AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de karmax211


Ce roman-fleuve ( mon édition comptabilise 1081 pages ) aura marqué mon année 2022, et il restera pour moi un livre majeur dans un genre où se mêlent action, aventure, amour, amitié, social, guerre, quête initiatique, conte philosophique, autobiographie.

Ce best-seller mondial traduit dans une trentaine de langues et publié dans une centaine de pays, adapté en film et en série, reste assez peu connu en France et c'est vraiment dommage...

Linbada-Shantaram est le nom de baptême indien que donnent à GDR Prabaker - son chauffeur de taxi, son guide, l'un de ses meilleurs amis - à son arrivée à Bombay, la famille de Prabaker et les amis que ce fugitif va se faire dans cette mégapole dont il va tomber éperdument amoureux.

Lin est donc le nom d'emprunt d'un taulard australien en cavale dans les années 80.
Dans son pays d'origine, GDR était un jeune homme anarchiste qui, par déception amoureuse, a basculé dans l'héroïne puis dans le grand banditisme.
Responsable d'une série de braquages réalisés à l'aide d'une arme factice ; il a été surnommé " le Gentleman Bandit".
Arrêté, il a été condamné à 19 ans de prison.
Là a commencé son apprentissage de survie dans un univers où la violence des gardiens et des détenus est omniprésente ; une jungle où la mort est le pendant de la faiblesse et la conséquence de l'insoumission.

Après une évasion digne d'un "Papillon" ( référence à Henri Charrière ), il fait cette fois la connaissance des planques, des fausses identités, se réfugie dans un premier temps en Nouvelle-Zélande avant de s'envoler pour l'Inde et Bombay où il va séjourner une dizaine d'années.

Là, Lin va vivre mille vies, mille aventures.
D'abord touriste, puis résident, sa condition de fugitif en cavale va faire peser au-dessus de sa tête la menace permanente de l'extradition.
Pour y échapper, il faut des appuis, de l'argent, des planques toujours, la fuite quelquefois.
Pour cet homme en quête d'identité et de rédemption, les bonnes opportunités vont côtoyer à part égale les chausse-trapes, mais jamais, tout au long du roman il ne perdra de vue que
"Il m'a fallu du temps et presque le tour du monde pour apprendre ce que je sais de l'amour et du destin, et des choix que nous faisons, mais le coeur de tout cela m'a été révélé en un instant, alors que j'étais enchaîné à un mur et torturé. Je me suis rendu compte, d'une certaine façon, à travers les hurlements de mon esprit, qu'en dépit de ma vulnérabilité, de mes blessures et de mes chaînes, j'étais libre : libre de haïr les hommes qui me torturaient, ou de leur pardonner."

Il y a donc cette amitié fraternelle avec le "petit" Prabaker, sa folle passion amoureuse pour Karla, sorte de "dé-mante religieuse", trait-d'union entre la mafia et son parrain local et la mystérieuse Madame Zhou, maquerelle sadique et tueuse à l'occasion...
Il y a plus d'une centaine de personnages qui font lien ; le lecteur n'est jamais égaré.
Tous ces personnages ne sont que quelques-unes des expressions du plus grand d'entre eux : la superbe Bombay.
Ville de tous les contrastes, de toutes les chimères, des mythes, des légendes, de la plus haute spiritualité fondue dans les paradis artificiels, des apparences bollywoodiennes et des bidonvilles où les rats n'ont pas besoin de trucages pour être gros comme des chiens et chasser en meutes, où le luxe le plus insolent flirte avec des maladies moyenâgeuses, où l'intégrité de quelques exceptions confirme la corruption de la grande majorité pour qui elle fait office de règle.

Lin va être tour à tour paysan dans l'Inde des petits paysans, ceux qui ne possèdent rien.
Il va pendant deux ans faire office de médecin de fortune dans le plus grand des bidonvilles de l'enchanteresse et cruelle Bombay.
Devenir homme de main, faussaire et passeur de faux passeports pour la mafia.
Retrouver la geôle, sorte de colonie pénitentiaire entre le bagne et "Midnight Express".
Mercenaire projeté du Pakistan en Afghanistan.
Celui qui se croyait enfin libre, au moins au niveau de ses choix de vie va apprendre avec dépit, acceptation et pardon qu'il n'a été qu'un jouet entre les mains de...

Exotisme, aventures, action, rebondissements, suspense, il y a tout dans cet épais roman dont le poids ne pèse que par la qualité du narratif de GDR.

J'ai lu, étonné, qu'il y avait beaucoup d'invraisemblances, des longueurs et une qualité d'écriture relative.
Pour ma part, je réfute ces critiques.
J'ai eu entre les mains un excellent bouquin qui m'a passionné durant 1081 pages riches d'un narratif tenu, d'une pléiade de personnages tous remarquablement restitués, tous d'une indéniable présence, et une écriture travaillée à laquelle je ne peux faire d'autre reproche que celui d'avoir monopolisé mon attention durant des heures de lecture(s) haletantes.
Uu roman qui respire Bombay, un roman de couleurs, d'odeurs, de sonorités exotiques.

GDR a mis treize ans pour écrire ce roman trop riche pour être réduit aux quelques banalités que je vous livre.
Si vous en avez l'opportunité, ne passez pas à côté de - Shantaram - sans le lire.

Mes meilleurs voeux à tous pour l'année naissante !

Commenter  J’apprécie          446



Ont apprécié cette critique (44)voir plus




{* *}