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Critique de florencem


J'aime beaucoup les oeuvres de Victoria Schwab, et La vie invisible d'Addie Larue était une oeuvre à part que j'avais vraiment envie de découvrir. J'étais donc très heureuse de voir que les Editions Lumen avaient obtenu les droits en France. J'en attendais beaucoup. Pour être franche, je m'attendais même à un coup de coeur. Mais comme très souvent quand on a trop d'attentes sur une lecture, on finit par être déçu. Et malheureusement, et je suis la première à en être triste, je me suis ennuyée. Je n'ai pas trouvé cette étincelle que j'espérais tant.

Le principe était pourtant alléchant. Suivre notre héroïne devenue immortelle suite à un pacte avec le Diable. Comment survivre dans un monde où personne ne se souvient de vous ? Comment passer à travers les âges avec cette solitude pesante ? Comment trouver encore la force de ne pas se rendre ? Je n'ose imaginer ce qu'Addie a dû ressentir. Ce combat de tous les jours face à sa condition, mais aussi face à Luc. Ne rien posséder, n'avoir aucune attache. Les choses que l'on se voit obligé de faire, celles à côté desquelles on passe... Et pourtant, Victoria Schwab ne nous dépeint pas un récit empli de tristesse. Addie est une battante. Et toute son histoire nous est narrée de façon exquise. Je n'ai absolument rien à redire au style de l'une de mes auteurs préférés.

Mais cela ne fait pas tout malheureusement. Je m'attendais à quelque chose de plus exaltant. Addie veut après tout découvrir le monde, vivre. Mais cela nous ne le voyons pas. Nous ne découvrons pas le monde et les époques à travers ses yeux. A chaque fois qu'elle "bouge" c'est à cause de Luc. Et je dis bien "à cause" et pas "grâce à". Si au début cela est compréhensible, au fil des ans, elle n'a pas du tout ce côté téméraire qui devait la caractériser. On se cantonne en fait à ses relations amoureuses, et à ses tentatives de laisser une trace dans ce monde. Une preuve qu'elle a bien existé. Cette partie est sans doute la plus intéressante cependant. Pour moi, cette touche artistique qui suit son parcours est un fil conducteur que j'ai trouvé astucieux. Elle teste sa malédiction, elle essaye de contrer Luc. Sans compter que je suis très réceptive à l'art et que c'est quelque chose qu'on ne voit pas souvent dans du fantastique.

Quand Henry apparaît, j'avoue avoir eu de l'espoir. Je me suis dit, c'est l'élément déclencheur qui fera décoller l'histoire. Mais, même si son histoire et la romance m'ont touchée, j'ai encore senti cette distance et ce manque d'attachement. On ne comprend pas réellement Henry. Il est perdu, c'est certain, mais il y a trop de non-dits autour de lui, d'éléments cryptiques. Tout va trop vite, des questions restent en suspens. J'ai compris sa souffrance et en même temps, elle me laissait parfois de marbre. Tout le monde autour de lui voit combien il va mal parfois, mais personne ne fait la démarche de lui dire d'aller voir un psychologue, de passer des examens médicaux. Même pas ses meilleurs amis, ou bien sa soeur qui visiblement préfère lui donner de la drogue. Si j'ai bien saisi l'idée des parapluies roses...

Pour moi, La vie invisible d'Addie Larue a deux points qui font que l'histoire manque de "magie". La malédiction de notre héroïne nous embarque dans un destin si étriqué dans ses possibilités qu'il est difficile de voir le personnage exploiter son immortalité. Très vite, on se rend compte qu'Addie ne peut que répéter ses journées, et lutter quotidiennement pour la moindre chose. Sa survie passe avant tout le reste. Et le pire est de la voir répéter parfois à quelques minutes d'intervalle des présentations. Deuxième point : le récit. En soi, ce n'est pas Addie que l'on suit, mais son histoire qu'elle narre à quelqu'un. Ce détachement fait qu'on ne peut pas réellement appréhender la jeune femme, aller plus en avant de sa psychologie. A aucun moment on sent le poids de son âge sur ses pensées, ses actions. Elle est comme une jeune adulte n'ayant pas vécu. Son récit est du point de vue psychologique celui du narrateur. Et clairement, cela m'a empêché de la comprendre et aussi de m'attacher à elle.

Son combat face à Luc est la partie qui relance la machine à de nombreuses reprises. Leur relation est étrange et mystérieuse. Pas assez traité en profondeur malheureusement, mais permet de voir autre chose, de passer de ce côté du Dieu malin voleur d'âmes. Les questionnements d'Addie sur les raisons de Luc, son attitude, son manque d'humanité étaient très intéressantes. Et il y avait de quoi creuser.

La fin est sans surprise. Impossible de s'imaginer après toute cette souffrance quelque chose de pétillant et gai. La vie invisible d'Addie Larue est après tout un combat. Elle m'a cependant laissé un goût amer. Un pied de nez, certes, mais en même temps, avec cette note de fausseté, d'un tour qui continuera cette spirale sans rien apporter à personne.
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