vivre avec ce handicap.

Sam est une hypersensible. Elle m'a fait penser à une feuille toute frêle accrochée à la branche d'un arbre. Elle s'agrippe de toutes ses forces pour ne pas se laisser emporter par les brises. Ses névroses, son anxiété et ses craintes ne la quittent jamais, de jour comme de nuit. Mais c'est grâce à la poésie que Sam va s'apaiser, grâce à un groupe exceptionnel, et surtout un garçon hors du commun. La jeune fille va ainsi comprendre que c'est le début d'une nouvelle vie, où elle peut tout recommencer et apprendre à vivre pour elle. Un passage en particulier a retenu mon attention :

C'est ainsi qu'on apprend à marcher, à courir, à ne pas toucher des braises. Vous avez commis des erreurs toute votre vie et vous allez continuer à en commettre.

Pour moi, il résume parfaitement le combat de l'héroïne. À travers ses yeux, on redécouvre les mots comme une thérapie, un exutoire. Car la vérité se trouve dans chacun de ses mots, bien sûr… Puis le Coin des Poètes, ce cocon bien chaud où chacun est libre d'écrire, dire et penser ce qu'il veut. Un lieu de partage, mais aussi d'introspection. Un lieu dans lequel on peut se retrouver ou se découvrir. Qui n'a jamais rêvé d'un endroit pareil ?

Au trois quarts du livre, j'ai commencé à avoir un curieux pressentiment. Une impression tenace que quelque chose d'étrange se passait entre Caroline et Sam... Puis deux pages plus loin, c'est l'hécatombe. Ça m'a plongé dans la confusion totale. L'auteur ne nous force pas à prendre parti, et c'est quelque chose que j'ai beaucoup apprécié. Elle nous laisse le choix d'imaginer ce que l'on veut par rapport à cette révélation, même une raison des plus surréalistes.

Il y a également l'histoire d'amour, qui exhale quelque chose d'aussi indéfinissable que bouleversant. Je me suis surprise à avoir les larmes aux yeux à certains moments, le coeur qui bat la chamade et tout le tralala. J'aurais pu ranger ce livre dans la catégorie "romance" du blog, mais je ne l'ai pas fait. Parce que selon moi, Dans chacun de mes mots est plus qu'une histoire d'amour. C'est une histoire sur la vie, sur la mort, sur le rire et les larmes. Celle d'une personne assaillie par des pensées épuisantes, et qui trouve son pays de cocagne dans un lieu hors du temps où personne ne juge personne, où on peut être soi même, sans craindre les moqueries et les regards railleurs.

Quant à la plume, elle est à tomber à la renverse. L'auteur a toujours les mots qu'il faut, le tout est terriblement addictif, impossible à lâcher. Tamara Ireland Stone nous dépeint à merveille le personnage de Sam et n'a pas besoin de forcer quoi que ce soit pour qu'on la prenne en affection. Je ne connaissais pas cette auteur, mais j'ai très envie de découvrir ses autres oeuvres.

En résumé, énorme coup de coeur pour Dans chacun de mes mots. Je me suis sentie bien en lisant ce livre, comme dans un cocon, en sécurité, loin de tout. Cette histoire est d'une douceur à en pleurer, et d'une justesse troublante et à couper le souffle. La poésie tient une grande place dans le récit, les personnages laissent très facilement leur empreinte et ne restent jamais inébranlables. Je range donc ce titre dans les incontournables de l'année 2016, parce qu'il le vaut bien.

Lien : http://april-the-seven.weebl..
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