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Critique de ithaque


Un titre qui sonne ironiquement quand on referme le livre, car la miséricorde divine ou terrestre laisse à désirer dans ce récit très prenant.

Des personnages mûrement calculés pour nous permettre de glisser sur le toboggan de l'identification sans rechigner. Il est plaisant de se fondre tour à tour dans les 2 narratrices principales, composant avec des valeurs seyantes et qui donnent le teint rose: empathie, fraîcheur existentielle, sens de l'équité, loyauté.

Inutile de dire que cet équipement moral trouvera du répondant dans la face obscure de leurs concitoyens.
Le récit est habilement mené, on a l'impression d'être du coin depuis 30 ans et d'avoir parcouru le village 1000 fois, être devenu expert en confection de galettes de pain sur cheminée, pouvoir décrypter les ragots à distance. le rouleau compresseur de la connerie est facilement anticipable aussi et on sait rapidement que rien ne pourra l'arrêter.


Le fait que ce soit inspiré de faits réels ne surprend pas mais peine plus encore. Dans les années 1620, Christian IV, roi du territoire Danemark-Norvège, veut faire parler de lui. Partisan d'un luthéranisme strict, il délègue son excellent ami Cunningham au nord du pays pour répandre la bonne parole et remettre dans le droit chemin les Samis, population indigène aux pratiques par trop païennes. le bon pasteur fera exécuter une centaine de personnes pour sorcellerie (pour la plupart, des femmes et une bonne partie de Norvégiennes).


La pression morale qui monte insidieusement mais sûrement est très bien amenée, obligeant servilement toute la population à la bigoterie sous peine de s'afficher comme réfractaire et de moeurs douteuses. Les jalousies personnelles y trouveront aussi un formidable exutoire; comme il est doux et simple d'accuser sa voisine de sorcellerie, les preuves abondent soudainement.
Est bien rendue également la facilité avec laquelle la religion peut servir de tremplin à des personnalités en mal de reconnaissance et de pouvoir personnel, exaltant un ego aux dimensions de fat boy.


Donc un bon livre sur les névroses sociales, l'adhésion grégaire, la religion comme moyen de sujétion de masse, l'idéologie comme expression d'une mégalomanie personnelle.

L'histoire amoureuse ballonne par contre un petit peu, le rythme n'étant pas raccord avec le reste du récit, on piétine en sabots sur les belles peaux de renne.


Il nous reste en mémoire de très belles personnalités et des paysages envahissants de réalisme, un fameux voyage !
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