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Critique de evergreen13


L'enfer selon Pieter Brueghel
Je remercie très chaleureusement Netgalley et les éditions le Masque de l'envoi du nouveau roman de Nicolas Lebel, un auteur que j'ai découvert l'année dernière (grâce à Netgalley d'ailleurs) avec la trilogie des Furies.
C'est un roman très noir que nous propose l'auteur, qui se déroule derrière les murs d'une prison, où nous rencontrons Théo, un jeune homme (un peu plus de 20 ans) incarcéré pour un homicide. La vie de Théo a brutalement basculé un soir, où rentrant un peu alcoolisé d'une soirée entre amis, il a perdu le contrôle de son véhicule et a percuté une passante. La femme est malheureusement décédée et la justice a envoyé Théo en détention pour quatre ans…
Nicolas Lebel ne nous épargne rien du quotidien de ceux qui sont derrière les barreaux. La promiscuité, la surpopulation carcérale, les journées rythmées par de maigres activités (Théo donne des cours de français), le vide abyssal, le danger qui rôde partout, le bruit incessant, la violence, partout… Théo se fait régulièrement tabasser par l'un des caïds des lieux, un braqueur qui dispose d'une certaine aura dans ce lieu presque dénué d'humanité. Et puis il y a les parloirs. Théo refuse que sa compagne et ses parents viennent le voir, la honte, et aussi le désir de séparer strictement le dehors du dedans. Seul un homme vient régulièrement le visiter, le mari de la femme qu'il a tué… Il veut que Théo lui raconte, inlassablement, le déroulement de l'accident… En échange, il a promis d'appuyer la demande de liberté conditionnelle que Théo peut espérer, ayant purgé la moitié de sa peine. Entre les deux hommes, un jeu mortel se met en place…
J'ai lu ce livre en apnée, totalement prise par l'intrigue que l'auteur a construit comme une tragédie (cinq actes, en exergue une citation de l'Antigone de Jean Anouilh « C'est propre la tragédie. C'est reposant, c'est sûr (…) parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir »). Et c'est bien une tragédie qui se joue derrière les murs de cette prison, un drame implacable dont personne ne sortira indemne, pas même le lecteur.
J'ai beaucoup aimé que Nicolas Lebel ne verse ni dans le manichéisme, ni dans la caricature, notamment avec ses personnages. Les gardiens, Abdel et Hervé, notamment (ils ont le rôle du choeur) recèlent tous deux une part d'humanité qui éclaire (très faiblement) la noirceur du propos.
C'est tellement bien fait que les quelques invraisemblances relevées passent sans aucun problème ! – Tout de même, quatre ans fermes pour un homicide involontaire, même avec la circonstance aggravante de l'état d'ivresse, et sans celle de la récidive, je ne me souviens pas l'avoir vu en quarante ans de métier, même si le code pénal –article 221-6- prévoit qu'un automobiliste, pour de tels faits, puisse être condamné à 5 ans de prison -
#Peinesperdues #NetGalleyFrance
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