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Critique de Enroute


Levinas présente une synthèse d'une clarté stupéfiante sur la phénoménologie de Husserl (70 pages) et celle de Heidegger (40 pages).

Husserl cherche à fonder une science unique dont les principes permettraient à toutes les autres de se définir. Il part du Cogito cartésien pour cela mais ne cherche pas tant à déterminer en quoi il permet de fonder des vérités définitives que des vérités tout court, et l'intentionnalité qui en émane, en créant un lien entre le "dehors" et le "dedans", ancre l'esprit dans le monde. Pour autant, l'esprit reste, chez Husserl, en tant qu'entité ultime qui anime l'être et produit l'intentionnalité, une monade capable s'isoler ultimement du monde ; là est la liberté, qui est le seul savoir que l'on puisse avoir, le savoir de soi.

Heidegger reprend la philosophie de Platon et y insère la notion moderne de sujet pour tenter de déterminer ce qu'est ce qui fait que l'on l'est (ce qu'est l'être de l'étant ; l'étant étant ce que nous sommes et son être le fait que nous soyons). L'être déjà là, l'être là, le Dasein, l'être au monde, est en connexion permanente avec le monde, il n'est pas tant "dans" le monde qu'il fait partie du monde ; il ne peut s'en détacher, s'en extraire. Son mode "quotidien" est cette fusion dans le monde où ce qui l'entoure n'est que l'extension de soi. Quand surgit l'angoisse, par souci de soi, l'être se pense alors comme isolé sur un fond de monde et là naît la distance d'avec les choses autour de soi, l'existence authentique, qui mène à former un projet. L'être n'a pas des possibilités, il "est" ses possibilités ; et ses modes d'être sont liés à ses émotions qui entrent dans la constitution de la connaissance.

Lévinas note alors que la phénoménologie de Husserl n'est pas encore une philosophie, plutôt une méthode ; et que l'existentialisme de Heidegger, bien qu'il refuse ce terme car il prétend s'intéresser davantage à l'ontologie qu'à l'existence, serait indépassable et seulement thématisable par sa très grande intuitivité. Néanmoins, la phénoménologie dévie fortement de l'idée de conscience de l'ère classique en rendant tout élément entrant dans l'établissement de la connaissance positive. L'émotion est positive, l'évidence est positive, etc. Plus rien n'est "opaque", ne manque de "clarté", etc. Il reproche également à Heidegger d'avoir proposé une philosophie de la conscience qui soit une philosophie sans raison.
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