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Critique de SamDLit


La route des Balkans - brutal, glaçant de réalisme, la douche froide.
C'était à la fin de l'été 2015. Ce 27 août, une odeur de putréfaction alerte la police autrichienne. Dans le camion frigorifique qu'elle inspecte sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute, à 20 kilomètres de la frontière hongroise, elle découvre une scène d'horreur: 71 cadavres, 59 hommes, 8 femmes et 4 enfants.
Un récit extrêmement brutal, humaniste, politique, limite utopiste, parlant de la répétition continuelle dans l'histoire de la fuite de populations entières face au danger vers un monde qu'ils croient meilleur.
La méfiance devant l'étranger, l'inconnu, l'éveil de conscience quand le drame arrive, qu'il est connu/ médiatisé et devient pour les uns, enjeu politique; pour les autres, réflexe de secours à un autre être humain. le danger d'hier, le danger d'aujourd'hui. Sommes-nous prêts à les ouvrir ces frontières physiques et surtout ces frontières morales, sociales et personnelles ?

Le roman est court, puissant - il aurait gagné à être développé davantage, les personnages principaux étant effleurés plutôt que peints (Asma, Tamim, Helga). L'auteure a pris le parti de mettre en lumière les milliers d'anonymes cherchant l'eldorado, fuyant la misère et se retrouvant bien souvent devant un mur infranchissable. Edifiant témoignage

"Dans une forêt hongroise, après des mois d'errance, Asma, une jeune Syrienne, attend, avec d'autres réfugiés, un véhicule pour l'Allemagne. Son père, pharmacien à Damas, a été exécuté, son frère a rejoint la rébellion. Pour sa sécurité, sa famille l'a alors envoyée en Europe. Lorsqu'arrive enfin un camion frigorifique, elle éprouve presque du soulagement à s'y entasser. Même si, dans la bousculade, elle perd son sac... et son cahier rouge – le journal intime qu'elle tient depuis l'arrestation de son père en 2006. Tamim parvient à le récupérer, Il le conservera précieusement. Sur les routes depuis trois ans, contraint à chaque étape de travailler pour payer la suivante, il a quitté l'Afghanistan à quatorze ans, après l'assassinat de son père et de ses frères par les talibans. Lui aura plus de chance qu'Asma – abandonnée à bord du fourgon avec ses compagnons d'infortune sur une aire d'autoroute, et dont la fin tragique agira comme un électrochoc sur la politique et l'opinion. À Munich, en cet été 2015, Helga entend avec effarement la nouvelle. Elle se souvient d'avoir été une réfugiée elle aussi, fuyant l'Armée rouge qui marchait sur Königsberg en 1945. Et, quand la chancelière Angela Merkel prononce son désormais célèbre « Wir schaffen das, nous y arriverons », Helga, comme tant de ses concitoyens, va tout naturellement proposer son aide aux demandeurs d'asile affluant sur le territoire allemand. "

Revenant sur cet élan de générosité et sur l'espoir suscité, Christine de Mazières, dans ce roman polyphonique qui retrace le parcours des victimes, mais aussi des acteurs de ce drame, nous interroge avec force sur le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui.
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