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Critique de domm33


Quand j'ai vu débarquer Matthieu Callwood, le jeune policier qui va remplacer Suchenko (entré dans la police pour échapper à son père et à sa ferme et qui s'est retrouvé dans un village perdu, au milieu de cabanes grises et humides) dans un univers qui s'annonce masculin et assez glauque, j'étais loin d'imaginer que je cheminais vers un coup de coeur.

Callwood, un jeune homme de 24 ans, fils de bonne famille, arrive dans un village reculé du Saskatchewan, à l'ouest du Canada où il s'est engagé dans la Police du Nord-Ouest après une déception amoureuse.
Idéaliste et homme de convictions et d'honneur, il pense maintenir le droit et faire régner l'ordre dans une région où les trafiquants de peau et d'alcool sont légion et où la cohabitation entre blancs, indiens et métis est tendue.

Il ne s'imaginait pas n'avoir presque rien à faire dans ces territoires immenses, où il vit à l'écart des autochtones qu'il est censé surveiller tant il est loin de tout et confronté à l'oisiveté de ses collègues.

Frustré par cette inactivité alors que la guerre éclate en Europe, on est en 1914, et que ses compatriotes partent sur le Front alors qu'il est coincé pour 2 ans dans cette région inhospitalière, il décide de partir à la recherche d'un meurtrier qui aurait assassiné sa femme et son fils.

Sur ce territoire immense, au climat rude, les chances de retrouver Corneau, l'assassin, sont très faibles mais l'acharnement de Callwood est sans faille.

La traque est difficile, Corneau connaît la région comme sa poche, les conditions climatiques rendent le voyage périlleux. Les lacs et rivières sont gelés et le dégel très dangereux, les orages d'une grande violence, les feux de forêts, la défiance des Indiens, la malhonnêteté de ses collègues racistes et fricotant avec les trafiquants, les moustiques et les mouches dévorant tout ce qui bouge font de cette chasse à l'homme un défi à peine surmontable.
On y rencontre loups, orignaux, ours, toute une faune qui, elle aussi, a du mal à survivre.

Alors certes, la vie est rude et on rencontre beaucoup de violence dans cette aventure.

Mais il en ressort aussi beaucoup d'humanité.

Callwood est un homme droit auquel on s'attache. Il sait se remettre en question. On passe par diverses émotions au fur et à mesure de l'intrigue qui n'est pas sans rebondissements.

J'aurais pu commencer par ça mais ce qui m'a émerveillée est la qualité de l'écriture. La description des paysages est magnifique, la plume poétique décrit la forêt boréale, les lacs et les rivières, le ciel, les couleurs. Les grands espaces sont magnifiés par cette plume descriptive, c'est un régal.

Dans ces paysages grandioses, nous sommes à la lisière du monde, à la limite des épinettes noires, symboles de la forêt boréale, juste avant la toundra puis les glaces mais aussi à la frontière entre le bien et le mal. Callwood en viendra à douter de tout, même de ses valeurs les plus fortes, de la loi, de l'Humain, de lui-même jusqu'à un final inattendu.

Un très beau roman, plein d'humanité malgré la violence, écrit magnifiquement. Je suis vraiment ravie de l'avoir reçu lors de la Masse Critique de la rentrée littéraire d'hiver.

Je remercie chaleureusement Babelio et Les éditions Les Presses de la Cité qui m'ont permis de le découvrir !
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