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Critique de kuroineko


Tout cela je te le donnerai fait référence aux possessions innombrables qu'invoquent Satan pour tenter le Christ. C'est aussi le roman qui me permet de découvrir la romancière espagnole Dolores Redondo.

Lorsqu'on apprend que son mari vient de trouver la mort dans un accident de voiture, c'est déjà une épreuve sans nom. Mais quand de surcroît cet accident est survenu à des centaines de kilomètres de l'endroit où ledit conjoint était sensé être, ça fait beaucoup trop. Et pourtant, pour Manuel, écrivain quinquagénaire de Madrid, ça n'est qu'un début.
Dès ce premier chapitre où ces deux terribles enclumes tombent sur la tête du Madrilène, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour lui, torturé entre la mort de l'être aimé et la poisseuse et détestable sensation d'avoir été trahi par ce même être. Comment lâcher prise au chagrin quand toutes les années vécues ensemble, l'amour qu'on croyait partagé, se retrouvent comme salies par le poison des mensonges envisagés?

Les chapitres suivants conduisent Manuel, et nous par la même occasion, en Galice, à la recherche de la vérité sur qui était véritablement Álfaro et qu'est-ce qu'il s'est réellement passé au moment de sa mort. Il est des couvercles qu'on ne soulève pas sans conséquences non plus que sans souffrances. Dolores Redondo, à travers son roman, pose la question suivante : que vaut-il mieux? Trouver la vérité aussi éprouvante soit-elle, ou choisir de partir en préférant ne rien voir, ne rien savoir? Dilemme dilemme.

Si le livre présente une trame d'ensemble qui reste convenue, sa richesse porte surtout sur la personnalité des protagonistes mis en scène. Les personnages, à commencer par Manuel et le lieutenant Noguares, sont construits avec recherche et solidement étoffés à mesure que les chapitres défilent. Faux-semblants, vraies vipères, Dolores Redondo multiplie pistes et indices dans sa narration labyrinthique. Un peu trop parfois sans que ça n'alourdisse la lecture au point de la rendre pesante.

Et quelles magnifiques descriptions de la Galice, de ses vignes en terrasses au bord du fleuve, tradition viticole qui remonte au début de notre ère et dont les récoltes sont des prouesses physiques. Accessoirement j'ai aussi appris grâce à l'auteure que le vin galicien se buvait traditionnellement non dans des verres mais dans de petits bols de céramique ou de porcelaine. Un détail peut-être mais j'avoue en être friande. Dolores Redondo donne très envie de se rendre dans cette belle région du nord-ouest de la péninsule, de visiter les pasos, les vastes domaines aristocratiques des Grands d'Espagne qui continuent de suivre autant que possible les us séculaires de leur famille. Peut-être en humant l'air à la recherche des effluves envoûtants des fleurs de gardenias...

Une très belle découverte que ce bon pavé de 750 pages environ paru il y a peu chez Pocket. Je compte bien lire la trilogie policière que l'auteure a écrit avant ce roman. Son style (et la traduction bien sûr) est très agréable à lire.
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