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Critique de Lucilou


Même si "Les Fugueurs de Glasgow" n'ont pas été à la hauteur de ce que j'attendais d'eux, ils m'ont tout de même fait passer un bon moment de lecture que je ne regrette pas, ne serait-ce que parce que grâce à Jack, Luke, Dave et Maurie, j'ai ressorti les vieux trente trois tours des Stones et des Beatles de la maison pour les passer en boucle. "Paint it black" de bon matin, c'est aussi bon que le "Hey Jude" du soir pour s'envoler dans un ciel de confiture constellé de diamants.

Nous sommes en 2015, Jack est un vieil homme cardiaque qui ne s'entend pas vraiment avec la famille qui lui reste. Dave, son ami de très longue date non plus et ce dernier noie ses échecs dans l'alcool. Tous les deux se rendent un petit matin gris au chevet de Maurie, le troisième larron de la bande qui n'en a plus pour longtemps et qui a conservé précieusement un mystérieux article de journal. Loin de Glasgow, là-bas à Londres, un meurtre a été commis, lié, d'après Maurie, à de tragiques événements dont ils furent les acteurs autrefois. Pour les trois vieillards, l'heure a sonné de solder les comptes avec le passé, ses derniers secrets et ses traumatismes. Embarquant dans leur odyssée le petit-fils de Jack, ils filent pour la capitale britannique, traqués par les souvenirs, escortés de leurs fantômes, espérant pouvoir mettre enfin un point final à l'aventure commencée cinquante ans plus tôt...

Glasgow, 1965. Jack, Maurie, Dave, Luke et Jeff ont dix-sept ans et comme chacun sait -surtout le poète-, "on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans". Unis comme les cinq doigts de la main, les garçons ont les rêves -immenses- de l'adolescence qu'ils mettent tout entiers dans leur groupe de rock. de l'adolescence, ils ont aussi la révolte, la démesure, la réjouissante insouciance et c'est ce qui les pousse à fuguer, après que leurs familles et les adultes soient allés trop loin une fois de plus.
Nous sommes en 1965: l'époque de Twiggy et de Mary Quant; des Beatles, des Stones, des Kinks et de Dylan. Pour des musiciens en herbe en quête de liberté, pas de doutes: c'est à Londres qu'il faut en aller, et ils iront. Rachel, la belle Rachel, les rejoint en chemin.
Cependant, la joyeuse équipée vire au cauchemar, sur fond de musique rock, de trips acides, de liberté sexuelle, d'amour fou, de démence et de rencontres nébuleuses. Ils ne seront que trois à rentrer. Sur six.

Dans ce roman, qui à mon sens, vaut plus pour son atmosphère mélancolique et désenchantée que pour son intrigue policière un peu rapide, un peu facile, Peter May met en scène des personnages véritablement attachants, faillibles et explore avec sensibilité les thèmes des rêves avortés de la jeunesse, des amitiés et des amours qui se délitent, du non-dit et de la conscience douloureuse du temps qui passe; thèmes soulignés, accentués même par la narration qui alterne entre les deux époques 2015 et 1965. Cela permet aussi le dévoilement progressif de l'histoire, telle un puzzle dont on ne sait que penser du motif avant de poser, enfin, la dernière pièce, là juste au milieu...

"Les fugueurs de Glasgow" est donc un roman sombre, noir même, sensible, oppressant et pourtant il lui a manqué -pour moi en tout cas- quelque chose... J'ai aimé son aspect de road movie -et celui de 2015 décalé à souhait est même jouissif au début-, sa mélancolie... Mais j'ai trouvé le Jack de 1965 mièvre parfois (certes, certes il a dix-sept ans...) et les personnages de cette époque un poil caricaturaux. Ils auraient pu être approfondis... Enfin, l'intrigue se résout trop rapidement et facilement à mon gout, comme si elle avait été bâclée au profit du travail sur l'atmosphère et de la réflexion sur le temps qui passe...

Malgré tout, j'ai aimé ce livre pour sa beauté mélancolique et ses thèmes, ainsi que pour sa peintures des sixties et je compte bien récidiver avec Peter May qui a le bon gout d'écrire bien et d'être d'un des pays les plus beaux qu'il m'ait été donné de visiter.

D'ici là, je file écouter les Kinks.



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