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Critique de Lutin82


Orvo est un apiculteur amateur qui possède une dizaine de colonies (d'abeilles). Un jour en allant contrôler ses précieuses bestioles, notre ami a l'immense surprise de soulever le toit d'une ruche vide, désertée.

Dans la vie de tous les jours, le bonhomme est croque-mort. Vous vous demandez quel rapport, il y a entre les deux. Aucun. Si ce n'est que l'apiculture est la célébration de la vie, l'abeille domestique pollinise 80 % des espèces végétales… par conséquent, il est possible de s'imaginer le désastre promis à la Terre si cet insecte venait à disparaître. J'ajouterai que théoriquement, une colonie d'abeille est immortelle, éternelle. La vie dans toutes sa splendeur. Une savoureuse opposition dans la l'existence de sieur Orvo…

Dès 2006 les USA connaissent les premiers signes du syndrome CCD (Colony Colapse Disorder) ou syndrome de disparition des colonies, qui consiste à l'évanouissement brutal d'une colonie. du jour au lendemain. Je sens bien que pour la plupart d'entre vous mon propos s'apparente au discours d'une chèvre bretonne devant un parterre de gastéropodes radioactifs.

Donc, Johana Sinisalo utilise ce désordre aujourd'hui connu et va au-delà. En 2006, les disparitions sont loin d'être massives sans être anecdotiques, elles interpellent plus par leur brutalité que par la quantité. Mais en 2025, elle élargit l'ampleur des évanouissements : ce n'est plus le CCD mais le CCC pour Colony Collapse Catastroph, la disparition catastrophique des colonies… qui devient massive et plus répandue. L'horizon s'assombrit soudainement.

Orvo, notre protagoniste principal découvre donc une ruche vide. Il est bouleversé. Il cherche des pourquoi, comment et où… Je ne vais pas aller plus loin sur cette trame. Sachez simplement que c'est émouvant, qu'elle contribue à soutenir le propos de l'auteur et qu'il y a beaucoup de poésie dans l'idée. Nous flirtons largement avec le fantastique.

Cette intrigue apicole n'est pas le seul levier de l'auteur. L'histoire contée est plus intime car, s'axant autour des relations pères-fils. Orvo est à la fois l'un et l'autre; dans les deux sens, les interactions n'ont pas été usuelles. Son propre paternel a souvent été absent, appelé par monts et vaux pour son activité professionnelle. L'amour est bien présent, la chaleur un peu moins. Nous découvrons cette histoire au fil des pages, alors que notre apiculteur se souvient et compare avec ce que fut ses propres interactions avec son fils.

Pas de mystère, dès le premier chapitre, nous apprenons que ce dernier est mort. le pourquoi et comment, sans être une enquête policière est le coeur de ce roman. Et ces recherches sont purement celles d'un père qui découvre pour la première fois la personnalité et les convictions de son fils, si réservé. Loin d'être sur le registre légal, le filtre paternel s'applique, avec tout son cortège affectif et émotionnel. Orvo passe de l'incrédulité au doute, de la fierté à abattement et surtout une sorte d'effarement en comprenant combien il était loin de son rejeton. Nous vivons ces découvertes et ses émotions dans une remise en cause constante, car tout se fait par l'entremise de ce protagoniste.

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