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EAN : 9782246416814
243 pages
Grasset (05/05/1989)
3.71/5   69 notes
Résumé :
Le Ventre des philosophes repose sur un formidable pari intellectuel : qu'il doit être possible de mieux comprendre les conceptions des philosophes à partir de leurs choix culinaires.
En quelque sorte que, peut-être, Diogène n'aurait pas été un adversaire aussi résolu de la civilisation et de ses usages sans son goût pour le poulpe cru. Ou encore que Rousseau n'aurait peut-être pas fait l'apologie de la frugalité si ses menus ordinaires ne s'étaient composés ... >Voir plus
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Jusqu'à présent, si vous me prononciez le mot "philo", je partais généralement en courant. Ce terme a une fâcheuse tendance à me filer de l'urticaire. Mais en voyant Michel Onfray sur les plateaux télévisés, en écoutant ses réflexions faites dans un langage compréhensible pour le commun des mortels (comprenez : pour une ignare en philo comme moi), j'ai voulu tenter. Avec l'âge et la maturité, ne dit-on pas qu'on évolue (hein, hein ?) ? Eh bien, j'ai non seulement apprécié ce petit bouquin, mais j'avouerai même, sans torture, que je suis allée acheter quatre autres de ses essais. Et le bougre m'a même donné envie de lire son maître à penser, Nietzsche. Chapeau bas Monsieur Onfray ! Vous parvenez à vos fins là où d'autres y ont laissé des plumes !!!

Cet essai est ludique. En effet, il permet de se raccrocher à quelques notions de philo via les travers culinaires de ceux qui pour moi, hormis Sartre, étaient à la fois intouchables et incompréhensibles. Et moi, dès que l'on me parle de nourriture, j'hume, je salive et je galope jusqu'à l'antre sacrée (la cuisine). Bon, je ne mangerai pas du poulpe cru comme ce farceur de Diogène (complètement barré celui-là !) et je n'essaierai pas non plus de piquer les saucisses (même si j'adore ça) de Nietzsche qui serait capable de me planter sa fourchette dans la main ! Aïe !!!

On notera que dans ces quelques chapitres, les différents plats ont raison du philosophe. Bien souvent, l'envie l'emporte sur le jugement. Et c'est justement amusant de voir à quel point ces personnages, prônant souvent les valeurs inverses, se laissaient abuser par leurs pulsions. Ils tombent de leur piédestal pour devenir plus humains. On sourit en lisant toutes ces anecdotes.

Allez, à table !!!
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Toujours pour alimenter ma soirée littéraire consacrée aux écrivains et gourmandise » relecture de « Le ventre des philosophes » de Michel Onfray. Une introduction pleine d'humour, une mise en bouche composée de saveurs satiriques, douces-amères, piquantes, qui ouvre effectivement l'appétit, et qui permet de poursuivre cet essai sous-intitulé « critique de la raison diététique » (clin d'oeil à Kant qui s'invitera plus loin à la table) autant d'agapes joyeuses, de bonnes chairs spirituelles offertes à nos papilles cérébrales. A lire, à déguster , à petites doses, pour pouvoir ingérer sans redouter l'indigestion.
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Même si leurs esprits féconds nous abreuvent de nourritures spirituelles, les philosophes ne sont pas dépourvus d'un tube digestif relié à une machinerie corporelle complexe, dont la survie dépend de l'approvisionnement en carburant alimentaire de base.
Fidèle à un axiome fondamental, qui réfute que le cordonnier doive être le plus mal chaussé, Michel Onfray traque comme à son habitude la traîtrise qui consiste à claironner haut et fort une éthique qui reste une théorie fumeuse , tout en vivant un quotidien à des années lumière des principes énoncés.
Certes, en gastronomie, les tendances varient avec l'époque, les connaissances scientifiques, la mode ou quelquefois les ressources disponibles. « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es » proclamait Brillat-Savarin dans sa Physiologie du goût. C'est à dire, ton appartenance sociale, les séquelles de ton éducation, mais aussi ta façon de penser la vie.

Avec le ventre des philosophe , on aborde une spécialité métisse (transversale dirait -on aujourd'hui) la gastrophilosophie, au travers de ce que l'auteur a pu recueillir de leurs habitudes alimentaires. de Diogène le cynique , amateur de poulpe cru, à Sartre qui baffe salement et par nécessité, en passant par un Marinetti , chantre du futurisme, militant pour une Italie sans pâtes, on a un échantillon de la diversité diététique de nos penseurs.

L'opus est court, mais comme toujours, très argumenté et éclairé par une bibliographie abondante.



Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Est-ce qu'on mange ce que l'on est déjà, ou devient-on ce que l'on mange ? Bof, on n'en saura jamais rien et il semblerait même que les deux ne soient pas liés... Regardez Kant : terriblement austère quand il écrit, dans sa vie il ne rechigne pourtant pas à boire un bon petit verre de vin quand l'occasion se présente à lui. Et comme ça le fait culpabiliser, hop, il nous écrit une théorie là-dessus :

« [Kant] théorise les effets obtenus : ivresse taciturne par l'eau-de-vie, stimulation par le vin, nutrition par la bière, ces ingestions « servent à la griserie conviviale ; avec toutefois cette différence que les beuveries de bière sont plus portées à s'enfermer dans le rêve et bien souvent frustes, alors que celles du vin sont gaies, bruyantes et d'une spirituelle prolixité ». »

Et aurait-on cru que Nietzsche, prophète moderne de Zarathoustra, considérait avec grande importance les questions de la "casuistique de l'égoïsme", grand nom compliqué pour désigner l'influence du climat, de l'alimentation et de la température sur le tempérament ? Les gens qui parlent de météo ne sont pas tous des emmerdeurs.

Non seulement nous apprenons plein de choses sur les "grands" philoseuphes, ici restitués à leur piètre qualité d'êtres humains, mais nous découvrons aussi leurs perversions philosophiques gustatives. le philoseuphe est peut-être celui qui ne peut jamais être simple, même quand il s'agit seulement de descendre un canon.
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La cuisine comme révélateur de ce que nous sommes.

On est ce que l'on mange, d'après Hippocrate, et les philosophes ne font pas exception à la règle. A travers les écrits et les correspondances, Michel Onfray cherche à mieux connaitre ces philosophes qui ont marqué leur temps, à mieux comprendre leur conception philosophique à travers leurs pratiques culinaires. Que mangeaient Diogène, Rousseau, Kant, Sartre et bien d'autres ?
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La trentaine passée, Emmanuel Kant s'abreuva tant dans l'un des cafés qu'il fréquentait avec habitude et modération qu'il ne put retrouver son domicile sis Magistergasse à Königsberg. Chaque soir, il jouait au billard et aux cartes, chaque midi, il prenait un verre de vin. Jamais de bière. Il était l'ennemi déclaré du breuvage national prussien, "un poison lent, mais mortel", qu'il percevait comme l'une des causes les plus importantes de mortalité et... d'hémorroïdes. Imaginer Kant amateur d'estaminet n'est pas sans étonner. Le piétiste austère, rigoureux, le philosophe ardu et exigeant n'en était pourtant pas moins un buveur et un mangeur averti, au point que son ami le conseiller secret Von Hippel lui disait souvent en plaisantant : "Vous écrirez bien encore, tôt ou tard, une critique de la cuisine ?" Hélas ! il n'y eut pas de Critique de la raison gastronomique. Là même où le penseur analyse le goût - dans sa Critique de la faculté de juger -, il ne laisse aucune place à la nourriture.

Lorsqu'il fait la théorie des sens, il détermine ceux qui sont supérieurs et objectifs - le toucher, la vue et l'ouïe - et ceux qui sont inférieurs et subjectifs - l'odorat et le goût. Le nez et le palais sont les organes des fonctions sans noblesse, car "la représentation qui se fait par eux est plus celle de la délectation que de la connaissance des objets extérieurs". Soit. Mais Kant omet d'intégrer l'imagination, la mémoire et l'entendement dans ce processus complexe qu'est la production d'une saveur et d'un jugement de goût buccal. Sans mémoire des saveurs, des mélanges sans imagination analytique et synthétique, sans saisie globale et particulière par l'entendement, il ne saurait être question de goûter. Et Kant le sait.
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Alors que Voltaire invite ses complices épistoliers à lui rendre visite pour goûter « un dindon aux truffes de Ferney tendre comme un pigeonneau et gros comme l’évêque de Genève », du pâté de perdrix, des truites à la crème et du vin fin, Rousseau vante les mérites du laitage, des fruits et des légumes. En matière de mise en scène des repas, il donne dans le champêtre et sacrifie aux joies du pique-nique. L’idéal est d’arranger la dînette « près d’une source vive, sur l’herbe verdoyante et fraîche, sous des touffes d’aulnes et de coudriers (…) on aurait le gazon pour table et pour chaise, les bords de la fontaine serviraient de buffet et le dessert pendrait aux arbres ».
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L’ivresse permet aussi l’expansion de la moralité : « Elle est véhicule matériel d’une qualité morale, la franchise. Retenir ses pensées est pour un cœur pur un état oppressant, et les joyeux buveurs, pour leur part, supportent mal qu’un homme dans une beuverie se montre très tempérant […]. La permission laissée à un homme de transgresser légèrement et un court moment, dans l’entrain de la réunion, la ligne frontière de la sobriété suppose de la bienveillance ».
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Sade en dit plus qu’il n’en fait (…) En fait de repas fais de petits filles rôties et d’étrons glacés, Sade se contente d’une cuisine bien innocente. (…) Le dévoreur d’enfants aime par-dessus tout les volailles, les hachis, les compotes, la guimauve, les sucreries, les épices, les gâteries sucrées et lactées, les confitures, les meringues et les gâteaux au chocolat. Une dînette de petite fille modèle.
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Précisons toutefois les défauts de Kant en matière d'art : ses références picturales sont maigres, sa connaissance de la peinture limitée, ses recours à la littérature quasi inexistants et son rapport à la musique est rien de moins que celui d'un sourd, amateur de fanfares.
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Videos de Michel Onfray (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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