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Critique de pencrannais


Le premier roman de Jean-Philippe Jaworski dormait confortablement dans ma PAL depuis des lustres, belle version originale que l'on m'avait offert mais que j'hésitais à lire. Pourtant les critiques dithyrambiques pleuvaient sur l'ouvrage. Et puis, résolution du nouvel an, je me suis lancé.
C'est d'abord une surprise, celle du style. L'auteur utilise des phrases et des expressions inhabituelles dans la littérature contemporaine. C'est très agréable, mais il ne faut pas être fatigué, cela demande de l'attention. J'avais, pour l'occasion, fait l'acquisition du livre audio et cette alternance, lecture, audition a été une sorte de révélation. Écouter la lecture de ce style était réellement un plaisir.
L'autre surprise c'est le héros, le narrateur, Benvenuto Gesufal. Ce personnage auquel on s'attache, dont on suit les pensées, les péripéties, les trahisons et les coups bas est pourtant un soudard de la pire espèce. Assassin, brute épaisse, membre de la guilde des chuchoteurs, une sorte de mafia ou de secte qui louerait ses services au plus offrants, âme damné de Leonide Ducatore, le podestat de la République de Ciudalia qui est encore plus retors que lui. Ce personnage, spécialiste des basses oeuvres, des coups fourrés et tordus en tout genre, nous n'arrivons pas à le détester. On tremble pour lui, on espère qu'il va s'en tirer avec sa bravoure, sa gouaille, son caractère aussi trempé que l'acier de ses lames acerini.
Benvenuto Gesufale doit, dès les premières pages du roman, commettre un acte odieux pour son maître. Alors que la République de Ciudalia est en guerre contre l'archipel de Ressine, il joue les assassins doublé de plénipotentiaire secret. La guerre semble se terminer à l'avantage de la république et le podestat, l'un des deux chefs de Ciudalia souhaite utiliser la situation pour engranger pouvoir et richesses. Il lui faut donc gagner la guerre.
Le monde créé par Jean-Philippe Jaworski est un mélange entre la Rome républicaine (celle des guerres civiles, de César ou d'Octave-Auguste avec ses deux consuls, son sénat, ses luttes de pouvoirs) et de la Venise du début de la Renaissance, avec ses guerres contre la puissance montante des Turcs. Ce subtil mélange est parfaitement maîtrisé et le décor de Ciudalia est incroyable de justesse avec ses quartiers spécialisés, ses palais nobles, ses artistes à l'influence grandissante, ses vendettas entre vieilles familles.
L'intrigue du roman ne peut pas trop se résumer. C'est l'histoire d'une lutte de pouvoir, celle de Leonide Ducatore. Ce sont surtout des intrigues politiciennes, des complots, des trahisons, des querelles de familles. Benvenuto, brute intelligente (si si ça existe!) doit nager en eaux troubles parmi ce nid de vipères, même si les déconvenues peuvent se rappeler à lui.
L'auteur prend son temps pour camper le décor, les personnages et l'action très présente mais pas pesante, au contraire n'est là que pour servir l'intrigue. Cette fausse lenteur est paradoxalement, un des atouts majeurs du livre. le lecteur n'est pas que spectateur, il est sur place, il accompagne Benvenuto dans ses pérégrinations, ses combats, actions ignobles ou épiques.
Il y a, bien évidemment, de la fantasy, mais si peu et si tard dans le livre, qu'on se demande qu'est-ce qu'elle vient faire là ! On finit par se rendre compte que sans être la clé du livre, elle en permet l'apothéose finale. Entre cultes religieux dont on effleure seulement les contours, sorcellerie, présence de vieux peuples comme les elfes, la deuxième moitié du roman est plus généreuse dans ce domaine que la première partie.
Maintenant que me voilà pris dans les filets de l'auteur, je ne vais bien évidemment pas m'arrêter là.
Je finirai donc ma chronique par la même expression qui termine le livre : « l'enfoiré .»
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