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Critique de Ahoi242


Eux : Vous enseignez quoi ?
Moi : Entre autres, l'échec !
Eux : Vous êtes un grand maître alors ?
Moi : Non cela ce sont les échecs ; moi c'est l'échec que j'enseigne…
Eux : Ah ?! Mais cela consiste en quoi alors d'enseigner l'échec ?
Moi : Bien je parle de mes échecs, des échecs des autres,…
Eux : Mais vous m'avez dit de …
Moi : Ok. J'enseigne la « failure ».
Eux : La fêlure ? des couples ? des vases ? des os ?
Moi : Non la « failure ». Comme dans la « sucessfull failure » dans Apollo XIII ; vous savez bien le film avec Tom Hanks et « Houston, we have a problem », Tom Hanks,…
Eux : … et vous savez si Tom court toujours ?

Avec ce préambule, vous comprendrez que je ne suis pas vierge sur le sujet de l'échec et sur les écrits sur l'échec. Ce n'est donc pas Les vertus de l'échec qui m'a permis de déflorer le sujet. Bien au contraire, j'enseigne L'art de l'échec ou comment réussir à échouer pour mieux réussir par la suite.

A quelques jours de commencer une nouvelle session de cours, je suis tombé sur ce livre de Charles Pépin. Après avoir vite lu le quatrième de couverture, je me suis dit que ce bouquin pourrait peut-être me servir même si mon cours est dans la langue de Beckett. D'habitude on dit la langue de Shakeaspeare mais je fais volontairement référence à Thomas Beckett : Beckett a écrit Cap au pire, un livre souvent cité pour parler d'échec et notamment parce qu'il y écrit « Essayer encore. Rater encore. Rater mieux encore. Ou mieux plus mal. Rater plus mal encore. Encore plus mal encore. »

Je vais être (ou du moins je vais essayer) ici aussi bref* que ma lecture aura été rapide. Je n'ai strictement rien appris dans la mesure où Charles Pépin ne fait que recycler des choses archi rabattues sur Thomas Edison, André Agassi, Steve Jobs, J. K. Rowling et bien d'autres - à part sur Barbara dont je ne connaissais pas le parcours vu que sa musique ne me passionne pas. Ainsi, il n'y a pas une technopole, un incubateur ou une structure de ce type dans le monde où la phrase de Thomas Edison « I have not failed. I've just found 10,000,ways that won't work » n'est pas affichée. de même, le web foisonne d'extraits du commencement speech de J.K. Rowling à Harvard et l'histoire de sa vie a été maintes fois racontées ici et là. Et ne parlons pas de l'histoire Steve Jobs.

Certes, le point de vue de Charles Pépin est de partir du constat que l'échec est peu étudié par les philosophes. Pour autant, son traitement est décevant de ce point de vue : il ne suffit pas de citer deux ou trois philosophes pour traiter le point de vue de l'échec sous l'angle de la philosophie et des philosophes.

Au surplus, Charles Pépin n'a strictement aucun regard critique sur l'engouement pour l'échec venu de la Silicon Valley ou de ses avatars (comme les Fuck Up Night) et qu'il ne fait que répéter et diffuser. Dans The Other F word, John Danner et Mark Coopersmith, tout en proposant une lecture de la « failure » et de son utilisation par les leaders, équipes ou entrepreneurs intelligents, se démarque de cet enthousiasme très siliconien** et leur livre est infiniment plus intéressant que celui de Charles Pépin ; et que dire d'un Karl Weick ou d'un Pascal Finette dont les lectures sont plus que dignes d'intérêt.

Il restera dans ma bibliothèque un livre jaune bien tape à l'oeil - je pense que je n'en n'avais pas de cette couleur - mais à la lecture dispensable***.

* Ce qui cadre bien avec le nom de l'auteur.
** Voir aussi La silicolonisation du monde d'Eric Sadin sur ce thème.
*** Et dont je me serai bien passé si j'avais su.
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