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Critique de Sertorius


Jean-Christophe Rufin nous avait habitués à d'excellents romans historiques, tressés à la Dumas, la précision historique en plus. Ses romans policiers, avec son improbable détective le consul Aurel , reflétaient les mêmes qualités d'humour, de rigueur et de savoir-faire. En abordant le genre de la fiction politique, il se lançait un nouveau défi. On peut affirmer qu'il l'a pleinement relevé en nous offrant un récit bien construit, parsemé de réflexions subtiles sur les dangers présentés par les géants de la Tech.
Un spécialiste des coups tordus en Afrique, Ronald, après certaines déconvenues à Madagascar qui l'ont amené quelque temps en prison, crée une curieuse agence dont l'objet est de proposer aux géants de la tech (en les y associant) de s'emparer du pouvoir dans un petit pays fragile où ils pourront développer leurs activités totalement librement, débarrassés des carcans administratifs, écologiques et éthiques qui entravent, c'est bien connu, leur développement.
Pour mener à bien son projet vendu au créateur du moteur de recherche Golhoo, Marvin, un ami d'enfance, Ronald développe une antenne de coordination à Nice - pour ce faire il embauche un vieux trotskiste spécialiste des coups d'état-, tout en envoyant une équipe action à Brunei ; car il ne s'agit en aucune façon de déclencher une révolution qui serait contreproductive pour Marvin. Il faut seulement déstabiliser le pouvoir en place par des révélations dérangeantes, soupoudrées de fake-news.
Les personnages sont peints avec un humour qui oscille entre la truculence et la froide distance. Dès l'incipit du chapitre un, le ton est donné : « lorsqu'on s'apprête à rencontrer un des hommes les plus riches du monde, il est vivement conseillé de se composer une attitude digne et même conquérante, surtout si on vient de sortir de prison. » Ou plus loin en présentant les héritiers du sultan de Brunei : « le prince Mohamed, l'aîné, l'héritier en titre. Tout le monde le tient pour un incapable. Un genre de prince Charles, mais sans Diana, et avec les oreilles à plat. »
Je ne vais pas vous divulgâcher la fin du récit (j'adore ce terme canadien pour spoiler). Mais je vous assure qu'elle est superbement développée et que le suspense reste entier à vous rendre cacochyme, jusqu'à la dernière ligne.
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