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Critique de Grishko


« Au fond, jusque-là, ce qui m'avait manqué, c'était de n'avoir pas pris conscience que j'étais une saine pourriture ou, plus banalement, comme beaucoup d'autres, une personne activement immorale, opportuniste, avide, terrestre, se foutant pas mal de ses semblables, douée d'indifférence ou de mépris à leur égard, prête à les écraser pour jouir, faire de l'argent, obtenir des distinctions ou une position dominante quelle qu'elle soit. Oui, à cinquante ans, il était temps que je songe activement à moi, à moi seul ».
Ainsi débute la morne histoire de Jean Valmore, le personnage central du dernier ouvrage de Pierre Mérot. La cinquantaine confirmée, malmené par les remous d'une existence qui a perdu toute saveur, Valmore nous est dépeint comme un enseignant désenchanté que le veuvage, les mauvais choix, les piètres fréquentations et la déchéance de la société vont peu à peu mener à la dérive sociopathe et meurtrière.
Outre pour sa défunte épouse Judith, le calva-16-ans-d'âge, son élève Oumar, son père-tortue et la jeune rockeuse Erika, il ne possède plus aucune considération, pour rien ni pour personne. Alors il va tuer, allant jusqu'à se persuader de la nécessité de son action : « Eliminer une ou vingt-quatre personnes est un jeu dont les règles sont sommaires : tuer le plus possible avant d'être tué. Et la société n'est qu'une fragile construction, un globe pudibond et avachi posé par-dessus ça. Et la société-en-gants-blancs-hypocrites tue bien plus de monde que moi, alors, pas de morale, s'il vous plaît ! Je suis juste venu sur la Terre – hélas, je m'en aperçois seulement aujourd'hui – pour mettre un peu d'ambiance […] Et le monde, à nouveau, sera en ordre ».
Et si l'exercice délicat du (de ce) récit à la première personne aurait gagné à voir l'existence de ce Valmore enrichie de plus de détails, son comportement – plus précisément son égarement – est à l'image de celui "à risque" de notre monde, dont la perte de repères fondamentaux, l'expansion des idéologies extrémistes et le mépris jusqu'à la haine d'autrui empreignent de noirceur. A ce titre, l'intitulé s'avère judicieusement choisi.
Au final, ce livre interroge en ce qu'il rend visible certains "maux" actuels que ce monde dit civilisé génère, nourrit, entretient, essaime.
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