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Critique de latina


Même reclus dans un sanatorium de Salzbourg, Otto Steiner, « autrichien de confession phtisique » et critique musical, veut sauver Mozart ! Oui, Mozart, rien de moins ! En effet, au « Festspiele » annuel de l'été 1940, à cause des nazis en place, Mozart va se retrouver calé entre des grosses productions, lui, si « fluide », si « léger » au risque d'être complètement écrasé. Et l'exécution de ses oeuvres elles-mêmes sera de toute façon « massacrée », « exécutée » au sens premier du terme. Que peut-on attendre en effet de musiciens de l'armée et d'un public composé essentiellement de militaires, « uniformes de parade trop amidonnés », de « SS qui se pavanent au balcon » et aussi de « bourgeois en frac, de jeunes aristocrates vêtus à la Gatsby avec leurs poupoules, de vieilles comtesses qui ronflent, de maîtres d'académie à bésicles, et de toute cette racaille austro-hongroise qui, bien que huppée à outrance, sent encore la Forêt-Noire » ?

Otto Steiner va donc se charger de sauver Mozart...et aussi de faire une méchante petite farce à tous ces nazis, coup de théâtre et clou du roman ! Difficile, pourtant, quand on doit se battre soi-même avec la maladie, avec la nourriture peu ragoûtante et de plus en plus rare, avec la promiscuité honteuse et puante. La tranquillité d'esprit, la jouissance musicale, le repos, la liberté d'expression, ne sont plus que rêves et regrets.

A coup de petites phrases lucides et assassines, notre narrateur Otto livre ses pensées intimes dans son journal. C'est marrant, c'est insolent, c'est intelligent, c'est brillant, c'est pétillant.
Combien de fois ai-je opiné ! Combien de fois ai-je souri, et même ri ! Oui, j'ai adhéré totalement à la manière de penser d'Otto, je me suis amusée, et c'est le comble puisque nous entrons avec ce roman dans la période noire du nazisme...

Sauver Mozart ? Raphaël Jerusalmy y est arrivé, et si vous le lisez, vous aussi serez sauvés de l'ennui, de la déprime, de la bêtise.
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