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Critique de michfred


Troisième Leonardo Padura à mon actif !

Une somme- trois livres en un, en fait, comme l'ont déjà dit maintes critiques avant moi.

Un peu longuet, malgré l'intérêt évident des périodes évoquées, très « politiques » , très « historiques » comme toujours chez Padura.

Plus de 600 pages, donc , qui baladent le lecteur de la Havane à la fin des années 30 à Miami à la fin des années 50, d'Amsterdam au milieu du XVIIème siècle à La Havane en 2009, pour se terminer par une Genèse qui est aussi une sorte d'Apocalypse- en Pologne, au moment des pogromes de Chemiel le Cosaque…

Un peu pesant aussi, car, pour assurer la lisibilité du lien qui relie les trois livres de cette double enquête, Padura s'étend parfois laborieusement sur ce qui les rapproche.

A savoir, cette hérésie-du grec airèsis, le choix- qui relie les trois livres et leurs trois héros éponymes-Daniel, Elias, Judith- : hérésie morale et religieuse pour Daniel, hérésie religieuse et artistique pour Elias, hérésie sociétale et philosophique pour Judith.

Des longueurs et des pesanteurs, donc, mais néanmoins un livre instructif et fascinant : en dépit des dictatures, des persécutions, des intolérances exogènes ou endogènes, en dépit des déterminismes sociaux ou familiaux, en dépit des règles et des lois, Padura proclame hautement la primauté du choix, de la liberté individuelle, celle de la VIE qui doit toujours l'emporter sur tous les carcans , toutes les pressions, toutes les pesanteurs de la société ou de la religion.

Et notre Conde avec son chien foutraque et puant, ses potes improbables, sa compagne libre et sensuelle, son goût immodéré pour le rhum et les grandes bouffes amicales et surtout son indépendance viscérale est certainement le meilleur ex-flic pour dénouer les fils embrouillés de cette intrigue tissée autour d'un tableau de Rembrandt, qui, venu à La Havane depuis l'Allemagne nazie, sur le paquebot Saint Louis de honteuse mémoire, échoue dans une vente publique de Londres, déclenchant questions, morts et remords…

La Havane est comme toujours un des « personnages » les plus vivants ( d'une partie ) de cette trilogie. On la retrouve comme on retrouverait une vieille amie un peu usée par la vie, le rhum et les désillusions.

Surtout on apprend mille choses sur la diaspora juive à Cuba et Miami, au temps du nazisme ou de la dictature de Batista, puis au temps de la révolution castriste, ou encore à Amsterdam, cette « Nouvelle Jérusalem » du XVIIème siècle, fragile îlot de tolérance dans une Europe où l'Inquisition sévissait sur les juifs sépharades et les terribles pogromes des Cosaques sur les juifs ashkénazes…

Autre délice aussi, pour moi : visiter l'atelier de Rembrandt, écouter ses secrets, admirer sa « manière » si novatrice, si « hérétique » elle aussi !

Au final, donc, un bilan mitigé : une lecture de l'auteur cubain moins enthousiaste, un peu plus poussive, parfois, que les précédentes, mais un apport historique, culturel immense, et une très grande richesse de contenu !
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