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Critique de Christophe_bj


Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le capitaine Wyndham, un Anglais qui a combattu trois ans en France contre l'ennemi commun allemand, est appelé à Calcutta par le chef de la police, lord Taggart, son ancien patron, qui a conservé pour lui une grande estime. Il a aussi, auparavant, passé quelque temps dans les renseignements, et a perdu sa femme, avec qui il n'a vécu que cinq semaines, à cause de la grippe espagnole. L'arrivée en Inde constitue un choc pour lui, à la fois à cause du climat, mais aussi et surtout à cause du comportement raciste, hypocrite, injuste et condescendant des Anglais vis-à-vis des « indigènes ». Sa première enquête porte sur l'assassinat d'un très haut fonctionnaire anglais, dont le cadavre est retrouvé à côté d'un bordel du côté indien de la ville – et non du côté anglais. ● Sa méconnaissance du terrain va l'amener à suivre de fausses pistes, qui pour le lecteur constituent autant de moyens de découvrir l'Inde de cette époque. ● C'est un roman policier à la fois très bien construit et plein de suspense et un livre passionnant sur l'Inde, et en particulier Calcutta. J'avoue que je me suis rendu à plusieurs reprises sur Google Maps pour voir les lieux décrits et aussi pour me rendre compte de l'aspect de la ville. ● Les personnages sont riches, à commencer par Samuel Wyndham lui-même, policier au passé sombre, un peu dépressif, très intelligent mais perdu au début, et addict à la morphine et à l'opium. le personnage du sergent « indigène » « Sat » Banerjee est également très intéressant, Indien qui collabore complètement avec le colonisateur, au risque d'un vif tourment intérieur. ● Les rapports entre Anglais et Indiens constituent une des facettes les plus passionnantes du récit, avec l'arrière-fond historique du massacre d'Amritsar le 13 avril 1919, qui a vu la police anglaise tirer sur des civils indiens désarmés et pacifiques, en tuant des centaines et en blessant des milliers, et qui est généralement considéré comme le premier jalon vers l'indépendance. ● La loi Rowlatt a aussi été adoptée peu avant, le 18 mars 1919, donnant d'énormes pouvoirs à la police pour arrêter qui elle veut parmi les Indiens et les emprisonner, voire les condamner à mort, presque sans jugement : c'est une parodie de justice. le vote de cette loi explique au moins en partie la révolte d'Amritsar. ● Par les yeux de Wyndham, nous voyons la réalité de la colonisation de l'Inde : une immense hypocrisie ; les Anglais sont censés apporter la civilisation à un pays « inférieur » mais en réalité, bien sûr, ne servent que leurs propres intérêts, 150 000 Anglais vivant sur le dos de 300 millions d'Indiens. « Les Britanniques font semblant d'être ici pour apporter les bienfaits de la civilisation occidentale à un tas de sauvages ingouvernables alors qu'en réalité c'est encore et toujours une affaire de bénéfices commerciaux mesquins. Et les Indiens ? L'élite éduquée déclare vouloir débarrasser l'Inde de la tyrannie britannique au profit de tous les Indiens, mais que savent-ils des besoins des millions d'Indiens dans les villages et s'en soucient-ils ? Ils veulent seulement prendre la place des Britanniques en tant que classe dirigeante. » ● le titre original est « A Rising Man » et l'éditeur a dû juger plus vendeur l'attaque d'un train, qui n'est pourtant qu'un épisode secondaire du roman. le titre original est beaucoup plus prés du récit. ● Je remercie @tynn et Christine (@bidule62) de m'avoir donné envie de lire ce roman policier exceptionnel, qui allie l'efficacité narrative à l'exposé historique et qu'à mon tour je recommande chaudement. Pour ma part, je vais sans aucun doute lire les trois tomes suivants.
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