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Critique de Sachenka


Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers m'a réservé plusieurs belles surprises. D'abord, je ne sais pas pourquoi mais j'étais sous l'impression que c'était l'oeuvre d'un Espagnol (il me semblait avoir cherché en ligne) alors que l'auteur Benjamin Alire Saenz est un Américain. Ensuite, en voyant l'épaisseur du bouquin, j'ai craint une autre de ces histoires qui n'en finit plus de finir, où des adoslescents en mal de vivre étalent sur des chapitres entiers leurs états d'âmes insipides. L'histoire est effectivement un peu longue mais, si on me demandait de couper quelque part, puis je serais bien incapable de dire où. Ça se lit plutôt rapidement et j'ai A-D-O-R-É. Il faut dire que des chapitres courts au rythme variable, ça aide énormément, et l'intrigue est intéressante.

Un paragraphe que j'écris et je n'ai toujours pas résumé l'intrigue ! Eh bien ça raconte l'histoire Aristote (Ari, s'il-vous-plait !) est un adolescent tout ce qui a de plus normal du sud des Etats-Unis. Sans véritable ami proche, il traine à la maison jusqu'à ce que sa mère le force à sortir. Et à la piscine il rencontre Dante. C'est le début d'une amitié qui évoluera au cours des semaines et des pages. Les deux adolescents se découvriront des origines mexicaines et des atomes crochus, pas tant des intérêts (les deux ont des goûts assez différents) ni même des tempéraments mais plutôt une approche face à la vie, un besoin/désir de trouver sa place. Pas si rares, direz-vous ? La différence, c'est que ces deux-là assument leur ignorance.

Je crois que c'est ce qui m'a le plus marqué, cette amitié entre deux adolescents. C'est rarement aussi bien développé que dans ce livre. Benjamin Alire Saenz a évité les clichés, les mièvreries des relations ambigües comme on les retrouve dans les mangas japonais ou bien les excès de virilités (qui cachent souvent le malaise de parler des liens entre garçons) dans les séries américaines. Dans tous les cas, Ari et Dante me semblaient très réalistes et très, très complets. Je pouvais facilement les visualiser. C'est que tout est si subtil, même l'homosexualité de Dante, abordé rapidement et simplement, sans maniérisme ni que ça constitue un problème.

Mais Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers, c'est plus que l'histoire d'une amitié qui se transforme en… quelque chose de plus. Ça prend des airs de roman initiatique ou appelez ça comme vous voulez. Ces deux garçons vivent les accidents de parcours propres à leur âge, baissent parfois les bras mais finissent par retrousser leurs manches. Surtout, ils évitent les masques et les mascarades, se dévoilent, se questionnent, cherchent leur place. N'est-ce pas le propre de l'adolescence ? Tenter de s'émanciper de ses parents, accorder plus d'importance à ses amis, trouver ses repères. Et ces deux-là sont si authentiques dans leur démarche. On oublie souvent que les jeunes sont capables de nous surprendre si on leur laisse la chance. Et c'est justement ce qu'a fait l'auteur donnant la parole à de pareils garçons. C'est précieux.

Plus haut, je mentionnais, le rythme variable. Les épisodes alternent entre action (par exemple, quand une voiture roule dangereusement près des garçons, quand Ari prend la défense de Dante, etc.) et réflexion. Des fois, les jeunes font seulement échanger, parler d'eux-mêmes, de leurs familles, de leurs goûts, de leurs rêves et espoirs, de leurs incompréhensions, de leur conception du monde. Bien souvent, les chapitres se terminent par des interrogations laissées en suspens. Les premières fois, j'en étais agacé. Il me semblait improbables que des jeunes n'expriment pas leur pensée jusqu'au bout puis, en y réfléchissant, je me suis ravisé. Plus des adolescents osent extérioriser des préoccupations intimes, voire secrètes, plus ils peuvent se montrer hésitant. Dévoiler un pan est déjà amplement suffisant. Aussi, c'est peut-être qu'eux-mêmes n'en savent pas plus et que leur subconscient leur réserve des surprises…

Un seul élément m'a vraiment agacé, et c'est le mauvais sort qui semble s'acharner sur eux. Un peu, ça passe, beaucoup, c'est un peu trop. le déménagement (temporaire) de Dante, la mort de la tante d'Aristote, sans oublier la maladie et l'hospitalisation. Rien n'est réellement superflu, tous ces éléments trouvent leur utilité dans le roman, mais… Tiens, c'est peut-être là que j'aurais coupé un peu.

Mais ce seul point négatif est complètement occulté par tous les points positifs évoqués plus haut. À ceux-là, j'ajouterais la présence de parents crédibles (la littérature jeunesse présente souvent des mères et des pères caricaturaux ou unidimensionnels, dont la seule utilité est de rendre la vie misérable à leur progéniture). Puis, le roman est également une excellente leçon de tolérance et d'acceptation.

Au final, Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers est une lecture que je recommande vivement, qui devrait charmer les jeunes et les moins jeunes.
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