L'illusion cathare

L'illusion cathare pourrait être un roman historique de plus sur cet épisode tragique du Moyen Âge. Mais Jean-François Nahmias opte pour un angle plus ouvert. Il ne se contente pas de la vision dualiste croisade albigeoise et inquisition totalitaire contre croyants persécutés. Certes cette vision n'est pas totalement erronée. Mais ici on suit le catharisme de l'intérieur avec la jeune Austorgue de Fanjeaux. La jeune fille naît dans le milieu des bons hommes. D'emblée on sent un trouble et un malaise profond en elle. Déjà par son prénom qui évoque l'autour, oiseau rapace de la famille des busards. Donc synonyme de cruauté et de violence aux yeux d'Austorgue, qu'elle assimile aux croyances cathares dans lesquelles le monde est issu du diable et destiné à périr pour pouvoir libérer l'âme pure qui s'en retournera alors vers la lumière divine. Il faut donc repousser tout ce qui provient de ce monde déchu, l'amour y compris.

En parallèle, on suit le déroulement de la croisade royale avec un beau croisé plein de douceur Tristan. On se doute qu'une rencontre doit survenir avec la belle Cathare. Entretemps, celle-ci se retrouve prise entre les sermons d'un Parfait d'un côté et de Dominique de Guzman de l'autre.

Jean-François Nahmias montre avec L'illusion cathare ce que cette doctrine avait de fondamentaliste, repoussant les plaisirs et la vie matérielle en tant que créations diaboliques. Impartial, il décrit également ce que la croisade militaire et les incursions religieuses ont eu de cruelles. L'écriture de l'auteur est très fluide et son intrigue prenante.

Un roman que je recommande pour toutes ses qualités à tout amateur du Moyen Âge et de bonnes histoires, plus généralement.