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Critique de jongorenard


Rendons grâce à l'écriture, car elle a sauvé Laurence Nobécourt. Victime d'un départ malheureux dans l'existence lui causant des troubles psychiques et physiques, cette dernière s'est réfugiée très tôt dans l'écriture, la fiction et l'imaginaire pour tenter d'échapper à un univers familial tourmenté dans lequel elle ne s'est pas sentie accueillie ni reconnue. "Le chagrin des origines" raconte comment la voie du verbe que sont l'écriture et la littérature lui a permis d'échapper à la folie ou au suicide, d'accéder à une profonde connaissance d'elle-même et comment cette voie l'a conduite à l'apaisement et à la douceur d'une paix intérieure. J'ai aimé la langue puissante, intense et fluide de ce texte autobiographique. Bâti sur un subtil équilibre entre douleur et joie, le récit est le témoignage d'un écrivain doté d'une conscience aigüe de la réalité et d'une profonde connaissance de soi. Laurence Nobécourtnous raconte avec sincérité, justesse et mesure les multiples épreuves qu'elle a endurées. J'ai été impressionné par les nombreux passages sur l'écriture, « ce fil écarlate du vivant », et les paradoxes qu'elle implique. Écrire « ce qui ne peut se dire, ni se taire », écrire pour rendre « visible l'indicible », ou encore « qu'à se retirer du monde pour écrire, on n'est jamais autant présent à lui. » Tout aussi intéressant, l'écrivain nous parle de l'écriture comme outil de connaissance de soi. « Plus on se connait, moins on fait chier les autres », lance-t-elle, car moins les autres sont une menace et plus on les reçoit. Depuis notre enfance, on est sous l'influence d'un discours porté sur nous par nos parents ou d'autres adultes. On est tellement pris dans leur projection qu'on peut se demander si l'on connait nos propres désirs. Il est fondamental de récupérer sa parole, sa langue, son désir et l'écriture est un formidable outil pour cela. Je terminerai en parlant de la force spirituelle du verbe qui a tant nourri l'écrivain dans sa longue renaissance à l'écoute du divin. C'est l'occasion de nombreux passages relatant ses expériences mystiques qui évoluent de l'exaltation vers une ferveur authentique et apaisante. En raison d'une défiance toute personnelle envers les gens d'Église, j'ai été moins séduit par cet aspect du récit, mais y reconnais néanmoins une dimension essentielle dans l'accomplissement et l'épanouissement de tout être humain. "Le chagrin des origines" qui se transmue au fil des pages en l'amour de ce qui va advenir est une formidable façon de nous faire aimer l'écriture et celle de son auteur en particulier.
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