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Critique de fanfanouche24


Comme l'exprime fort justement la narratrice principale de ce roman : "Je referme le journal d'Irène le coeur lourd. Comme on referme un roman dont on est tombé amoureux. Un roman ami dont on a du mal à se séparer, parce qu'on veut qu'il reste près de soi, à portée de main. "(p. 534)...
Je finis à regret ce livre, qui m'a émue à bien des égards !...


Un grand coup de coeur...qui va si bien avec l'arrivée du Printemps et des beaux jours, retrouvant toutes les belles couleurs et odeurs... qui les caractérisent !
Valérie Perrin a la plume fluide, poétique, rythmée... avec le don de la poésie, de la musique, mais aussi du suspens, avec moult histoires de vies, entre les vivants et les morts !...

Pourtant le sujet de prime abord... pourrait paraître morbide, sinistre !! Eh bien non, ce sont des pépites de vie, de tendresse et d'empathie... envers l'existence et nous autres, pauvres humains, si imparfaits !

J'avais lu avec étonnement et émotion "Les oubliés du Dimanche" qu'il me faudra relire d'ailleurs, pour me remettre dans l'atmosphère et l'univers de cette auteure...Nous retrouvons, traités d'une autre manière, des thèmes chers à cette écrivaine, tels la mort, le vieillissement des êtres aimés, la solitude, la mémoire, le temps qui passe, les reconstructions et renaissances multiples, après des drames, etc.
Et là, en plus les"lieux et rites du Souvenir"... la destinée malmenée mais si attachante de notre gardienne de cimetière, Violette...enfant née sous X, passée de famille en famille d'accueil, tristement mariée, transfigurée par la naissance de sa petite fille, Léonine...Sa petite fille adorée qui va lui faire oublier sa propre enfance saccagée, d'enfant invisible !...A qui elle va donner tout son amour, l'Amour qu'elle n'a pas eu la chance de recevoir dans "son jeune berceau" !!
Mais le drame, le chagrin fulgurant frappera à nouveau...

Juste quelque peu affligée par la couverture "trop mièvre" qui ne va pas avec le contenu de ce roman.....
mais le quatrième de couverture, et surtout ce personnage féminin central ont réussi à me "faire de l'oeil", entre son fort sympathique prénom
[ Violette] et le métier insolite, qu'elle exerce: "garde-cimetière"... Violette, cette "fée du quotidien" qui croit obstinément à l'amitié, à la tendresse, à un monde plein de poésie, de couleurs, de jardins odorants, de joyeux déjeuners avec les amis fossoyeurs, et autres...dans la simplicité et la saveur magique du présent...

"Je parle toute seule. Je parle aux morts, aux chats, aux lézards, aux fleurs, à Dieu ( pas toujours gentiment). Je me parle. Je m'interroge. Je m'interpelle. Je me donne du courage. (...)
A Brancion-en-Chalon, il y a des gens qui ne m'aiment pas, se méfient ou qui ont peur de moi. Peut-être parce que je semble porter le deuil en permanence. S'ils savaient qu'en dessous il y a l'été, ils me feraient peut-être brûler sur un bûcher. Tous les métiers qui touchent à la mort ont l'air suspects. (p. 84)"


"Cet homme m'a semblé tout droit sorti d'un roman ou d'un asile. Ce qui revient au même. Que faisait-il dans un cimetière ?
Je ne savais même pas que le métier de gardien de cimetière. Pour moi, le commerce de la mort se résumait à être croque-mort, à avoir le teint cireux et des habits noirs avec un corbeau posé sur l'épaule quand ce n'était pas un cercueil " (p. 253)

Des personnages souvent cabossés par l'existence...mais le soleil, un sourire, un instant de présence bienveillante, animale ou humaine, et le ciel s'éclaircit.....Une ode épatante à la Vie et aux belles rencontres.... des multiples détails touchants , parfois des plus insolites... sur nos rites, nos usages pour rendre hommage à "nos disparus"...!

"J'adore rire de la mort, me moquer d'elle. C'est ma façon de l'écraser. Comme ça, elle fait moins son importante.
En me jouant d'elle, je laisse la vie prendre le dessus, prendre le pouvoir." (p. 65)

Des personnages attachants, contrastés...même le mari de Violette, Philippe Toussaint, des plus antipathiques, au début de cette histoire... se révèle au fur et à mesure...du récit, des rebondissements des événements un être enfermé dans ses démons et ses incapacités "à dire" les choses et les sentiments...mais que l'on finit par mieux comprendre !

Les remerciements abondants formulés à la fin, par Valérie Perrin sont à l'image de ce livre très attachant, j'en transcris un passage : " Merci à Norbert Jolivet qui existe dans la vraie vie, dont je n'ai changé ni le prénom ni le nom parce qu'on ne change rien chez cet homme-là, fossoyeur de la ville de Geugnon pendant trente ans.
Grâce à l'écriture de ce roman, cet inventeur de la joie et de la bienveillance est devenu mon ami. J'espère boire des cafés et des blancs-cassis avec toi pour l'éternité"....

Un très chaleureux moment de lecture...que j'ai quelque mal à quitter !!

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