AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Biblioroz


Le titre de la première partie de ce roman « sous morphine » interpelle, mais une fois la lecture entamée on a vite tendance à l'oublier jusqu'au moment où, une quarantaine de pages après, Marcus, notre narrateur, nous éclaire brutalement en le justifiant.
Certes, Marcus attaque son récit en situant son entrée à l'université deux mois et demi après le début de la guerre de Corée. Etudiant à Robert Treat, une université de la ville de Newark, il rentre chez lui chaque soir puisque ses parents tiennent une petite boucherie kasher dans l'un des quartiers de la ville. Alors qu'il a toujours été un élève exemplaire aux notes irréprochables et au comportement tout à fait responsable, son père se met subitement à le harceler et exiger de savoir à tout instant où il se trouve. Un enfer pour un jeune de dix-neuf ans dont l'unique préoccupation est de réussir ses études supérieures afin de devenir avocat. Pourtant, Marcus, fils unique, a toujours eu de très bonnes relations avec son père jusqu'ici bienveillant. Ils ont travaillé côte à côte dans la boucherie pendant les mois qui ont précédé son entrée à l'université, ce qui informe le lecteur sur les spécificités de la viande kasher et accessoirement sur les méthodes d'abattage des poulets.
Son père est persuadé que « le plus petit faux pas peut avoir des conséquences tragiques », il ne peut supporter la liberté de son fils et craint qu'il ne soit pas suffisamment armé contre les dangers de la vie. Il sait que son fils a un bel avenir devant lui mais encore faut-il qu'il ne le gâche pas en se faisant tuer ! Finalement, le premier faux pas sera dû à cette paranoïa du père devenu ingérable car Marcus mettra 800 kms entre les exigences de son paternel et ses études. Pour sa seconde année, il intégrera une université de l'Ohio alors que la guerre de Corée entrera aussi dans sa deuxième année de conflit sanglant.

C'est mon premier Philip Roth et il m'est difficile d'affirmer si j'ai aimé ou non cette lecture. L'écriture est réellement entraînante et le sort du narrateur qui désire étudier et vivre selon ses propres valeurs ne peut laisser indifférent.
Comment un jeune étudiant, dont l'objectif est de finir major de sa promotion pour justifier les sacrifices financiers que ses parents contractent pour son avenir, peut-il rencontrer de tels obstacles ? Eh bien parce que nous sommes en 1952, dans une université qui se veut respectueuse des traditions américaines et là, il ne faut surtout pas être la brebis galeuse avec des opinions différentes que celles de monsieur le doyen des étudiants. de confession juive mais pas du tout croyant, Marcus se doit d'assister à une quarantaine d'offices religieux, très majoritairement catholiques, d'ici la fin de sa scolarité. L'auteur, par l'intermédiaire de ce jeune étudiant, montre toute l'absurdité et l'intolérance de la religion pourtant si présente au sein de l'éducation américaine dans ces années cinquante. Ce n'est que fort tardivement que cette obligation religieuse quittera l'enceinte des universités.
Dans cette vie de campus que l'auteur pointe du doigt, tout est obligation, le base-ball, la religion, intégrer une fraternité… Malheureusement, Marcus s'y refuse. Il veut uniquement étudier et surtout ne pas être renvoyé de l'établissement afin d'éviter de se retrouver en première ligne dans la guerre de Corée. Son caractère, face à d'injustes reproches, s'affirme.
Finalement, j'ai trouvé que l'auteur revenait trop souvent sur les mêmes choses et, à partir du moment où Marcus a vécu sa première expérience sexuelle avec Olivia, il la répète à l'envi et semble rester scotché sur cet épisode. Notre narrateur, pourtant si brillant dans sa scolarité, est étonnamment candide et crédule en ce qui concerne la fameuse Olivia d'où un autre faux pas qui ne manquera pas de s'ajouter aux autres petits riens qui scelleront son destin.

C'est un roman mêlant ironie du sort et dénonciation de l'Amérique puritaine et conservatrice. Sa construction reste originale, y compris la façon expéditive dans les deux dernières pages de nous donner les ultimes éléments du destin de Marcus mais malgré ça, je reste encore sur une impression un peu floue finalement difficile à pointer et exprimer !
Commenter  J’apprécie          372



Ont apprécié cette critique (33)voir plus




{* *}