A la question : qu'est-ce que l'homme ? Il serait malvenu de se contenter de répondre : la résultante de contradictions engendrée par le social, la forme prise par une idéologie historiquement datée, l'épiphénomène s'illusionnant sur lui-même et vagissant dans un univers complexe de structures ou autres définitions qui renvoient à une antériorité, à une perception de l'homme comme effet ou conséquence, objet manufacturé par des puissances plus fortes que lui. N'en déplaise aux amateurs d'illusions, aux bovaryques et métaphysiciens qui enjolivent l'évidence : l'homme est un animal n'ayant pas encore achevé son évolution. Il est imparfait dans l'état qui est le sien et, pour le dire comme Nietzsche, il est appelé à être dépassé.
…il s'agit d'éviter ce à partir de quoi se sont constituées les religions du siècle, à savoir la croyance à des entités singulières, autonomes, susceptibles de vénération, d'adoration. Dieu, l'Etat, la Race, le Prolétariat, l'Argent furent totems durant de longues décennies. Aux pieds des fétiches, on a versé du sang, de la sueur et des énergies. Ils se sont nourris de passions, d'enthousiasmes, de foi, ont grandi avant de se transformer en léviathans et béhémoths qui ont absorbé toutes les vitalités passant à leur portée. Ridicules et niais, les adorateurs et leurs clercs ont produit des doctrines universalistes à l'aide desquelles ils ont châtré les velléités singulières et individualistes.
Le religieux conduit à l'émasculation, il vise la castration des énergies, leur inclusion dans des instances qui les stérilisent. L'Etat et L'Eglise excellent dans ces entreprises.
La religion produit des communautés et celles-ci s'évertuent à fonctionner de manière autonome, instruisant leur dossier pour produire, ensuite, des lois, des ordres, des règles, des commandements auxquels il s'agit de se subordonner. Abdiquer sa souveraineté au profit d'une sécurité obtenu par le groupe, c'est toute l'alchimie du contrat social auquel voudrait nous faire croire ses partisans.
L'anecdote est connue, le cynique errant dans les rues d'Athènes, une lampe à la main, et cherchant un homme, en plein jour, n'a de sens que si l'on se souvient que ce que veut trouver le philosophe à la lanterne, c'est l'essence de l'homme, son idée. Ce que, bien sûr, il ne trouvera pas, puisqu'il ne rencontrera, chemin faisant que des hommes singuliers, particuliers et divers. De la même manière, lorsque Platon définira l'homme comme un bipède sans plumes, il suffira au cynique de plumer un poulet pour montrer qu'on peut être sur deux pattes et déplumés sans pour autant être un homme. Eloge du divers, pratique du fragment.
Faut-il s'étonner que les premières traces artistiques connues à ce jour relèvent justement de cet ordre [la sculpture] ? Pratique millénaire. Enlever de la matière, épurer, supprimer pour aller chercher, dans l'épicentre une forme qui se trouve dans le vouloir de l'homme, sinon dans son esprit, voilà l'oeuvre du sculpteur, sa tâche.
*INTRODUCTION* :
_« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._
_Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* :
_Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ :
0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ :
0:49 — *1er extrait* ;
2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ :
3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ :
6:09 — *1er extrait* ;
6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ :
7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ :
10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ :
13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ :
14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ :
15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ :
17:37 — *1er extrait* ;
18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ :
19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* :
André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* :
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*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor
Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license.
https://www.chosic.com/download-audio/46423/
https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ :
https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH
*VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ :
https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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